Cosmologie Onuma Nemon

La Grosse. Monologre - (extrait des États du Monde)

Date du document : avant 1984

Ceci est un extrait du Monologre de La Grosse dans les États du Monde ; à la fois Voix et Figure essentielle de la Cosmologie. Il y a deux Grosses en réalité : la Super-Grosse, Fernande, dite Magdalena puis Hermana, la dernière de ses sœurs, qui est aussi Héra, Tante Pim, Moby Dick et sa réincarnation en La Estrella chez Cabrera Infante, etc… C’est à la mort de Fernande qu’Hermana prend sa place, grossit encore un coup, et reprend son numéro de cirque. Son Monologre, long d’à peu près trois cents pages traverse toute la Cosmologie, réparti en plusieurs quartiers.

À chaque tranche, le ton change, les images, les références (passant par plusieurs guerres, entre autres), et la dernière tranche finit par un émiettement, un ressassement plus court (derniers sillons du disque, dernières lignes de la spirale obsessionnelle) de la plupart des noms de la Tribu Zeusteiner, feuilletés avec des photographies. L’extrait qui suit est le deuxième morceau du Monologre qui fait dans son ensemble surtout référence à deux enfants morts à deux générations d’intervalle : Lulu, fille d’Hermana, et Didier, son petit-fils (bien que les générations ne veuillent pas dire grand’chose là-dedans), ainsi qu’à tous les enfants morts du Quartier Saint-Michel. Les autres morts évoqués sont Fernande et son premier amour Prosper, l’homme au “suicide polygraphique” (rasoir + poison + noyade + révolver), puis les Ancêtres : Baptiste, le carrieur de pierres au mouchoir fin et à la face blème, Pierre de Nérac, etc.

O. N.

Camps de Concentration 1939-45
Mort de Didier 1949. Mort de l’Abuela 1950
“C’était l’Hiver, je m’en souviens, tout s’est précipité : Didier le pauvre petit venait de mourir, Marie avait la tremblôte et je t’avais amené chez Michaud, l’oculiste. Schelley m’a dit : “Vous êtes allées chercher le plus con sur la place de Bordeaux ; tout juste bon à soigner les nègres !” Il voulait te faire des piqûres de lait autour de l’œil ! “C’est un con ; il a traité que des canaques parce qu’ils osaient pas se plaindre, dans la brousse !” Il m’envoie chez Nicolas, à l’Abbé-de-l’Épée, près des Sourds & Muets. En plein Hiver ; ça neigeait à grosses bourres, on patinait sur la Devèze ; même les gosses laissaient des traces.

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Publié le 25 novembre 2020 dans texte Cosmologie Onuma Nemon

Louis Wagon - Marges des États du Monde

Date du document : 1971

LOUIS WAGON

Louis Mac Carthy s’est engagé dans la marine ; il n’est là qu’en permission mais il veut travailler aux Wagons-Lits quand il sera démobilisé ; il nous raconte qu’ils ont installé des pupitres électriques avec des télécommandes dans les Premières : plusieurs boutons de couleur aboutissent au compartiment d’un policier assistant le contrôleur.

En bandeau au fronton de chaque wagon, désormais :

Votre anonymat sera respecté

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Publié le 3 novembre 2018 dans texte Cosmologie Onuma Nemon document

Louis sur l'Atlantique - Marges des États du Monde

Date du document : 1971

LOUIS SUR L'ATLANTIQUE
(1939-1945)

Au-delà de la plage (cette fois-ci c’est l’Atlantique), d’un bout de l’horizon à l’autre sur la mer, dans le petit jour gris espérant l’aube aux doigts de rose, on voit toute une armada de silhouettes massives de cuirassés et de croiseurs, puis plus légères de destroyers.

Derrière eux d’énormes navires de commandement hérissés d’antennes, puis ceux de transport et les bateaux de débarquement.

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Publié le 3 novembre 2018 dans texte Cosmologie Onuma Nemon document

La pliure de 1917 - Marges des États du Monde

Date du document : 1975

LA PLIURE DE 17 (Bataille du milieu)

5. La Bataille du Milieu. Hiver 17

La présence de l’Histoire n’est ici qu’allusive, et le Temps se rebrousse à partir des deux bords du Champ de la Guerre pour aboutir à la pliure trouble et tremblante de 1917, sensible comme une secousse sismique à travers le Monde, comme le sera plus tard celle de 1971 à la suite d’une toute autre coupure irraisonnée.

Au fond du sac et dans les alentours, le conflit mitraille, parti du début et de la fin pour aboutir à la pliure du milieu, ici, à l’effondrement du Fort de la Cité Des Morts : il émane tellement d’odeurs infectes des fosses, la terre est tellement saturée de cadavres que ça tuerait n’importe quel passant hasardeux ! Ailleurs le chlore, le brome et l’ypérite (certains ont cru que le nom venait d’Ypres, à cause d’une terrible après-midi de printemps !), donnent des agonisants convulsés, des mourants vomissant le sang, des morts verts écumants.

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Publié le 3 novembre 2018 dans texte Cosmologie Onuma Nemon document

Lydou - Ligne des Enfants

Date du document : Après 1984

COURRIER DE LYDOU (extrait)

Lydou & Jean font partie du troisième tome des États du Monde, celui des Enfants, et non pas du quatrième des Adolescents. Ils sont restés dans l’Enfance, et dans ce volume ils ne font pas partie de la Ligne des Escholiers Primaires, mais de celle des Orphelins Colporteurs.
Jean fait du cinéma, et Lydou l’aide.

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Publié le 11 juin 2018 dans texte Cosmologie Onuma Nemon document

À propos de Didier - Lignes des Escholiers Primaires. Trio des Enfants Malades.

Date du document : 1980

( À propos de Didier fait partie du Tome III (non publié) des États du Monde , consacré aux Enfants, en particulier aux Lignes des Escholiers Primaires , et encore à l’intérieur de celles-ci du Trio des Enfants Malades . Le texte lui-même, par contre, a été publié par une revue étrangère.
Didier, c’est le frêre disparu de Nycéphore et Nicolaï.
Mais pour le coup le texte ici est d’abord un hommage à “deux vrais frères”, à savoir Didier Morin et Bernard Plossu, qui ont considérablement aidé à la publication de la Cosmologie.
Didier Morin avec tout le tournoiement du Vortex de Mettray.
Bernard Plossu qui a eu le cœur de faire tout un reportage dans le quartier de ces Enfants : Saint-Michel de Bordeaux.
“Des mecs réglo” aurait dit Burroughs.)

Le quai brille à présent avec sa densité de néons en premier plan, tel qu’on le voit depuis les toits de la rue Carpenteyre. C’est Lui d’abord qu’on voit en arrivant. À peine sevré du lait maternel, pour ainsi dire le lendemain, Didier se leva en souriant avec des dents noires ! Il en avait peu, mais ça suffisait : il avait mordu à la Mort dans la nuit et montrait à présent le vaisseau qui mène au pays d’Orphée, amarré sur le quai Sainte-Croix. Cavité, ventre, crématoire, locomotive ; tout à la fois. Cette teinte d’encre qui gagnait tout avait pénétré au cœur même de la porcelaine ; on eut beau lui laver la bouche tant et plus, rien n’en partit ni ne déteignit. Dès lors, il tomba malade, gardant toujours ce sourire atroce de Saint jusqu’à la fin, ce sourire insupportable !
L’ombre des dents se reportait partout, et il se mit seulement à hurler en mourant ; un très long cri silencieux, bouche démesurément ouverte : on n’entendait aucun son, mais au fond de sa gorge, au lieu de la luette on voyait le champignon atomique ! On avait oublié de le porter en riant dans toute l’enceinte de la maison et surtout à travers le Jardin Noir, de répandre sur lui l’eau lustrale ; il ne restait que la lettre Z, ballante, accrochée à un clou en bas de l’escalier, sur la porte vers l’Atelier. José était débordé.

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Publié le 22 novembre 2017 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Le monde de Memo et de ses petits chiens - Tribu des Adolescents. Automne

Date du document : 1982

Il faut que je vous dise à propos de Memo et des Quatre Petits Chiens Brefs de la Mort (Dic, Duc, Fac, Fer), que ces derniers devenaient parfois (comme les Grands Ancêtres), les Quatre Chevaliers de l’Apocalypse, ou les paroles de Dieu aux Impératifs irréguliers, autant que le Christ réparti en Quatre Animaux.
Quand l’un de ses quatre chiens se promène, Memo n’est jamais loin ! Il les surveille, mais travailleur du Royaume des Ombres, il se montre peu aux vivants n’étant généralement là que pour éviter la venue d’embranchements catastrophiques prévus à l’échelle de l’univers, simplement dans le but d’avertir tel ou tel des impasses où il risque de s’engager et lui permettre ainsi de choisir un autre “montage”, de changer d’aiguillage et de destinée, sauf dans le cas où la mise en gare de triage d’un wagon doit précisément permettre d’éviter un conflit mondial.
“La littéralité blanche doit toujours être défaite par les accidents et par les engouffrements historiques comme les coulures sur une peinture de Bacon”, dit Memo.

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Publié le 22 août 2017 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Aube à Tokyo - Tribu des Adolescents. Aube & Nany. Automne

11 000 mètres d’altitude. 900km/heure. Passage le long du cercle polaire, soleil de minuit, nuit pincée entre la lumière du couchant et celle du levant. Intense humidité stagnante. Nuit. Shinjuku.
Aube écrivait à Monique (qui aurait dû venir) que son expo à Tokyo le 26 août faisait partie de Femmes et Histoire. Mr Yamagishi lui offrait le luxe de montrer des morceaux de peau et de chair dans une galerie. “Les femmes ont créé 52 % de toutes les formes de pensée humaine ; que les hommes assument au moins les 48 % qui leur restent !” Elle avait envoyé un télégramme à l’ambassade de Russie Bd Lannes pour le soutien des femmes russes en lutte comme elle en enverrait quatre ans plus tard encore pour éviter le séjour en camp à Nathalia Lazareva. À Shigel elle avait dit : “You are not living in my body.” et “J’ai le droit de briser l’ordre des chapitres.”

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Publié le 17 juillet 2017 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Nice ! - Tribu des Adolescents. Aube & Nany. Automne

Lundi soir 13 Août
Auberge de jeunesse
Cohue. 280 personnes pour à peine 180 places : c’est du camping dans tous les espaces. Larguée. Quitté Monique à la frontière de Ventimiglia (je crois) qui voulait rentrer à Paris : Sainte-Anne oblige ! Où trouverai-je Jean et Lydou dans tout ça. Attente des lits de camp jusqu’à je ne sais plus quelle heure. J’ai tout laissé à la bagagerie, livres et papiers. Bagasserie, je devrais dire, et bagarrerie.
Ici une fille japonaise écrit ; lui demande un peu de papier. On ne parle pratiquement qu’anglais. Les filles toutes en groupe. Les mecs ne m’attirent ni ne m’inspirent confiance. D’ailleurs une bagarre, vite stoppée, mais de la violence dans l’air ; gens très excités.

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Publié le 17 juillet 2017 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

États du Monde

Date du document : 2016

ÉTATS DU MONDE

La réalisation de cet ouvrage, publié par les éditions METTRAY, correspond parfaitement au projet initial de l’auteur. Il concerne le Pré, les Grands Ancêtres et les Gras.

Ce premier volume sera suivi de quatre autres volumes (Les Maigres, Les Enfants, Les Adolescents, La Bande à Jésus), qui seront publiés sous forme d’édition numérique sur ce site consacré à la Cosmologie Onuma Nemon, également créé par Mettray voilà une dizaine d’années.
En dehors des œuvres plastiques reproduites dans le texte, il y a une soixantaine de vignettes en couleurs et en noir et blanc destinées à être collées sur les emplacements désignés tout au long du livre, et qui participent à l’étoilement du propos.

Les États du Monde sont l’aboutissement le plus important de la Cosmologie, mais bien sûr ils sont à considérer dans le réseau d’ensemble des Voix et des territoires des autres ouvrages déjà publiés ou disponibles sur ce site. On trouvera dans le numéro de la revue METTRAY paru en Septembre 2016 une présentation du volume ainsi qu’un dossier de photographies réalisées par Bernard Plossu dans le Quartier Saint-Michel de Bordeaux qui revêt une grande importance dans cet ouvrage.
NDLR

Publication : Mettray Éditions

Publié le 29 mars 2017 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Poor Arthur - Tribu des Gras

Date du document : 1984 et Après

Poor Arthur

Il faut descendre Arthur, mais on sait pas par où le prendre, comment le saisir. À chaque fois qu’il revient, il est différent, teinté de Marseille, de Siddi-Bel-Abbès, de Colomb-Béchar et sa section de Discipline, en train de casser des cailloux à la masse, passé par le Kef ou de retour de l’île du Diable ; il a toujours vu les gardiens révolver au poing depuis sa naissance. Ça dépend avec qui il erre.

Arthur avait commis un crime sur un chantier en se faisant passer pour Louis, après avoir volé ses papiers d’identité, et Louis avait hérité de son casier judiciaire qui s’élevait à hauteur d’homme.

On serait bien allé le voir dans sa “concession à perpétuité”. Pour peu, Henri l’aurait crevé d’un coup de couteau, et il aurait commencé à l’embaumer par le ventre.

Y’avait un Amar, là-bas, à Cayenne, à la Case des Fous, prénommé Arthur comme lui, qui habitait rue Verte à Caudéran.

Lui en réalité c’est Jules-Arthur, mais il voulait pas entendre parler de Jules, il trouvait que ça faisait pot de chambre. Nous on trouvait que ça faisait pas assez excessif. “Arthur, ça crache sur le soleil ; Jules, c’est tout juste si ça pisse !”

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Publié le 8 avril 2015 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Jules-Arthur - Tribu des Gras

Date du document : 1984 et Après

Je ne sais rien de Jules-Arthur

Je ne sais rien de Jules-Arthur de la Crapaudine ; je l’ai toujours rencontré en coup de vent. J’ai cette photo dans le désert avec les casques, dans un groupe, et c’est à peu près tout.

Il tenait ce surnom du supplice subi plusieurs fois, les membres attachés derrière le dos, et pendu au soleil.

Sa mère Rosa n’était pas pauvre, mais il plaignait souvent une pauvre tante : Sabine l’amie de Jo, sur l’Ourcq. Il en parlait à mi-voix, tête baissée.

“Sabine avait attendu Jo tout le temps sur le fossé, près de la voiture, ne sachant l’ouvrir, plus de deux heures en plein soleil. Quand je suis arrivé elle m’a demandé en toute hâte un morceau de pain, au bord du malaise.

Il pleuvait.

Elle était trempée.

Elle n’avait pas mangé depuis cinq heures du matin.

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Publié le 7 avril 2015 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Les Ennemis de Juan - La Tribu des Maigres Tendres. Trio Juan, Manolín, Norberto

Date du document : 1975

Ce siècle avait vingt et un ans ; Juan réunit dès qu’il sut marcher les auteurs de ses jours dans un cauchemar commun : des fantoches en conjuration voués à sa perte.

Enfant, lorsqu’il était seul avec son père ou sa mère, il s’exprimait librement, mais dès que tous les deux étaient conjoints, c’était la méfiance, le doute, la contraction intérieure qui devenait une tétanie mentale. C’était une coalition, il ne pouvait plus rien dire de personnel ; il lançait des généralités comme un clou chasse l’autre. Parfois l’alerte disparaissait, il se sentait pleinement rassuré pour un temps très bref. L’absence de contradiction le fortifiait dans l’idée qu’il n’avait rien d’anormal. Sa mère, quand il partait en pension, lui confectionnait un plat qui devait lui faire plusieurs repas, et elle lui donnait des boîtes de conserve, d’huile, de sucre, de pommes de terre, etc. Et elle lui laissait de l’argent liquide pour s’acheter des magazines et des sucreries. C’est lui qui avait réclamé cet éloignement de la pension dont il n’y avait nul besoin, son école se trouvant dans le Quartier.

Dès sa jeunesse Juan avait appréhendé la cause de sa misère comme dûe à un complot de ses “ennemis de lisière”, comme il disait. Il en souffrit par paliers avant de devenir complètement inconsidéré. Un jour il aperçut un vêtement oublié sur un banc de la petite allée qui menait au jardin des Abattoirs tandis que deux buses traversaient son ciel ; il en conclut on ne sait quel pressentiment féroce, ainsi que de la vue de la villa abandonnée cimentée de moellons artificiels blanchâtres, à quelque distance de là, avec un cèdre grandiose au-devant ; il en retira la certitude d’une sorte de scansion impersonnelle comme des humeurs du monde, hors les mots.

L’Abbé Depardieu de Saint-Michel qui exerçait en même temps que le Père Bonnet l’avait attiré à lui, mais c’était celui qui s’amusait beaucoup à faire tournoyer les filles et dont on voyait le caleçon tandis qu’il tournait. Juan eut beaucoup de mal à s’en défaire et il connut alors des bouffées délirantes : les tentures de la sacristie en forme d’oriflammes rouges le poursuivaient partout ; il voyait se lever le bras armé de Saint Michel qui allait projeter sa lance au travers de son corps ; le sang du tissu rejoignait le sang qui sortait en bouillonnant de ses naseaux infectés, car il souffait de sinusites aiguës.

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Publié le 27 juillet 2014 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

L'Abbé Vincent - Les Maigres Tendres. José & Marie. Printemps

Date du document : 1971

Le choeur des petits enfants chantait déjà, alors qu’ils étaient encore près de la cloison qui rougeoie du confessionnal. L’Abbé Vincent dirigeait l’immense cortège de la retraite de l’Immaculée Conception sous tous les platanes de la place ; c’était intense : toute la foule quittait l’église après avoir salué Saint Michel de bois et de bronze noir. Les seuls endroits calmes, ça a toujours été les cimetières et les monastères, même si on a du mal à savoir où en est vraiment le foyer, sur ces grandes dalles. Les églises, ça bruisse.

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Publié le 27 juillet 2014 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Gloria - Les Maigres Tendres

Date du document : Avant 1984

En partant faire ses ménages et en quittant la rue du Port, Gloria éprouva une joie extraordinaire rue des Bénédictines, à cause d’une odeur inqualifiable qui lui fit lever la tête : elle vit des chemises colorées accrochées sur des fils, et elle découvrit le ciel en arrivant rue Saint-Benoit, elle s’accrocha à lui. Puis cette odeur disparut sous celle d’un potage en préparation.

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Publié le 20 juillet 2014 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

La Chine en Déconstruction et Robespierre & Saint-Just - Exposition URDLA Printemps 2012

Date du document : Après 1984

Le premier travail de dessin est réalisé sur le lange ayant servi à l’impression des gravures jusqu’en 1984.
Le second, de sculpture, comprend une toile noire en trapèze irrégulier reposant, arête contre arête sur la plaque d'acier taillée en guillotine de la presse qui a servi à imprimer les gravures jusqu’en 1984.
Entre les deux une série de bois gravés de crânes et un masque du Pays des Morts.
NDLR

La Chine en Déconstruction et Robespierre & Saint-Just

Publié le 20 mars 2012 dans document Cosmologie Onuma Nemon dessin et gravure

Cent Cibles : Trois visages au wagon - Acrylique blanc sur Cible 21 x 21cm pour carabine 50m

Les Cent-Cibles font partie de l’exposition des États du Monde à l'URDLA du 4 février au 13 avril 2012.

NDLR

Les Cent-Cibles sont liées à la discipline du tir (aussi bien tir traditionnel que Kyudo dans le cadre de la Cellule Sabaki), mais également au Pays des Morts ; de là cette blancheur de spectre des dessins. Sans oublier cette autre hantise de Cozens avec sa typologie aussi restreinte des paysages que celles des métaphores pour Borgès.
Les dessins sont re-composés à partir de milliers de petits croquis (ceux-ci parfois combinés ensemble, juxtaposés : aboutissant à des perspectives et des points de fuite “hasardeux et fantaisistes”) pour s’approcher au mieux des visions de rêve du Pays des Morts (contrée féerique et communiquant une exaltation peu commune du côté de “la porte des shen”), dont on explore à chaque fois un nouvel endroit et dont il est possible d’établir une Carte assez précise : avec d’un côté de magnifiques gares baroques et des réseaux ferrés infinis à partir de points de vue redoutablement vertigineux (à l’image de Little Nemo), de l’autre une “schizocité” avec sa rue principale gorgée de cinémas, ailleurs des paysages montagneux, des lacs, etc. Et bien sûr différentes entrées et voies d’accès, malgré le fait qu’il y en ait une de priviliégiée.
O. N.

Exposition à l’Urdla des États du Monde

Cent Cibles : Trois visages au wagon

Publié le 27 janvier 2012 dans document Cosmologie Onuma Nemon peinture extension

Le Bief de Bourran - Ligne des Gras

Date du document : 1989 & 1996

Et voilà ce qu’en dit Nycéphore :
“Quatre heures du matin, l’été, nuages dans la rivière. Profiter au maximum des espèces qu’on a : l’ombre, les jalousies, le Katalpa… l’eau enfin distribuée si amoureusement ; défaire l’engoncement dramatique, avant Midi !
L’Enfance côté du trottoir dans ses villes, nouvelles antiennes : ses objets successifs devant soi. Rue Verte, sous le marronnier rose, assis sur le banc des douze ans, et de là multitudes de scènes : dans chacune je m’assois et je suis. Merles, fracas des sensations ! Chèvrefeuille, abîme insondable ; si nous ne pouvons rien savoir de l’énigme, disons-la, simplement, stagnons, auprès des essences. Poésie : retenue, celui qui ment tire l’odeur des roses vers la prose, vous savez ?
Moïse de bois doré sans être furieux, formidables senteurs : arums au printemps, proches du fenouil, mimosa des morts à Saint-Augustin, avec l’Idiote dans l’Église. Bonheur incompréhensible absolu (compression atroce des vitraux ; puis vitraux de nouveau dispersés au ciel, aux champs, aux temps), liseron sans odeur de la Préservation : les orgues de Dieu canonnent quand les moissons !
Ils canonnent les rues du Cancéra, du Pas-Saint-Georges, près de chez Nénette et Norbert Perez, devant les tissus Bordenave, chez Maïté (de Manolo), la rue Maucoudinat (suivante à gauche, son puits de Bahutiers, sa Truye qui file), rue Buhan, rue des Boucheries où bouchers, tripiers et crabiers bombardent le bar-tabac rouge de Saint-James de bestes mortes, trippes, laveures, bouillons puants et chairs filantes en contrebas de l’éblouissement du soleil et du courant d’air frais conjugués sous la Grosse Cloche de Saint-Éloi où Siona chante La Juive.

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Ce texte fut jadis dédié à Bernard Manciet avec lequel il y eut une brêve correspondance, et publié dans une feuille locale de Bordeaux.
I. Revay

Publié le 2 octobre 2011 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Fabien et le Phalanstère. - Ligne des Enfants. Orphelins Colporteurs. Saison de l’Automne

Date du document : 1986

Comment sentir les taudis de Lewisham ? Le glissement de l’eau, de l’eau sans fin ! Fabien éprouve ça. Tout est le fleuve, toute vie est le fleuve, toute œuvre est un fleuve de bois flottant. Et elle qui ne vivra plus sans lui, plus jamais sans lui : comment s’approcher de cette douleur !
Fabien se souvient en contrepoint de l’émotion cardiaque au printemps, près du château, chez Stanislas, du matin frais de lumière épanouie où il est allé au marché avec sa femme et sa petite fille pour acheter un gateau avec elles, du lit de fortune et de la chemise de nuit de lin brut de sa compagne joyeuse en comparaison de cette douleur lointaine, inaccessible de Lewisham, comme il voit un lien entre “Voyage au centre de la Terre” et “Au-dessous du volcan”. Pour lui les voyelles ne furent jamais que des ornements. Il suffit d’un carquois de flêches d’acier, d’un cable aux torsions d’acier et d’un trombone d’airin brisant l’air avec deux ou trois notes aigües. Il préfère les 200 mots de la déclaration d’indépendance américaine au 60 000 mots nécessaires à établir le détail du commerce des œufs de cane.

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Publié le 8 juillet 2011 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Fabien Si Bien. Cols - Ligne des Enfants. Orphelins Colporteurs. Saison de la Terre

Date du document : 1976

Fabien qui fait tout si bien s’était arrêté le matin au tout début de l’entraînement à cause d’une légère tendinite à la cheville droite, à peine une demie-heure passée. Il devait faire ce test sur les poumons et la gelée, pour vérifier au sommet du col si London avait vraiment raison, et si le tissu mort se détache ; ils étaient partis pour ça ; Élizabeth venait aussi d’une lignée de tuberculeux. Il ne voyait pas pourquoi il lui avait dit “Je t’aime” au col de V. : il faisait frisquet, surtout au cou, dans l’ombre du col ! cela était sorti de sa bouche comme un éjaculat, malgré le peu d’exaltation cardiaque de leur entraînement suspendu ; sa maigreur, le froid lui semblaient avoir augmenté à cette déclaration, alors qu’il avait l’impression d’être un charbonnier qui se jette un sac noirâtre sur les épaules comme une écharpe, en lâchant ça, à présent avec une charge inutile sur les pentes, en descendant. C’était aussi désagréable que quelque chose qu’on ne parvient pas à réparer ; il y avait dans les monts d’alentour une odeur de pommes pourries.
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Publié le 8 juillet 2011 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Joyelle

Date du document : 2005

Ce petit hommage sonore rend compte de l’importance de l’importance des Voix et des radios nocturnes pour la mise en place de la Cosmologie.

NDLR

Publié le 7 juin 2011 dans document Cosmologie Onuma Nemon son

Buenos-Ayres - Ligne de l’Oncle Aveugle

Date du document : 17 février 1982

Comme le réel jaillit sonnant et trébuchant d’une théorie qui est bonne, à présent l’Oncle Émilio est aveugle, sa grande œuvre ratée, malgré la drogue. Il ne peut demander à qui que ce soit d’autre de fouiller ni de chosir parmi les tonnes de manuscrits. C’eut été un travail impossible, même avec une quinzaine de collaborateurs.
Il aurait dû répartir les doses les plus fortes juste avant l’inscription ; la plupart du temps il s’était trouvé plutôt abattu qu’illuminé.
À présent il venait de s’allonger sur le divan de la terrasse, et le banc froid de poissons de l’air qui survenait aurait dû - c’est certainement cela - s’accomoder de la bombe précédente et tiède.
Avril serait bientôt là, bonne saison sans métaphore. Allers-retours de la terrasse au Parc, soupçonner les auras bourdonnantes des dernières lampes du kiosque, attentif aux lambeaux de musique. C’était l’heure où la marâtre devenait pommier devant la mare, avec cette bonté, cet éclat de la disparition propre aux choses les plus aventureuses.
“C’est à présent l’informel, se dit l’Oncle, ces siècles passés sous la peau de l’hiver et qui luisent. Z ! Riez ! Je fournis le champagne et toute la joie sans discontinuer, sans psychologie.”
Les piaillements n’avaient de cesse et les vibrements des mouches, ces corsetières au-dessous de l’ensommeillement… Faisant s’envoler son cerveau comme un ballon dans le jour gris de la Cordilière.
Il y avait toujours eu ce brouillage de la vue par le blanc d’œuf du monologue intérieur, mais aujourd’hui il avait beau tendre assidûment les doigts dans cette percée de l’air chaud à la recherche des joues rougies des filles comme des pommes chauffées au four, il ne lui restait même pas le cernement figural de l’objet au fond des méandres de la matière grise : son souvenir s’était également dissous tandis qu’il entendait chanter des travailleurs qui revenaient :
“Gars du Nord,
Pies et Porcs,
Poupées de Nuremberg,
Église !”
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Publié le 22 mai 2011 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Pierre l’Hermitte - Ligne des Orphelins Colporteurs. Hiver. CM1

Date du document : 1980

Le texte qui suit ainsi que le pdf sont des états préliminaires et non définitifs.

NDLR. Imprégnation dans l’ombre des tableaux.

Tandis que le vent rabat la fumée de nos cheminées sur le ciel gris de neige et le fond des sapins, j’absorbe cette vue avec la même nécessité d’imprégnation que celle qui existe à partir d’un texte historique ou dans toute autre forme de récit. Seul le poème offre une plus grande succession fragmentée de climats ; la force d’incantation d’un poème comme “Les Chasseurs”, par exemple, est colossale et n’a rien à voir avec un jeu littéraire ou une astuce verbale.
Ainsi vont les rêveries d’un enfant au fond d’un grenier à partir d’archives familiales, ou les constructions historiques qu’on se fait, les histoires deux, ces curieuses imprégnations à partir des récits entendus en classe et des livres d’Histoire lus.
Grâce à ma maîtresse, Mlle Angélique j’ai ainsi pu assister à la Saint-Bartélémy en la replaçant autant à Saint-Michel qu’à Saint-Augustin, j’ai construit mes premiers récits de cape et d’épée et surtout j’ai participé à l’exaltation des Enfants Croisés qui sont venus me rendre visite la nuit.
Ils se situaient essentiellement du côté du Maucaillou ; tout le Moyen-Âge était là et rayonnait tout autour de la maison du bourreau jusqu’aux Halles des Capucins

*

Pierre L’Ermite & Robert Darbrisseau : les Vues
Pierre l’Ermite prépare la boucle métaphysique, ne cherche plus ce qu’il en serait du mal métaphysique comme avant lui les bandes de pélerins en marche contre les juifs d’Allemagne, anéanties par les Hongrois, avec leurs rares survivants sur la rive asiatique du Bosphore, les Croisades ne seront plus des guerres saintes pour des conversions forcées des infidèles ; à présent il fouille toujours l’énigme du monde mais du moins ne cherche plus à la résoudre ; il vise, comme les enfants qui sont venus habiter dans la petite maison avec lui (dans les marais cernant l’Abbaye Sainte-Croix d’où ils touchaient la dîme jusqu’à Soulac et la pointe de Grave avec les joncs, les dunes et les prés salés), au Nirvana, à l’inexistence, au vide, au monde blanc de l’absence d’objets ; il aspire à être un zéro, à une néantisation de la parole et surtout de son écriture de copiste et d’enlumineur dans La Petite Louverie, et dans ce repos des Dieux la petite fille se souvient de la cachette qu’elle avait sous l’escalier tournant de bois, du grand salon ouvrant à droite de la porte avec sa cheminée géante et ses carreaux de céramique simple à motifs blancs comme dans l’entrée ; en face : de la toute petite cuisine et du rebord de l’étroite fenêtre où ils avaient l’habitude de voler le gâteau en train de refroidir depuis le champ derrière, peu vaste, et pourtant déjà si fatiguant à faucher pour l’Ermite ; d’une débauche de la Pensée en mauvaise énergie autour de la myriade de poires mortes ; ils se souviennent de la salle de bains bleuâtre dans un renfoncement très humide (couche de plomb jamais mise contre tout ce mur du Nord, laissant les champignons proliférer ; dans la cuisine aussi), avec ses carrés de liège autour du miroir ; de la cruche penchante et du lavabo où elle n’avait pas le droit de sauter, petite, par risque d’arracher celui-ci, fragilement fixé au mur ; de sa porte donnant sur le garage où se trouvait la machine typographique à platine Effel, la Chrysler rouge, le sac de frappe, toutes les casses de caractères Garamond et Plantin, garage ouvrant largement sur le grand pré bienheureux d’aujourd’hui en fleurs avant Pâques où des bouquets d’oiseaux chantent et piailleront jusque tard dans la nuit en écoutant les voix d’Emily Dickinson au coffre secret, de George Eliot, la fille du charpentier, d’Elizabeth Browning… Au début, elle avait pensé que l’Ermite Loutier souhaitait imprimer un “journal d’enfermement”, le narrateur devenant de plus en plus fou - et radical dans son énoncé - jusqu’au crime de tuer le Destin et l’Indifférence, couple maudit, car il veut une constance, un monoton Kleinien ; il a toujours refusé que les siens meurent, il se ferait maffioso auprès de Dieu pour cela, il veut maîtriser le monde jusqu’aux moindres climats,
or voici le Loutier qui fait des philtres avec les foies :
article offert à chaque tête ! toutes les têtes
sont sur l’immense étal, les offres liées dessus ;
prédominance des rouges ; le serreux les range et les fait dormir
alignés dans la paille du grenier d’où le condamné à brûler
doit à tout prix se relever,
mais tout est clos ;
grosses perles à son front ;
abattre le loup-garou d’une balle bénite,
il le faudra ! soi-même vêtu de leurs peaux ;
un certain foulage de sauvagine à la nuit tombée ;
de ces façons funéraires…
mais qu’est-ce cette toison qui flambe
et ne s’arrache plus ? ! je courrai, je courrai
me jetant à la gueule des chevaux gabelous
excité par les faux sauniers, peut-être femme !

le loup apprivoisé dévore le manteau du Maître
sur sa charrette
(quantité d’argent de l’ouverture des chiens)
et le Maître en travers,
au soleil,
au jardin des Moines,
en ombres sur les trous des prés, tandis
que Messieurs les loups précités font concert : Madame
des Taillis du Taillan (ils en ont tué six,
mangé quatre et massacré dix) ; Monsieur
à la Croix de Majou, et les voix des louveteaux en chœur ;

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Publié le 7 novembre 2010 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Chaos - Ligne du Chaos

Date du document : 1980

Courant
Qu’est-ce que ça doit être vraiment et par où sortir ? Je lis pendant que j’agonise sur une caisse renversée de charbon, dans les soutes, avec le tangage horrible de cette caisse oblongue ; tandis que versé cassé et caché parmi les tonneaux (plutôt derrière), explose le récit court de cette condamnée qui va aboutir tout à l’heure sur l’établi de l’Abuelo (chef de la Tribu des Maigres de Cuir) : tension constante dans la seule énumération des actions.
Avec le langage de qui se trouve ainsi muscles à vif avant la décapitation et les autres tortures, écorchée sur le ponton, plongée jusques là les deux tiers de l’année dans l’Hiver, le désordre et la vomissure, avec l’alcool pur en permanence versé sur ses muscles et notamment les pectoraux et les quadriceps abondants. Voilà cette condamnée verdâtre de teint, démise, disfonctionnant, bientôt défunte, défaite et secouée.
La caisse oscille et sur les bords verse son contenu, se rend ; les flots tourbillonnent autour du navire, du lit, de la charrette et de la cave en même temps. Pendant que j’agonise je lis sur le pont et ça me donne une nausée terrible, les sinus remplis de civilisation, l’amertume des lippes, le dégoût de tous les enseignements jusqu’à me retrouver absolument seul, écœuré de la Mort même dans sa lenteur.

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Publié le 7 novembre 2010 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Béatrice de Beauce - Les Adolescents. Hill et Joyelle. Terre 4

Date du document : 1984

Pour son projet sur les Enfants Croisés, Jean s’était largement inspiré des Portes du Paradis d’Andrzejewski, livre que lui avait fait connaître Lydou en même temps que Cendres et Diamant ; il avait vu également les deux films de Wajda qui en avaient été tirés. Il avait donc demandé en novembre 1975 à Tourangeau et Don Jujus de venir l’aider pour les repérages à Tours, bien qu’il ne les aimât guère, car ils étaient natifs de ce pays de marais et pourraient l’aider à se dépêtrer des miasmes.
Tourangeau surtout possédait une aimable demeure tourangelle située sur les bords d’un affluent de l’Indre au centre d’un domaine de cinq cents hectares, dont une partie des granges pouvait être aménagée en studio, avec un pavillon des Quatre-Saisons vitré de rouge, de bleu, de jaune et de vert, pour abriter les accumulateurs, les dynamos, les projecteurs, tout le matériel électrique et toute la régie.
Il y avait paraît-il des traces de passage des Enfants Croisés depuis Vendôme, du côté du Dolmen de La Roche aux Fées et de la Colonie Pénitentiaire de Mettray ; certains étaient passés par Château-la-Vallière et la route du Mans et d’autres étaient venus de Beauchêne, du Plessis-Puçay, du Thouard ou encore de Chastillon sur Indre.

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Publié le 31 octobre 2010 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Ossip le Tzigane - Les Grands Ancêtres

Date du document : Après 1984

Pour ce qui est des Orpailleurs, les Garimpeiros étaient arrivés par la mer d’abord, du côté de Montpellier, et ils remontaient avec leurs retrouvailles vers l’acqueduc des Arceaux ; mais pour eux ni prostitution ni mecs armés ni violence. Curieusement il y avait toujours eu des orpailleurs dans les Cévennes et sur le Gardon. Et ça revint à la mode après 1968. En dehord du Gard beaucoup de chercheurs dans l’Ariège et dans la Dordogne, recherche minière essentielle devenue linguistique et posturale comme on le verra plus loin.

Bien avant cela Ossip qui mesurait 2m 06, né en 1820 participa à la ruée vers l’or dans le Far East en Mandchourie qui eut lieu de l’autre côté du détroit de Berring en même temps qu’au Far West, avec la mème exploitation féroce et intense.
Ossip était fort comme un Auguste ; chaque nuit il faisait son enfant naturel, se réveillant seulement en sursaut avant l’aube comme devant un foyer en feu. À la fin du XIXème il participa à la création de la République formée de chercheurs d’or russes, chinois, finlandais et français. On dit qu’il fut un créateur de cette épopée chantée fantastique des Russes en territoire chinois.

Publié le 11 novembre 2009 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Portrait de Jésus - Les Adolescents. La Bande à Jésus. Hiver

Date du document : 1974

Jésus tient son surnom d’une part de spasmes qui l’ébranlent issus de “la porte du Ciel”, d’autre part de la jouissance qu’il retire des clous.
Pour ce qui est des spasmes, il commence par ressentir une douleur vague au sommet de la tête, à ce point précis qu’en acupuncture on appelle “porte du Ciel” et que les pratiquants de iaïdo mettent à profit pour se grandir. Il lui semble que cette partie du crâne est moins épaisse que le reste, d’une consistance à peine faiblement cartilagineuse comme la fontanelle du bébé. Cependant cette portion de la paroi crânienne exerce une pression sur son cerveau telle qu’il est obligé de saisir ses cheveux à cet endroit et de les tirer de toutes ses forces pour soulever cette région et faire cesser la compression en faisant sauter les sutures comme s’il voulait se soulever lui-même par là. La douleur y est très violente et c’est là que commencent les spasmes : sa cervelle entre en ébullition. De là la sensation descend par la nuque, suit la colonne vertébrale, se répand dans les bras et les jambes, semblable à la secousse électrique que reçoit un foudroyé ; en même temps sa gorge se serre, sa poitrine se contracte et d’après ce qu’on lui a dit son visage s’anime, ses regards s’allument d’un feu étrange et sa physionomie prend une expression de stupidité sensuelle ; il éprouve un frémissement intérieur dans la verge et par une légère pression de sa main sur son bas-ventre il augmente l’intensité du spasme et en prolonge la durée.

Publié le 28 juin 2009 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Nany se coupe - Les Adolescents. Été. 1

Date du document : 1975

À chaque fois que je me rase, je songe à la coupure que je me suis infligée voilà peu en voulant me couper la gorge, comme on marche sur des couleuvres peintes qui tout à coup partent en sifflant et sont des vipères. Et lorsque je revisse le manche de mon rasoir, curieuse synesthésie, ce sont les bronzes du monument aux Girondins qui surgissent ! Ainsi on se vrille sur soi et on creuse, quelle que soit l’heure du jour, indépendamment de toute actualité, des circonstances matérielles, et au-delà de toute nécessité, bondissant hors de la pièce exiguë où l’on se trouve. Voilà deux ans à peine, je me postais ainsi à l’écart sur les rochers brûlants de la route de Jerez pour ne pas en perdre les mérites, constatant une fois de plus la platitude des images devant les spires de cette réalité poussiéreuse, tout en ignorant comment les absorber et les retenir à tout prix !

Publié le 13 juin 2009 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Coupure de Prima Donna - Orphelins.Groupe Folie-Méricourt.Automne.1

Date du document : 1973

Extrait de la version définitive des États du Monde (en cours de réduction)

Autant ce regard sur le Roman de Marie Vetzera jeté vers l’arrière à partir du 7 octobre 1972 s’envole avec la force du négatif hallucinatoire par cette fin primaire du hercynien au-delà des portes rouges de la conduite intérieure, en arrière, jusque sur les hauteurs froides et silicieuses de la Forêt Noire, au-dessus de l’essence, du lin, de la culture industrielle du chanvre et du houblon, s’enroule dans les plis des drapeaux claquant un instant au-delà des stations, se mélange avec les slogans, se combine aux calicomanies gothiques, autant vous voilà complètement projeté vers l’avant, ce goût que vous dites, d’un mouvement caoutchouteux et tendre ailleurs qu’en elle, semblable au jeune pigeon duveteux que Prosper avait vu errer sur les décombres du Phœnyx, à travers les tamaisies sauvages du parc abandonné de la maison détruite, les repousses d’érables et les herbes folles, ricin et toutes sortes de raisin sauvage vert et violet ; oisillon égaré, cou plumé, tête chauve et œil de perle noire, pattes à rares plumetis.

Chaque nuit Prosper avait une épreuve à franchir avant d’atteindre la Forêt Noire. Une fois c’étaient 8 chiens féroces qu’il lui fallait renouveler pour sa garde, devenus des sortes de boucliers, cauchemar qui se concluait par des brûlures stomacales et une puanteur pourrissante excrémentielle le réveillant en pleine nuit avec une terrible envie de vomir. Une autre fois c’étaient des serpents géants, des boas, qui s’étaient insidieusement glissés, déployés, déroulés menaçants autour des pieds d’une petite fille qu’il n’avait pas, le temps qu’il grave ses initiales sur un tronc. Il se précipitait, disant à celle-ci de ne pas bouger, tranchant les têtes de serpents à coups sourds de hachette. Une autre fois, malgré les travaux énormes entrepris dans le grand salon circulaire du Phœnyx, c’étaient des failles qui subsistent et des infiltrations au plafond de l’entrée. Chaque nuit avait sa progression négative, comme s’il ne cessait d’avancer vers une régression toujours plus terrible.
Prosper advenait sans répétition ; il n’a jamais imité personne ; il se posait en soldat, avec sa logique du chaos et de la défaite, ses difficultés gastriques ; sortant de l’enfer abdominal de la guerre de 14 et d’une obscurité où tout se coagule et se confond pour débarquer sur le théâtre aux cent mouvements, ce froid de neige, ces vents gris ; torturé par ses chifres : 4444, 2 fois et 2 & 4, cherchant une forme désespérée mais absolue, invisible mais répandue partout au milieu de cette glaciation de la vue, tournant la tête de 3/4 arrière vers la droite, vers la Bavière et ses petits lacs, puis plus avant vers la Bohème.

Publié le 8 mai 2009 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Martin le Monteur - Aube & Nany. Terre. 5

Date du document : 1973

Extrait de la version définitive des États du Monde (en cours de réduction)

Martin, le monteur a 29 ans depuis deux mois exactement, ce 11 novembre 1973. Il sent le Chili pris dans un piège autocratique comme celui d’Arturo Hui. Jusqu’à son anniversaire il était immortel ; plus maintenant. Il se souvient de la phrase qu’elle lui a dit à propos d’Allende en bas de la rue Washington après lui avoir acheté un gâteau : “Vous n’êtes plus un collégien !”
Il a attendu longtemps que Nany le rejoigne tout en faisant des dérushages et des débuts de mixage ; il devait lui amener des bruits de littoral andalou enregistrés voilà quatre ou cinq ans qu’il voulait filtrer, écouter à plusieurs vitesses, essayer de décrypter. Ne le voyant pas venir, il va partir. Nany se sera probablement trompé de studio.
Martin aime les instruments rarissimes, vielles ou autres, reconstitués et construits d’après des tableaux, des fresques ou des sculptures.
Toute la journée il a été nappé d’informations qui ne l’accrochent pas (car il considère que chacun a son son, selon le plus dénominateur non commun), à part les bandes enregistrées de Wafa du 7 octobre dernier faisant état d’attaques d’appareils sionistes dans la région de Ain Atta au Sud-Liban et de la riposte des commandos palestiniens ayant détruit la station radio en langue arabe installée à Jérusalem. Puis d’un bombardement sioniste sur le mont Hermon. À par ça “Le vent, Léon, le feu, les bruits du petit matin dans la rue du Cardinal-Lemoine, le culte d’un blanc vaudou, un safari…” Le plan de la table de mixage sembla s’incliner jusqu’à tomber, prise dans une durée de pestilescence masochiste affreuse, surchargée des confidences dramatiques venues des quatre coins du monde. Rien qui saute à l’oreille, qui d’un coup fasse jaillir le mort hors du trop-plein des veillées mortuaires, ces innombrables veillées que constituent la plupart des dramatiques radiophoniques comme cette mauvaise parodie de Guitry où ce dernier figurait comme personnage en majordome pétomane dans une pièce anale où l’on ne faisait que manger. Ou encore comme celle de cette nuit dont le narrateur assistait à la mort d’une mère Marie ou d’une tante Lulu lors d’une première séance de cinéma ; et il hésitait à assister à la deuxième séance pour revoir ça alors qu’il avait rendez-vous avec sa plus jeune fille, déjà atrocement malheureux d’avoir assisté voilà quelque temps à une opération inutile et sans nécessité aucune sur le corps de son autre fille plus agée ; c’était totalement catastrophique et il pleurait énormément. Toujours est-il qu’il revenait à un moment, et c’était pour la messe funèbre tenue à l’église, totalement effondré. Puis il sortait dans une ville de fantaisie, de fréquence fantasmagorique, féérique, de connivence avec des filles qu’on retrouve en douce des autres… méandres, méandres, commerce, immense traîneau dans la neige en relation avec des femmes connues.

Publié le 3 mai 2009 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Graffiti (Interview) - La Bande à Jésus. Été. 4

Date du document : 1973

Extrait de la version définitive des États du Monde (en cours de réduction).

« Marette : C’est les deux premières notes ça ; c’est le la et c’est “pouec pouec”. Hi ! Hi ! Hi !
Françoise : Elle est con, Marette ! C’était la poésie des cafés de Poitiers à ceux de Dijon. Les alcolytes anonymes comme dit Jérôme. Avant y’avait eu les rencontres avec Raoul dans le Brabant, mais son bouquin a été publié grâce aux “provos” et pas grâce à Queneau qui l’avait soutenu. De ton côté, toi Nany, tu rencontrais Engel après “Dans la jungle des villes”. Après avoir été séparés, on a été surexposés.
Riri : Les “Provo” sont devenus les “Kabouters”, après l’échec de leur mouvement. Moi j’ai rencontrés à Amsterdam Roel Van Duyn. Ses références c’était Marx, Kropotkine, Paul Goodman et Dada. Comme je prépare un bouquin sur la dissolution des avant-gardes, ça m’a intéressé. Ils traînaient peu avec les situationnistes qu’ils trouvaient arrogants et méprisants, stupides, sauf Constant, l’architecte, vite exclu du groupe.
Françoise : Y’a l’Orange-free-state. Ils occupent des centaines de maisons abandonnées et les restaurent. On ne les expulse pas.
Anne : Puis y’a les free-clinics.
Françoise : Moi j’ai vu surtout les fermes biologiques à la campagne, leurs magasins coopératifs et gratuits de produits naturels qui servent de lieux d’agitation et leurs services d’aide aux vieux.
Riri : Les Kabouters organisent le Provotariat d’avant-garde avec leur journal Panique. De la main gauche on installe l’utopie dans le vieux monde, comme un champignon qui va proliférer ; de la droite on attise le feu et on attaque l’ennemi. Ils sont en lien avec les Diggers à San-Francisco…
Anne : Ringolevio, c’est un bouquin que Jésus adore.
Riri : Puis avec It et Oz en Angleterre.
Françoise : À Londres c’est l’été dernier, non, qu’il y a eu le procès d’Oz ?

Publié le 3 mai 2009 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Le Cirque B. B. et Mouilleseaux le débile - Ligne des Escholiers Primaires. Nycéphore. Été

Date du document : 1970

(Il s'agit d’un petit Extrait du Chapitre 6 de l'Été)

C’était bien de vouloir partir ainsi. Mais qui se satisferait de ce simple redoublement de soi-même, de cette ombre portée en avant, idéale et nocturne, de cette infra-mince connaissance du monde ? Puis quel lecteur s’attardera sur cette Aventure matinée d’Argentine ?
« On continue, on verra bien ! »
*
Pendant ce temps de préparation du mouvement, entre le retour de Cádiz et la Grande Fugue aux Amériques, alors que je continuais à bien fournir le répertoire, à rencontrer d’autres comédiens, à choisir régisseur et techniciens et à améliorer ma connaissance de la photographie, mon frère Nicolaï travaillait comme magasinier à la Régie dans les champs du Bouscat.

Comme il était stipulé dans le contrat qu’on ne pouvait recevoir
d’argent sans déplacement (faiblesse théorique et a priori latin de l’oncle lointain, qui n’avait pas compris la vitesse immobile), et comme d’autre part la ville de départ ne pouvait être considérée comme une halte, nous subvenions ainsi chacun à notre façon à nos besoins.
Magasinier ? Aucun grand écrivain ni artiste ne l’y autorisait. Il se fixait à peu près les mêmes objectifs possibles que Nany : expéditionnaire, bibliothécaire, etc. Il avait bien supporté pourtant de teindre des chats, tout le printemps de l’année précédente, sur la rive gauche de la Garonne, bien qu’il n’y ait jamais eu de “modèle exemplaire” dans ce sens-là non plus, travail plutôt repoussé par tous ceux qui les idolâtrèrent ! Mais magasinier ! La violence du sabotage était donc nécessaire pour résister au siphon de la connerie. Elle était poussée au centuple par Saïd. Et je vins les rejoindre à quelque temps de là.

Publié le 17 février 2009 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Jojo l’Alcolo - Ligne des Escholiers Primaires. Le Singulier. Automne

Date du document : 1983

L’Effondrement de la Carte
“Mon Papa, il est bien malade, retourné, devenu lamade et baveur de bile, débile. Prenait Festale, avant de connaître les jumeaux Kay, les fils de Violet. À présent plus rien, c’est foutu.
Les Kay vivaient sur le port, là où Charlie était au trimard ; leur père était broc. C’est à huit ans qu’ils se sont vus ; il y avait là José aussi, José Arès ; ils faisaient de la boxe avec le curé Bonnet , à La Flèche.
La dernière fois, il a chu dans le fossé avec Jack “the Hat”, un bon irlandais, un pot’ de prison des Kay (le “Hat”, pour cacher qu’il est chauve, et peut-être donneur).
On voit bien, à le suivre de dos, à l’importance de ses trapèzes pour un homme de la balle, tout le passé ardu de sa vie de cirque, les ours gris argent en hiver, la fréquentation de la neige (moins dangereuse que celle des Kay), l’arrachage et la plantation des piquets d’amarres.
Il a pas été connu de tout temps. Ainsi, du moins. Ni connu les Kay. “Vice ignoble” disait Mamie. Salles de jeux. Leslie Hot et Lili Spot. Phrénésie ! Alcool de contrebande. Serments d’Hippocrites ! Dipsomane, qu’on lui crachait !
Le docteur Dugoujon est venu, lui qui buvait que de l’eau, un jour de crise. On le chirurgica en ivrogne, comme un avare, à Saint-André. Jivago n’était pas là.
Ensuite, plus les Kay débarquaient, plus ses blessures se compliquaient. Tout un tas d’autres apparitions lui tombèrent dessus à la suite, par “infiltrations”, insidieusement : Le Fisc, Le Cadavre de Terry Martin, La Dent Creuse de La Loi, Le Maître, Pete Bondurant…

Publié le 12 février 2009 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Lambo à Staphysagria - Les Grands Ancêtres. Don Qui. Été

Date du document : 1984

VUE DE LOIN, la citadelle grise gigantesque dans les nuages avec une irradiation blanche verte, des nuages gris-verts, et dessous le sommet de la colline. Au-delà la nacre d’huître des crêtes de vagues tout autour de l’île, les glauques ourlets. Un idiot dans la voiture à côté de la mienne qui roule sa langue, gratte l’arrière de sa tête de sa main droite, bras torsadé, et qui enfonce en tournoyant sans cesse son index gauche dans son oreille gauche. Rien ne dira le bien fourni de ces nuées pas plus que l’immense cavalcade d’énormes cumulus sur la gauche doublant les arbres de la vallée. Là pour le coup devant le film la langue est pauvre. J’arrive dans mon quartier.
Au film par contre échappe l’ampleur de la lumière orageuse sur toute la vallée, cette pénétration de l’or à travers toutes les couches du vert, la façon dont le clocher d’église repose sur un autre terroir de verts profus ; cela, seuls la peinture et le dessin peuvent le déployer.
Incroyables liserés blanc magique fuligineux des nuées grises, ces hauteurs de château, sans doute après l’équinoxe, cette vibration de craquelures à mesure qu’on avance dans la voie de la vallée, ces tressements, ces chevelures en zigzag, ce boisseau de foudres : non certes l’écriture ne peut en rendre compte. Voilà le bloc où se trouve mon bureau.

Publié le 31 janvier 2009 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Osiris Usines - Les Escholiers Primaires. Ligne de Nicolaï. Été. 6. Usines

Date du document : 1970

L’Usine des Rêves
C’est extraordinaire ! La terre s’est retournée mieux qu’avec une défonçeuse double. Il neige ! C’est l’Usine des Rêves.
Voilà un plan d’exode massif qui passe, pour celui qui veut en finir avec l’Usine Seconde, sans se rendre compte qu’il tire sur son pousse-pousse un tas de tonneaux inutiles.
La connerie de tous les abrutis du siège s’était feutrée ce matin-là mieux que de la passion des roses rouges. J’étais sorti du lit avec un rêve antédiluvien coincé dans mon cervelet, et une gêne de ce côté-là, reptile ou herbe, pris d’une desmopathie générale. Les Bouriates ne m’étaient encore qu’un horizon à perte de vue tandis que Saîd avait perdu depuis longtemps ses ancêtres kabyles ; j’en viendrais un jour par procéder de point à point sur une carte, et uniquement comme cela. Ai-je encore une fourrure de glouton ? Voyons.
Du coup, je n’entendais plus les discussions, mais des voix, et celles-ci comme en hauteur, ou après avoir plongé profondément.
(Dans les hauteurs des monts kabyles en été, m’a dit Saîd, on entend sous les étoiles des voix dans les buissons, dans l’extrême fraîcheur de la Nuit : ce sont celles des jeunes recrues qui vont partir à l’armée, et qui chantent des mélodies d’amour en s’accompagnant à la harpe.)

Publié le 29 janvier 2009 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Dentiste & Bacon - Ligne des Adolescents. Aube et Nany. Été. L’Académie

Date du document : 1969

Nany.
(Le Dentiste me convoque dans l’ancien saloon où il travaille, et au lieu des réparations prévues avant mon récital de gospels autour des Apôtres chez La Grosse, qui a une grande terre, un peu plus bas, alors que je me préparais même à lui en entonner un du bon négrier John Newton, il m’impose un énorme appareil (paraît-il “nécessaire à mon registre”) en citrine transparente et résine polyesther, mais d’une construction extrêmement lourde et comportant des sortes de roues ou de “cales” aussi grosses que des demi-pommes, qui me forcent les joues plus encore que ne le fera le futur Barrault dans le rôle d’Opale, de Renoir, et les blessent.

Publié le 29 janvier 2009 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Usines et Défaillances - Les Escholiers Primaires. Ligne de Nicolaï. Été.

Date du document : 1978

Enfant, j’ai débarqué à l’île Seguin. Ensuite, devenu karatéka, lorsque j’ai de nouveau travaillé en usine, c’était uniquement pour notre communauté et pour préparer l’installation de mon “Camp du Gers” avec Maître O, en attendant de pouvoir rejoindre les autres en Afrique et aux Amériques. J’ai alors énormément volé, saboté et détruit de matériel ; cela faisait partie de nos consignes. Je glandais au lieu de travailler, provoquant les abrutis, les frappant entre les rangées de pièces, semant les objets n’importe où, brisant les plus précieux. D’autres du groupe sont venus travailler avec moi occasionnellement : Le Gitan, Pipo, Walter, Nany El Niño, et même une fois Osiris, mais le jour où il est venu, il neigeait et l’Usine a fermé, ça tombait mal !

Publié le 26 décembre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Memo. Compendium prépondérant - Ligne du Chaos. Printemps

Date du document : 1978

Compendium prépondérant.
Tra lala lalala lala ! ”(Saute d’un pied sur l’autre) “Tra lala lala lala ! Tra lala lala lala ! Compendium prépondérant d’un saut d’un pied sur l’autre à travers la forêt. Tra lala lala lala ! Vent froid contenant quelques
blancheurs, encore, de l’hiver passé. Figures de la Moi assez ! Et masques empreints de carbone. Ordures sans pourrissement possible. Arrière, formes fixes du fantasme répressif. Rétro, tout ça !

Publié le 14 décembre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Memo.Cauchemar-Appendice de MaPa - Ligne du Chaos. Printemps

Cauchemar-Appendice de “MaPa”
Après cela, Memo eut un cauchemar en souvenir de son père : révulsion hideuse de l’Anus qui pend, comme une poche, un cancer, un fœtus, et dont il note le nom latin fourni comme banalement par le médecin : …ictère … … legumine…… Poche bleuâtre et violacée, lac sanguin mort, balancelle, suspensoir d’organe, petit sac ignoble, hémorroïde monstrueux et cancer avéré dans un double retournement de Mœbius, une réversion absolue de nacelle qui soutient cet œuf monstrueux du cul.

Publié le 14 décembre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Memo. MaPa - Ligne du Chaos. Printemps

Date du document : 1978

Memo Bande à Part
Memo se réfère toujours à sa “Mamie”.
Mapa : c’est sa carte du Monde des Morts, où il circule, car il est le Dieu des Quatre Chiens (Dico, Duco, Facio, Fero). Il devient Onan dans le “Nomadisme” de l’Ourcq.
Memo intervient rarement hors de l’Au-Delà dont il est un Travailleur ; il avait pour intention, Vivant, de revoir sa vie ; il ne l’a pour ainsi dire passéé qu’à essayer de la refaire ; partant de là, il a été nommé responsable de cette fonction pour la Vie des Morts : d’en modifier les embranchements. Il voudrait toujours de la vie extraire “ce qui cloche” et garder le cohérent ; ou bien garder la “crête” en extrayant le vrac et le mauvais ; ou bien encore garder le “tenable” et extraire journal et récifs ; ou bien former des proses et des rouleaux à l’aide des vracs de devenirs ; ou bien composer des dossiers par année où l’on puisse injecter les étoilements de Dico, les poteaux thématiques de Duco, la puissante reviviscence par lambeaux de Facio, les rêves de Fero avec leur cohérence.
La seule chose sur laquelle il ne puisse pas intervenir, c’est “la partie
illuminée”
.

Publié le 14 décembre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Médigo et la Mojo - Les Adolescents. Été. Cádiz

Date du document : 2000

À l’occasion d’un voyage de Ian McCoy en Andalousie, Garcia Medigo a mis en place avec lui “La Mojo Nation”, piraterie internaute héritée de Flint, des aventuriers des mers du XVIIIe qui rêvaient de contrées libérées du joug de l’Administration, du partage peer-to-peer et des marins de Pynchon. Répartissant les données sur les ordinateurs de trois millions d’internautes répartis sur toute la planète qui partagent leur disque dur, ils travaillent sur le projet Seti@home à la recherche de preuves d’une vie extraterrestre dans les signaux issus de radiotéléscopes. Chaque portion de signal interprétée multipliée par trois millions dépasse la puissance des meilleurs supercalculateurs.

Publié le 9 décembre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Hunefoy - Les Grands Ancêtres. Ligne de Don Qui. Été. Staphysagria

Date du document : 1986

Vous me permettrez d’intervenir du moins en ce point où je fonds avant d’atteindre l’Île Staphysagria de toutes les Utopies Sexuelles qui m’est destinée ! D’autrefois, je conçus que ma vie s’était organisée en séquences (d’où le récitatif du projet) : à chaque nouveau voyage (dans l’espace, le temps, l’esprit), fût-il minime et imperceptible aux autres, devait correspondre une nouvelle partenaire, quelles que soient les conditions (l’accompagnement, l’entourage) du déplacement.

Publié le 9 décembre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Nycéphore. Cádiz - Les Adolescents. Été

Date du document : 1988

“Vivrai-je jusqu’en 2028 ? La quarantaine est le moment de ce navire bleuâtre, bien différent dans ce cas de celui où je me trouvais à Cádiz, prêt alors à refaire la traversée de Colomb, mais avant cela préparant tous les éléments techniques pour la venue de la troupe sur ce site.
Hier Héraklès est descendu de sa coupe sur le quai, après avoir tué Orthros, le berger Eurytion et Géryon, le fils de Chrysaor. Il a débarqué avec lui tout le troupeau de Géryon et il va remonter par la terre jusqu’à la Grèce.
Galère, drakkar, nef de Byzance, caravelle, vaisseau de premier rang puis brick de guerre, lougre, tartane, frégate et enfin cinq mâts… Prêt à pouvoir construire une naumachie intensive au-delà de toutes mesures des bougies décimales, en coupant au milieu du flux qu’il absorbe comme un buvard.”

Publié le 9 décembre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

La Rábida. Matinée des Moines - Les Grands Ancêtres. Ligne de Don Qui. Printemps

Date du document : 1970

Matinée des moines invités
Elle leur dit à tous ces moines venus en enquête spirituelle depuis la Rábida, ici face au Santoña, qu’Onan est sûrement déjà mort d’inanition.
Le pénitencier de Santoña, en face, est à présent devenu invisible à travers cette averse de rideaux. On ferme la fenêtre : éclairs féroces, parquet mouillé, pressentiment de l’année qui tourne.

Publié le 9 décembre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Nycéphore. La Défaillance - Les Escholiers Primaires. Ligne de Nycéphore. Automne

Date du document : 1979

Texte Inédit. Travail de réduction en cours.

Nycéphore sortit du cabinet d’Acupuncture de Jean Shatz rue de l’Université, une après-midi d’automne de 1979, et se rendit chez le libraire bibliophile dont ce dernier lui avait parlé près de Solférino. Il fit d’abord les cent pas dans les alentours, indécis, pris d’on ne sait quelle crainte d’une découverte, avant de se rendre devant la boutique, comme on se dilapide en marchant. Dehors, à même la rue, le libraire avait disposé sur un étal des rangées de livres de poche que les étudiants devaient lui piller régulièrement ; Nycéphore hésita encore à franchir les deux marches du seuil puis enfin il se présenta à l’homme à la face palpitante dont un tic relevait sans cesse la commissure droite des lèvres. Dans ce capharnaüm où il vivait exclusivement on trouvait Balzac, Hugo, mais surtout au-delà tout le romantisme européen et les décadents. Puis des livres à reliure verte scolaire, des livres de prix à tranche dorée, avec des étiquettes et des numéros : donations de bibliothèques, ainsi de suite. Manies, phobies du personnage chiffon à la main, crainte des taches de tous ordres, raréfaction des moindres gestes comme de se lever pour aller ouvrir le tirage du poèle, retourner un carnet sur la table.

Publié le 12 novembre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Prise de Son à Laredo - Les Adolescents. Aube & Nany. Été

Date du document : 1967

Laredo. Samedi 5 août 7h1/2.

Cher passant du Styx,
Je voulais t’écrire allongée sur le sable de “notre” coin ; promesse que je ne tiendrai pas puisque je suis sur mon lit : beaucoup trop de vent dehors !
Je n’ai pas osé tourner la tête pour te voir partir ; ainsi tout à l’heure tu m’accompagneras sans le savoir dans le vieux village aux rues de cendres grises. Je voudrais tant te donner la main et caresser tes cheveux !
Après t’avoir quitté j’ai couru acheter des timbres et faire provision d’enveloppes violettes (pour toi) ; mais il n’y a nulle part possibilité de trouver des bandes magnétiques vierges, comme tu me l’as demandé ; le mieux sera que tu en récupères encore à la Radio. Je suis d’autant plus désolée que nous n’ayons pu enregistrer le vent sur la plage, ton départ, notre dernière promenade en ville… que Jacqueline était bien là, avec son magnéto, à nous attendre au “Las Vegas” depuis une demi-heure où nous n’avions pas su la voir.
Nous avons rencontré aussi Loco, l’ancien videur à la “Rana Loca”, l’été, pendant ses vacances. C’est un gars du C. R. E. P. S., tu sais, un Anarchiste, un copain de Jésus et de toute sa bande : Minet, Gérard, Bernard… Ces temps-ci, il adore faire des blagues au téléphone ; il nous a dit qu’il pouvait t’aider pour infiltrer des lignes dans des immeubles, avec un magnéto. En partant il nous a donné une carte de sa boîte.

Publié le 31 octobre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Nany Machin. Nord & Sud - Les Adolescents. Été

Date du document : 1989

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Nany Machin, c’est mon nom, je veux tout embrasser, tout emporter au fur à mesure, sans recours, sans aucun retour possible en arrière.
Parce que sorti sans blessures de la fosse aux lions, je suis un fleuve plus impitoyable que le torrent de feu qui fit envoyer à Rimbaud un bas à varices le 27 mars 1891, que l’écriture directe empruntant même sa graphie à l’immédiateté intensive n’est pas tout de moi, mais d_oit être dite_.
C’est Commode, le premier, qui, loin d’une humeur facile, signalé plutôt par ses débauches et ses emportements, m’incita par son exemple à ce
travail, craignant sans doute moi-même l’athlète qui viendrait m’inscrire historiquement dans mon bain de langue, étranglant les projets en cours, liés ensemble comme trois masses de biens jamais dépensés.
Je fais en sorte de laisser un interligne suffisamment aéré (comme les Pyrénées), ce que la loi interdit dans les actes authentiques, de façon à pouvoir intercaler un fragment oublié tel qu’“étranglant”, quatre lignes au-dessus de celle-ci.
C’est d’un Vrac qu’il s’agit donc, apparemment irréductible, et cependant toujours possible à reprendre dans le mouvement biographique, on le verra.
Il est bon de préciser aussi qu’il n’y a pas d’autre raison à ce récit que l’Aventure où nous fûmes lancés d’abord à quelques-uns changeants et mouvants, devenus des milliers malgré moi ou du moins bien au-delà de moi, par la transcendance d’un Grand-Oncle Gitan de Buenos Aires, enfoui dans la plupart de nos mémoires de famille, mais qui ressurgit sous la forme d’un cadavre baroque par l’intérmédiaire d’un Notaire,
personnage important du Cours de Gourgue à Bordeaux, et, pour moi, proche de Mauriac et de tous les chais un peu frais de la ville.

Publié le 27 octobre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Nathalie & Nijinsky - Les Escholiers Primaires. Ligne de Nathalie. Été

Date du document : 1986

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

À partir d’ici, en vidéo, dans le Studio Soudain où Nathalie vient se faire photographier en dansant, sur plusieurs écrans simultanés, le corps d’un arbre, vu par chacun des points d’articulation du corps : tête, épaules, hara, coudes, bite, chevilles.
(Arbre vu par épaule droite puis coude gauche.)

Nijinsky : “Il y avait d’abord l’ours dansant, l’ours énorme surgi d’entre les branches, et Kyra riait de le voir attraper ce minuscule écureuil qui venait de s’enfuir de chez nous, par la fenêtre, d’où on regardait, sur cet étang, ce lac, ce bief. Mais l’ours ensuite se mit à vouloir dévorer notre chatte ! Il se mit à l’absorber une première fois, puis elle ressortit de son estomac, galopa devant lui. Il était de nouveau en train de l’engloutir, lorsque je décidai de sortir de la maison pour la sauver. Je montai sur un pic, et là, d’un plan plus général, j’aperçus soudain un énorme boa, enroulé dans les rochers du bord ; je le signalai à ma femme qui se trouvait un petit peu plus bas ; je lui jetai des pierres et des choses diverses pour l’exciter, et celui-ci fit vibrer sa langue au-dessus de l’eau ; c’est à cet endroit que je reconnus sa tête ; jusque là je ne voyais que la confusion des courbes, des nœuds, des sentiments et de leurs passages…
Redescendu dans l’assemblée, je portais un col de clergyman qui m’allait véritablement à ravir, combiné avec ma veste chinoise à col mao, et un manteau du même genre, col officier. C’étaient trois successivement cols de même type. Mon père devait être un officier du passé simple.”
(Arbre vu par pied droit) (Arbre vu par Hara) (Arbre vu par bite)

Publié le 23 octobre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Romantisme du Bus - Les Adolescents. Été. Le Lycée

Date du document : 1989

Texte inédit

Le trajet vers le Lycée c’était d’abord le trajet en bus pour nous tous, Nicolas parmi nous, et l’Idiot au crâne difforme de la rue Courteault spécialiste de Chateaubriant autant que de Lamartine qui parlait de ces habitudes au bas de la Morgue d’entreposer sur un bateau surmonté d’un pavillon noir par couches les cadavres des assassinés entre des couvertures de paille. Et on traversait toute la ville dans ce foutu bus puant sous les averses, tant il pleut à Bordeaux, avec partout des indondations à cause de ce temps pourri, de ce ciel de là-bas qui crève comme un phlegmon. On y faisait des concours à qui donnerait le plus de métaphores excrémentielles sur sa mère, incarnée comme une matoose, une merdouse. C’était à qui la détaillerait le mieux, filandreuse, émiettée, puant les œufs pourris ou l’acide chlorydrique comme des épinards hâchés, etc. On imaginait comme papoose Dieu son mari, vieux personnage incapable et barbu, grincheux et chieur en diable lui aussi à cause des intempéries qu’il dispersait sur Bordeaux, sans doute recouvert de la farine algérienne, uniquement préoccupé de précipitations aqueuses sur la ville, car Bordeaux est une Indochine, une cuvette malséante et putride.
On avait aussi des chansons pour les quelques grues qu’on tracassait dans le trajet, vendeuses des Noga et autres :
“Pouffiasse du lendemain grise,
Matinée de crise…” ainsi de suite.
Puis il y avait ce voyageur qui riait avec nous, obsédé par les contiguités fécales dont il nous parlait : manger un camembert bien puant assis sur le trône tout en débourrant ; il faisait souvent le trajet en notre compagnie, en imper mastic quelconque, un journal plié à la main.

Publié le 23 octobre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Nycéphore chez Soudain d’Arlac - Les Escholiers Primaires. Ligne de Nycéphore. Été

Date du document : 1976

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Mon unique photo lauréate et prise dans les bois d’Arlac près de chez Soudain (fils de Houdin et de Boudini, originaires de colons du Soudan), cicerone pour la récolte des cicatrices, voilà où je m’enfonce, avec la sale humidité, les graminées coupantes, sans savoir encore si j’ai quelque chose de commun avec le narrateur précédent, gomme qui rit de sa beauté morale et de sa difformité physique. Je me souviens de mon enfance au milieu des essaims d’abeilles d’Abel.
Avec le Rolleiflex, j’avais eu du moins la chance de découvrir “la visée ventrale”, l’appareil chaud tenu sur l’abdomen, comme en venant plus tôt le matin en vélo à Arlac, “l’énorme crabe rouge abstrait” sur un champ de blé de Dufy Dingo dans la revue “A la Page”, et la salle des pas perdus.
Je me rendais là-bas avec ce vélo sur lequel j’avais fixé un guidon étroit, le vent violent plissant la chemise de nylon, poignets vers l’intérieur, position rentrée ; secouée.
Puis au retour chez moi, toute l’eau avait envahi le débarras de l’ancien Couvent où nous logions, alors que je me sentais déjà tellement floué (quoiqu’il en soit, je boulonne !) de n’avoir obtenu, pour toute récompense de mon premier prix de photographie qu’un séjour de quinze jours de nettoyage et de restauration d’une ferme au Kansas où se promettait de m’accueillir un couple super sympa (“...et si vous avez fini assez tôt, vous pourrez vous amuser avec nous à faire les courses le week-end dans le patelin avec toutes les sortes de gens et de commerces typiques, et, pourquoi pas, on pourra même vous offrir une bonne bière !”)
Point d’aboutissement de multiples écoulements et de gouttières romanesques, le débarras, chambre noire, que l’eau inonde. L’eau, l’eau envahit tout comme la révolution des bourgeois charcutiers et marchands de grain l’église St-Pierre et la chapelle du Martyre, l’eau dont le niveau monte depuis les fossés du jardin désolé en contrebas. Heureusement, je trouve un tuyau de plomb qui curieusement surnage, et, le tirant, je retourne un lavabo qui me sert de coque de noix et me permet de pagayer jusqu’à regagner la chaussée.
Chez les Sœurs, on s’affole aussi : tous les Saints flottent.

Publié le 21 octobre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Nicolaï chez Soudain-Tendance - Les Escholiers Primaires. Ligne de Nicolaï. Été

Date du document : 1978

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

J’avais rêvé, en entrant dans le monde de la photographie, de devenir reporter-criminel, mais pour rien au monde je ne voulais finir en tireur commun avec une chaîne cernant les pieds cadenassée autour de la colonne du Durst, comme tous ceux qui travaillaient là-dedans et qui n’avaient même pas le droit d’aller pisser : on leur apportait un pot en plastique (il n’y avait pas de tireuses !), ni même, version luxe, à faire des diapos de fonds de papillons et de fleurs le week-end comme en commettaient le couple Soudain, tellement parfaits, tellement anglo-saxons (or pâle) et tellement cons, avec la sangle de leurs deux Rollei passant en travers de leurs deux Lacoste.
« I doit être tourné vers la Noël, un tel film, un tel crâne de caméra, et y’a des individus glauciers qui mijotent dans le scénario ! »
La caméra est tombée. On va pas la laisser tourner par terre tout l’été. Il ne faut être en retard ni sur le rêve ni sur l’instruction d’une découverte philosophique due à une substance non numérale. On ne peut non plus laisser passer ça sans bouger du pif. Aussi la présence du petit con à mobylette derrière Arlette et moi, sur l’Intendance, face au porche du premier Studio Soudain, m’énerve.
« Qu’est-ce qu’il y a ?
— C’est parce que vous me fixez, je bouge pas. »
J’avais la chance d’être mineur. Je l’ai fixé sans hésiter d’un coup de lame et davantage, un mois plus tard. Qu’on annonce la bonne nouvelle ! Ensuite, on pourrait filmer les inondations. Il y a eu à peine un entrefilet, personne n’a cherché.

Publié le 19 octobre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Le Théâtre de Rétif - Esplanade des Girondins. 1989

Date du document : 1989

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

« Qui mourrai-je de quoi ? D’une inattention portée au temps, bonheur attendu de rien, attenant à rien, et dont rien ne peut rendre compte ? D’une simple vasodilatation de l’âme… »
Il était dix-sept heures quarante, de l’autre côté de la Révolution, bord droit, au mois de Mars, et la surface presque chaude de l’herbe de l’Esplanade recevait de grandes tracées d’ombres en rayures sans véhicule.
Sur le bord même de la Révolution, à gauche, sur les terrasses du quai de Calonne interdit aux piétons la nuit, il y avait des accidents en contrebas, à l’endroit du parapet du Château-Trompette en cours de démolition, des brûlots divers (la bête prise, les bleus sans liesse), et le remblais en surplomb etait empli d’un attroupement de citoyens, arrêtés au-dessus de la situation.
Les sans-culottes et les officiers municipaux chassaient les voyeurs venus là d’un double geste énervé des mains, du genre : “Tirez-vous, sales rapaces, agioteurs du malheur !”
Nicolas voyait ça par son fiacre, mais surtout par la fenêtre de droite vers l’Esplanade (qui n’était encore qu’une esquisse au milieu des ruines, un trapèze immense irrégulier et tordu), il observait ces ombres esseulées, sans origine, et se retourna plusieurs fois sur la gauche, de plus en plus vivement, dans le but d’en surprendre les émetteurs fugaces.
Mais il ne vit rien, rien qui soit susceptible de les projeter.

Publié le 19 octobre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

La Mort du Tsar - Les Adolescents. Été. Théâtre Lycéen

Date du document : 1966

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Voici l’exemple d’une des pièces que les Lycéens jouèrent à propos de la Révolution Russe en 1967 au “Théâtre du Styx” qui devait devenir la fameuse roulotte de Sainte-Croix.

Docteur Botkine. Bien sûr, on peut toujours rêver le domaine secret et sain de l’Intelligence. Mais moi c’est pas de la mer Noire où règne Sérapis, dont je veux vous parler, c’est de bien avant Sosso, du temps du plâtre et de la mort du jeune Nicolas.
Domestique Troup. Non, non ! Vous avez perdu ! Vous voyez : l’as de pique est tombé sur le valet de pique. (Il rit) Et donc c’est fini pour Sosso ! Son propre mal a été pire que lui. Cette sorte de variole bureaucratique sévit.
Docteur Botkine. Ce Caton de basoche de Kerensky, où est-il, au fait ? Balayé par Lénine, c’est ça ?
Domestique Kharitonov. Il est rendu à ses asperges vivaces et bleuies, bourré des idées saugrenues d’un généralissime de foire ! Tandis que vous, Docteur, vous voilà encore obligé de vous traîner avec vos maux de reins, et vos pieds gelés sur les fleuves !
Je vais vous parler moi de la mort du père Empereur de l’Industrie, (Macha au fond, en robe noire, s’avance) toujours si digne avec ses pantalons à liseret qui lui affinaient la taille et allongeaient sa silhouette ! Et je vous parlerai aussi du plus petit Alexis Nicolaévitch, inclu comme une matriochka dans le Père Nicolas, cet Industriel Hongrois de Libourne. Ils lui en voulaient parce qu’il était soi-disant du côté des “Blancs”.
Docteur Botkine. C’était pourtant un grand ami des Sales chez qui j’étais souvent, des Inventeurs. De grands Inventeurs et de dignes gens. De bons amis à moi aussi. Ils ne parlaient pas allemand, ils étaient orthodoxes. Le petit-fils fait du cinéma, aujourd’hui.
Macha. Mettons que la vie soit un brouillon, et qu’on recommence. Mais les autres, les Demi-Deuils, les Millions de Marchés, les Installations de Machines à Tortures dans les Instants, les Représailles, non ! Jamais ! Je sais maintenant : il faut éviter tout ce qui glisse et qui caractérise, tout ce qui est crachat et ne se résout pas dans un cri uni. Sinon on se tait, on prend d’autres manières que les siennes, dans la soie ou dans le meurtre, on se résigne. Alors là, la vie serait propre, on recommencerait, on arrangerait une pièce, comme ici, avec des fleurs, une masse de lumière et des petites filles pleines d’espoir.
(Un silence.)

Publié le 5 octobre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Nicolaï et Macha. Hôtel Saint-François - Les Adolescents. Été

Date du document : 1975

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

« Alors Flahaut lui dit : “Hortense, calmez-vous ! Paluchez-vous d’un seul doigt.” » Macha lisait ça à Don Jujus, les cuisses écartées sur le lit, Macha qui venait de Mouch, en Turquie ; elle était douce au toucher. Lui était plutôt dru, et orienté vers l’Orient. Rosa, à Caen, lui en avait parlé, ancienne copine à elle du Conservatoire.
Elle le masturbait sur elle, elle avait deux petites roses (rouge, blanche) prises dans son bracelet de la main gauche ; les secousses ne les firent jamais tomber. L’œil unique de la caméra portative de Jujus allait et venait. Et rang’ ! Et rang’ ! Elle était là, dans l’hôtel Saint-François, pour travailler avec le Groupe du Théatre du “Styx” du Lycée, juste en face, rue du Mirail, qui à présent avait son bus près de l’Académie, et pour préparer le départ à Cádiz. Lui venait du groupe des Anartistes qui habitaient une sorte d’entrepôt dans la zone des marais de Sainte-Croix ; il avait rencontré Macha avec moi à l’Académie ; ils se plurent momentanément. Ensuite, dès qu’elle aurait les mains libres, elle devait écrire un papier sur la prochaine fermeture de La Roquette, d’ici quatre à cinq ans. Elle se souvenait de ses copines prisonnières mineures, quand Laurence y était, qui regrettait son chien, son seul ami. Quand l’une d’elles recevait une lettre d’amour elle le lisait à toutes les autres et chacune faisait son commentaire ; ça durait parfois des heures autour d’une mince feuille griffonnée.
Dans la chambre à côté un autre comédien de ses amis, surnommé “Aubusson”, comme les compagnons, de son vrai nom André Névrose, et affublé d’un énorme tarin, sans déroger là où un marquis n’aurait pu vendre du drap, puisait tout le feu d’une pièce où il était question d’un texte inachevé volé dans un coffre à soie et d’un autre composé de ses résidus.

Publié le 4 octobre 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Journal de Lydou - Les Adolescents. Lycée de Terraube

Date du document : 1975

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

À Terraube
(Importance de “l’Europe plate et froide”.)

Journal de Lydou
24 août

La pluie était très forte, quand nous avons décidé (“Un… deux… trois !”) avec Aube de quitter notre abri pour rejoindre Papa sur le port. Un pauvre chien perdu courait en travers, et en nous voyant surgir, il aboya furieusement, appeuré ; son écho lamentable se répandait dans le lointain. Au loin, la tempête faisait rage, et un bâteau mal amarré alla donner du nez dans la jetée où il se brisa comme un œuf, avec un fracas terrible de craquements multipliés.
Soudain, tout se calma ! Et dans ce cadre tourmenté ce fut comme si tout recommençait.
Dimanche 30 décembre
Claude et Loulou nous achètent des bonbons.
Claude ne m’appelle que Mademoiselle.
Le soir, j’écris à Monique R., Annette P., Marie-José M., Nadine C., Liliane C., Liliane D., Nady F., Marie-Thérèse G., Colette K., Jacqueline L., Lucile M., Monique N.
Cet après-midi, avec Christiane D., nous avons recherché les endroits I (c’était avant tout, avant même les paroles I ). Nous rappellions les quoi ? Il faut dormir.
*

L’année Suivante
Mardi 1er janvier

À trois heures, Christiane D. arrive et nous faisons un devoir d’anglais dans ma chambre par la fenêtre. On rit bien. Puis elle me fait un souvenir (celui qui est à la page précédente), quand Papa arrive et me demande “si il se fait, cet anglais ?” Alors vite Christiane D. tourne la page et fait semblant de faire de l’anglais. Là : “walking back from the school ”. Ensuite on part.
Jeudi 17 janvier
Jean-Pierre Moustéou devait me porter les photos d’identité (il est collé), mais c’est Monique Dégans qui les a prises avant lui. L’après-midi, nous allons à Gauge et on discute avec Alain F. et Jean-Pierre Moustéou. Il y a aussi M. Olivier Larronde, qui est poète ; c’est un ami de Jean. Il est vieux ; il a 36 ans.
Le matin, j’ai donné la lettre de C. et de Christiane D. à une externe.

Publié le 3 août 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Astrobade - Les Escholiers Primaires. Ligne de Nicolaï. Été. Lycée

Date du document : 1979

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Astrobade
Gastrobas adorait voler le pain à la cantine du Club des Coqs Rouges ; il le volait par tronçons de miches, en prenant le bout dur. Le Club était toujours resté dans l’ancien bâtiment-entrepôt d’un crépi doré qui abritait jadis le tissu en énormes coupons d’un commerçant juif aujourd’hui ruiné, à l’angle de Sainte-Eulalie.

Publié le 26 juillet 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Basile, Zinopino, Morisson - Les Escholiers Primaires. Ligne de Nicolaï. Été. Lycée

Date du document : 1979

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Le voyage à Pau
Au Lycée, on adorait tous Basile, le conducteur de bus des voyages
scolaires en fin d’année. Le reste du temps il nous apprenait les passes de foot et officiellement il était factotum.
Il était du coin. Il adorait, surtout l’hiver, avant le jour, péter à la hauteur de l’usine à gaz après s’être gavé de champignons du Sud-Ouest, fureur mégalomaniaque lui donnant l’illusion d’empuantir tout le paysage et imprégnant tellement son siège qu’il en conservait tout du long une aura d’une infection persistante à couper au sabre !
Il nous tenait des discours sur tout pendant le voyage : la Bible qu’il connaissait par cœur, et surtout la Genèse et le problème de la Trinité et du semblant, version italienne. Il nous disait que pour eux, le semblant c’était pas du bidon, c’était même tout l’inverse. Il aurait adoré travailler dans un Hospice mais il avait pas les diplômes.
L’arbre tordu, la veste rouge, il trouvait ça beau, le désordre sur la voie et la route parallèles, par ce temps gris pluvieux couvert : et surtout ce jour-là un morceau déchiré de carton, un vieux chiffon, du poil avec un con, un fion, un tronc, des tétons, un étron…
Il s’agissait du fil même sur lequel les perles de sa folie étaient enfilées.
Par contre tous les lycéens haïssaient cette visite à Lacq, cette “partie utilitaire” du voyage de fin d’année, après Pau, la poule au pot, le roi Henri, Sully-les-Mamelles, l’entrée en pente du château. C’est pour cela qu’on tua cette conne de gallinacée de prof d’Histoire, qui croyait nous faire rire en retournant ses paupières, avec l’aide de Basile, et qu’on en jeta les morceaux par les fenêtres du bus, en désordre !

Publié le 25 juillet 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Portrait de Nicolas - Les Adolescents. Ligne de Nicolas. Été. Lycée

Date du document : 1979

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Daniel : “Nicolas n’aime pas du tout Nicolaï. Tout juste s’il lui parle. Par contre il s’entend très bien avec Nycéphore, surtout pour notre projet du “Styx”. Mais Nycéphore et Nicolaï pensent tous les deux que leur frère Didier, s’il avait vécu, aurait pu être comme ça.

De la même façon qu’en sculpture je reprenais des mises en scène précédentes de personnages en bas-reliefs, des maquettes que j’avais déjà disposées dans la salle de modelage ou des figures découpées et rapportées. Nicolas, lui, utilisait ce qu’il appelait ses “papiers bohémiens”, écrits en route et enfoncés dans les poches. Chacun de nous deux assemblait à sa façon des morceaux autonomes. On était déjà dans la double articulation sans sauce romantique. On se sentait frères de Mozart. C’était un baladin d’adoption qui fumait, buvait, et écrivait énormément. Un très bon poète incapable de la moindre réalisation matérielle. Il rêvait d’épouser une Gitane, c’était son but dans la vie, et pour cela fréquentait les roulottes de tous les campements rencontrés. Étant par excellence un Sujet du Bord, qui zigzague en tzigane, ce projet des “Enguirlandés” l’enthousiasmait.
La première fois que Nicolas est venu de Libourne (son père avait une industrie là-bas), j’ignorais qu’il eût un frère mort. Il m’a simplement parlé de sa maison, d’une façon sommaire : de la porte sur la cour, puis de l’ouverture générale vers le village d’abord par le grand portail, ensuite par la route remontant au nord ; au sud et à l’arrière il y avait d’immenses champs, des prés herbeux, et au loin les faubourgs grisâtres et roses pâlis.
C’est dans ces faubourgs qu’il a rencontré Claude qui vit près des décharges, “Fouailleur” minier qui perce avec le croc l’amas gelé des détritus à la recherche d’un élément rare, sépare le Ciel et la Terre à l’aide de ce trait et grâce à lui du Chaos se tire. Dans la famille de Claude, il ne leur restait plus que la roulotte, et la compagnie des gitans vivant des frites et de la vente des animaux ; autant partir ! Autant suivre cette ligne toute de contiguités à présent, cette ligne de chant du récit que heurtent les récifs, ces blocs primaires la trouant.

Publié le 25 juillet 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Jany-Janus - Les Gras. Printemps. L’esplanade des Girondins

Date du document : 1978

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

L’Esplanade rutilait de mille feux, miroirs des carroussels et des labyrinthes que venaient à peine embuer les fumées graisseuses qui flattaient le palais des nouveaux dieux.
Jany-Janus tenait le Palais des Glaces.
(Jany-Janus était une prostituée révolutionnaire anthropophage qui avait mangé son frère pour posséder les deux sexes à la fois ; à partir de là, hermaphrodite aux deux versants elle devint et s’offrit d’abord à Paris comme un travelo jeunot recto-verso, sur les Boulevards, porte Saint-Martin, Saint-Denis, et notamment à toutes les sorties des théâtres de ces mêmes boulevards avant de venir s’installer à Bordeaux.)

Publié le 23 juillet 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Charlotte au Sang - Les Gras. Printemps. L’esplanade des Girondins

Date du document : 1978

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Sous-bois, déséquilibre, cassures, pour Charlotte Corday. Toujours de cordée, jamais de Montagne. À Glatigny, chez l’auteur des “Glaneuses”, où elle avait sa chambre, et passant de chez lui chez Roncerailles, dans ce trou de chaumière loin de l’Ami du Peuple qui donna naissance à cet autre poète aussi faux que Larronde.
Elle a vécu du manoir au château ; on s’appelait d’un lieu à l’autre.
Sa Trinité est plus de métal blanc que de dorure, multiplicité prise dans le rythme ternaire de la course Augustinienne. Elle est plus proche des coupes farouches de son grand-oncle Corneille que des serpents sinueux de Racine.
Elle craint ce “trop” qui vient en elle, cet afflux de sensations, d’harmonie, de bien-être, cette surabondance dangereuse (qui va basculer), cet excès d’odeur (comme un fauve migraineux), de réminiscences qui la soufflètent, etc.
Toute sa vie elle a gardé sa cartographie de faiblesse rainurée de bois tendre, visible en glacis sous son teint diaphane comme à la fenêtre étroite donnant sur une cour obscure elle calquait de petits dessins qu’elle appliquait sur la vitre ; par là encore, comme avec les crayons de couleur de Glatigny, elle était proche d’Arthur. Par ces muscles involontaires elle faisait circuler à vif les hontes et rages de l’époque rougissant de riens pour les autres. Elle avait des visions en coin d’œil aussi, à la Frankie Adams, au printemps, sur le sol poudreux des chemins ou faux vives lancées sur le sol chez elle : pas de parquet, du carrelage ; pas de plafond, des solives ; une vaste cheminée.

Publié le 23 juillet 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Voyantes : Marie-Anne Parlôthes - Les Gras. Printemps. L’esplanade des Girondins

Date du document : 1978

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Esplanade
Dans ce Cabinet de Voyance où Camille s’est rendue peu avant avec Basta, pour connaître soon-avenir, chez Marie-Anne, il y avait des insécables et rugueux retours archaïques datant d’on ne sait quel ineffable. Déjà, tout enfant, chez les Vistandines, elle allait vers les visions comme on va vers le précipice, et aujourd’hui chez ceux qui la consultent, elle ne fait surgir vers le futur que ce qui était déjà là en eux, notamment avec son MUTUS-NOMEN-DEDIT-COCIS de cartomancienne à cadences paires.

Elle les jette sur le Minotaure au fond du Labyrinthe, mais pas de lamento d’Ariane, pas de pelotte, pas de moyen de se faire pelotter dans le tréfonds.
C’est ainsi qu’elle a vu pour le Tsar un siècle à l’avance : Tannenberg, les gourances de Raspoutine, les bolcheviques en dahuts, pattes gauches du côté de la pente… elle agrémente après-coup l’archaïque. Et c’est pour cela qu’à Bruges on l’a traitée de sorcière.
Une fois elle rêva pour Charlotte d’une paire d’yeux se mouvant seuls près de morceaux de corps aux diverses couleurs indépendants et de paquets de poils également autonomes, ainsi que de bouquets de feu et de lumière, mais dans la liaison formidable d’une phrase grandiosement organisée qui lui fit voir clairement l’efficacité du “génie” qui lui servait les phrases dans l’obscurité, car elle lui avait été dictée dans sa perfection d’un seul trait qu’elle lança en se levant.
C’était le portrait de Marat, qu’elle décrit comme un castrat qui chante dans son bain de sang.

Publié le 23 juillet 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Crimes de la Barrière - Les Escholiers Primaires. Extensions de la Ligne de Nicolaï. Terre

Date du document : 1984

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Ensuite Camille et Basta (désormais son mari) s’attardent à Bordeaux avant de se rendre au bord de la mer, vers Andernos ou Le Porge, les plages des pauvres, ou bien Arcachon, Le Cap Ferret, preuve d’un luxe inaccoutumé. En s’arrêtant à Bordeaux, ils vont voir Aube, à Bruges, chez le grand-père “aux doigts gros comme des saucisses de Toulouse” et les cousins Artaud, un peu tarés ; tandis que la palette des après-midi mal vernis s’avance, ils doivent subir les baisers mouillés ; ils se voudraient prestes, attentifs, mais ils sont disparates. Puis comme il n’y a pas de place chez elle, pour dormir tranquille, Aube leur a trouvé la maison vide d’une amie, pour une nuit, rue Vercingétorix, vers la Barrière d’Ornano, pas loin de “chez Sambo”.
C’est le jour de ses vingt ans, et Camille se repose sur le bord du lit, après, rue de Bègles, paumes en pronation serrant le bois des montants, et projetant la tête humérale en avant et vers le haut, le cubital antérieur et le premier radial épanouis de part et d’autre ; et, grâce au reflet, sur le rebord du muret humide au-delà de la terrasse où la pluie cesse à peine sur le fond des branches désastrées de platanes, les restes d’ocre-sienne et clair, la tête penchée, son dos rond et puissant de sirène (comme elle a coutume de s’asseoir sur le bord du bassin), ou de pianiste (tout à l’heure sur sur son tabouret), dominant, arche puissante, si bien lié à la fragilité de l’ensemble, aussi surprenant que le soudain profil d’Isis éclatant tout au long des salles du pavillon égyptien du Louvre, impossible à imaginer à partir de la vue des hanches de face, fessiers puissants de gymnaste sortant d’un plan inattendu sur l’ébauche, peut-être la danseuse de Degas aussi.

Publié le 22 juillet 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Chemin de Maître-Jean - Les Escholiers Primaires. Le Singulier. Automne

Date du document : 1989

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Rue Maître-Jean : La Clinique. Elle devait recevoir la visite d’un ami. Sonnette, arrivée sur gravillons ; Marguerite est bien là. À moins que ça soit Madeleine…

Publié le 22 juillet 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

L’Idiot à Béthanie - Les Escholiers Primaires. Le Singulier. Automne

Date du document : 1973

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

La présence obsessionnelle de ma pensée à des tâches quelconques était un signe de déséquilibre, ou bien était-ce au contraire le fait de les exécuter machinalement, tenant compte du fait que nous cherchons le déganguement du primaire par les ruptures d’Univers.
Je devins immobile.

Publié le 13 juillet 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Marie-Anne Parlôthes avant Cádiz - Les Escholiers Primaires. Ligne de Nycéphore. Terre

Date du document : 1978

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Les Enfermés (ils ne partiront pas !)
Nycéphore
J’ai rendez-vous avec Marie-Anne à trois heures à la Clinique. Je lui ai téléphoné hier à midi depuis le petit bureau de poste de Saint-Augustin alors qu’il allait fermer, et j’ai visiblement retardé l’enfilage de manteaux du couple de vieux qui doit être employé là depuis la fondation.
Ô Femme, voix profonde ou suraiguë, bombement de son sexe si finement perçu à chaque modulation vocale ! Théodosius ! Marie-Anne avait en effet comme “doublure” grasseyante son délicieux accent austro-hongrois, grave. “C’est elle-même. Viens chez moi à six heures.” “Si c’est possible, j’aimerais mieux qu’on se voie ailleurs ; je ne tiens pas tellement à voir ton père.” (Son père s’était opposé à son départ avec nous et toute la troupe de théâtre de Cádiz.) “Bon, et bien, retrouvons-nous à l’Hôpital de Jour ; c’est boulevard Wilson, près de la Radio ; j’ai eu une dépression nerveuse ; on peut se voir demain à 15h, si tu préfères.”
La dernière fois que j’avais rencontré Marie-Anne, c’était pour la fête chez Walter H. lors de la préparation de l’Opération Cádiz (entrecôtes et ceps en sous-sol), lors de la descente des flics ; elle était saoûle, et je ne sais plus qui l’avait embrassée ni comment elle était rentrée chez elle.

*

Je suis à l’Hôpital vers 15h 30. Là, d’autres pensionnaires aux yeux bouffis, comme ourlés, gonflés à l’hélium, gestes neuroptisés atrocement lents la cherchent sans la trouver. L’âme d’Elcé exaltée par le jeûne.
Elle n’y est plus, et pourtant, elle attendait avec impatience sur le pas de la porte vers trois heures moins le quart, selon ce que tous me disent, héroïsme qui emplissait les fenêtres d’une crainte indéfinissable.
On regarde au sous-sol, et de nouveau dans les étages, dans sa chambre.
Les Infirmières :
« Qui êtes-vous ? Vous êtes de la famille ? (L’une rougit violemment.)
— Elle doit être rue Maître-Jean, dans l’autre clinique ; elle devait rendre visite à un ami. »

Publié le 13 juillet 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Maurice à Buenos-Aires - Les Grands Ancêtres. Ligne de Don Qui. Été

Date du document : 1986

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Avant de mourir, Maurice a eu envie de se rincer l’œil (plus d’un siècle qu’il n’a pas pris de bain !). Il est venu en tant que globe-trotter, trotter chez l’Oncle à Buenos Aires, histoire de ne pas se refroidir en mourant et de mourir au chaud (il refuse d’être cryogénisé : rien que l’idée le refroidit !).

Publié le 12 juillet 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Stamp - Les Grands Ancêtres. Ligne de Don Qui. Terre. Guerre des Étoiles

Date du document : 1984

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Fondamental du défaut, il était, Stamp ! De la courbe du mérite par rapport à la courbe analogique, par rapport au son ; c’est-à-dire : il n’y a jamais de modulation ! Toujours l’un ou l’autre. Ça commence comme ça, comme un Roman Paresseux, une façon simple de se citer à la troisième personne, qu’il aime. Ensuite son enquête a progressé en fonction des fréquences…
(Les questions sont posées par une sorte d’inspecteur Dupin : « Est-ce que le 0 change à telle ou telle fréquence ? Est-ce que le 1 est impossible à telle hauteur ? », etc. Au fur à mesure, il annonce à qui veut chercher. En disant simplement : « Dépêchez-vous ! Il est en train d’agoniser ! » Ça part de là.)
Stamp a tout son appareillage de cryogénisation installé autour de lui depuis son encéphalite récente. Le docteur Pentoja a pour consigne de l’emballer et de l’expédier à Buenos Aires rejoindre la collection de Martó au premier bip de sa part.
Technique de reportage en des pays exotiques. Fondations de phrases ininterrompues, en suspension, passage d’une grille à une autre rapidement, sans que le sens soit vraiment délivré.
Monologue enregistré : (Ferré : “les bras des émigrants qui n’ont jamais de pain d’avance.”)
“Je n’avais “pas à pas” envie de boire ; me sens tout sale. Extérieur Mexique, et mousson. Pluie qui allait durer deux mois. Mais plutôt envie d’une tartine de fromage de brie (rot : “Heurrh !”), avant d’avoir fini le chapitre. Je branchai la télé ; il était déjà 22 heures ; je soulevai le combiné, j’attendis… qu’une de ces voix de femmes paraisse devant l’écran de télévision, baisse sa tête, et montre son crâne complètement décousu, plein de cicatrices de petite vérole, à angles droits. Un frisson me parcourut tout le long de son échine, et remonta comme une voie unique, au sexe. Elle raccrocha ; je posai le combiné, j’allumai une cigarette, je finis par trancher la mie en menus morceaux, j’éteignis le tube, et en me laissant tomber dans le sopha, je gardai le verre à la main. Là-dessus, je me levai et je m’en allai.
Personne ne m’attendait à la Gare. De l’intérieur, je me sentais plutôt bien. J’évitai tous les miroirs, où je me serais sans doute paru plus grand, et amaigri comme une fente de machine à sous, avec un sérieux coup de vieux, au pistolet. Même les cuivres des Chevrolet.
“Ça marche ?” m’aska quelque homme qui n’allait pas du tout dans la même direction que moi. Pas de réponse. “Le zinc… somme d’habitude… moi non plus.” Et la voix s’éteignit. Je venais d’apprendre qu’elle…
La personne marchait vite ; j’en ai bien vu trois ou quatre de ce genre dans la semaine.
Je quittai la Gare décentrée.

Publié le 12 juillet 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Docteur Marto & Frères - Les Grands Ancêtres. Ligne de Don Qui. Été. Buenos-Aires

Date du document : 1984

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Ici le morceau rythmique de la fin est représentatif de la façon dont la langue devient le portrait filmique lui-même de la disparue, mitraillage kaléidoscopique.

I. Revay

Ça y est : par deux trous dans le cercueil ils descendent le corps de la mère directement dans le congélateur. Le mari et son frère de 14 ans enfant de chœur sont arrivés par surprise la nuit à l’Hôpital ; ils ont atteint le corps dans la chambre froide, lui ont administré des piqûres d’antigel par voie intramusculaire, l’ont enlevé : une ambulance les attendait. Puis, dès la maison de la Plaza Constitución, ils ont mis l’épouse dans le cercueil avec de la neige carbonique et ensuite ils l’enveloppent dans du papier cellophane pour la mettre dans le congélateur. Ils font partie de la secte Orphiste.
Elle est passée des communs à la crypte, la grotte, la crupta, la crotte qui a été recreusée dans sa voûte pour pouvoir ouvrir le couvercle.
Le Docteur garde sa femme cryogénisée avec lui, parce qu’elle n’a pas voulu d’enfant, comme un espoir lointain, et, enfermé dans cette crypte, il passe son temps à se projeter sans cesse d’anciens films de sa vie en 9,5 mm noirs et blancs, au-dessus du bourdonnement du corps mort. Monica était la sœur de Monique, de la Folie-Méricourt, musicienne accomplie comme elle. Il est né en 48. En 84, il était persuadé que le monde allait se retourner, il pensait qu’on allait rentrer dans le Siècle d’Or et l’Ère d’Orphée, et pour rentrer dans ce Siècle d’Or, il lui fallait absolument cryogéniser son épouse et tous les êtres chers de sa famille.
Ensuite toutes les personnes mortes de la Tribu de Prosper et des Frères Naskonchass lui ont été fournies par les Docteurs Civière, Decaisse et Dufourgon sis place de La Monnaie, les plus mauvais de Bordeaux. Comme ils s’occupaient beaucoup de ceux-là, tous en sont morts assez rapidement. Quant au Docteur Pantoja, il se chargeait de l’export des corps.
À présent, au centre de la crypte, le gros congélateur est celui de Roméo et Juliette, puis vient celui des amants Colomb et Souley, de Bordeaux, et ensuite toute la liste des cadavres du Docteur ; ça fait un bruit d’Enfer !

Publié le 8 juillet 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Le Mouvement ! - Les Grands Ancêtres. Ligne de Don Qui. Automne

Date du document : 1984

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Où il est encore question de la prosodie, d’Aragon autant que du Maimonides Hospital, mais surtout du “duende” des fuyeurs des Tribus diverses de la Cosmologie, des Incarnations et de la façon dont l’Inscription transforme les corps, de la théorie des veilleuses et de la formidable invention réclusive d’Aloysius Bertrand ou du peintre Luncarné.

I. Revay

Ne nous trompons pas : l’Oncle ne confondait pas l’emportement lourd, sans nuances, la célérité violente et massive du fascisme, avec la légèreté de ses chers “fuyeurs”. Il savait que la plupart des mouvements avaient lieu dans une vrille sur place, comme dans l’escalier d’ébène mauve d’Eliseo.
Disons de ce mouvement qu’il est simple, et qu’avec un vieux short ouvrier, un débardeur noir et des chaussures de fortune, en courant sur les plateaux aux ossatures crayeuses des Charentes, on peut y atteindre. Aux moments où tout paraît désespéré, dans la pire Guerre, le plus désastreux conflit, la course offrant un peu de sueur assez tôt, avant les tâches, et l’illumination revenait.
On avait de ces bonheurs simples du Dimanche, avec le coq ; des
bonheurs fermiers, des bonheurs contigus à la terre même ; rien de plus compliqué.
Le Mouvement tenait à cela : retrouver dans les premières lueurs
matinales toute l’archéologie de la Tribu, tout le mérite des Poussées Ouvrières.

Publié le 4 juillet 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Nicolas, toujours vers l’Est - Les Adolescents. Ligne de Nicolas. Été

Date du document : 2000

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Il y est question de Rimbaud, de Pasternak et Jivago, d’Apollinaire, de Hugo et d’Aragon, de “la plus banale romance” et de la transmigration prosodique. Puis encore de la verrité comme épaisseur du verre qui résiste à la vue, dont il est question ailleurs dans l'ouvrage.

I.Revay

À nous dans un multiple mouvement les grands pans de la pensée de l’irréel, les électrochocs de Fernande (que rappeleront si bien les spasmes de la petite chienne coker Pépita, gueule bavante dans les copeaux de bois), et ses faux bijoux du “Caillou du Rhône” ! Je suis devenu Sergueï Kaltoukine ! Ni plus ni moins “un personnage” (“Jean, laissez-moi arriver aussi !” germentent les cupidités, vous avez vu ? Valeurs poncives de l’écrit. Tout ça pour en placer d’autres, gros éléments, fournis en quiproquo.), le jour où j’ai découvert que la majorité de mes poèmes préférés, jusqu’au rythme octosyllabique de leurs franchises hivernales (auxquelles je tenais tant !), avaient déjà été écrits en mieux par Boris Pasternak.
Dans ce temps-là, Lola La Noire (grise sur la plage) fuyait la nuit dans les monts de Castille en chantant des idioties, folle, déliée :
“Qui pue tant du cu et
Perd ainsi son beau cerveau,
Son sage servage en cerceaux ?”
Je ne connaissais alors que l’art de la liste, et la compagnie de poètes russes alcooliques déambulant au petit jour, feulant de moins en moins jusqu’à la puissance fabuleuse sans objet peint, raclant le vers pour atteindre l’insignifiance sans cataplasmes ni connotations, plus ondulatoires que corpusculaires, la bouche embrassant avec angoisse forte la loi, la pressant de leurs bras sur les deux bords avec leur habitude cosaque de cavaliers de fer soumis à l’endurance, rapeux.

Publié le 1er juillet 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Don Qui à Buenos-Aires - Les Grands Ancêtres. Ligne de Don Qui. Été

Date du document : 1989

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Nouvelles du Tío de Buenos Aires
Buenos Aires s’est appelée dans l’Antiquité Buenos Eros, car elle était la capitale d’un Eros primordial antérieur à toute division des sexes, Chaos et Genèse.
Domingo, frère d’Eliseo, réfugié à Buenos Aires (on vous dira l’Histoire de la Ville), est un Fou du Cinéma. C’est le mari exilé de la Tía, restée habiter rue du Port parce que c’est de là qu’il est parti et elle attend qu’il revienne par-là. Il était parti pour faire fortune ; il a fait fortune, il est resté. Il veut saisir la Vie entre ses mains. C’est un collectionneur, et en particulier des Inventions-Ancêtres du Cinéma : zootrope, praxinoscope, etc. Il n’a pas eu d’enfant et vit la plupart du temps dans l’Obscurité, surtout depuis qu’il est devenu aveugle, même s’il distingue un fond gris-doré, “là votre main, et même un peu de votre visage, de près…”
C’est l’Oncle des Dimanches Après-Midi. Il s’est dit qu’en se gardant, lui l’apôtre du Mouvement Généralisé, des influences de la Tribu, il conserverait la nécessité impérieuse de la Recherche des Dimanches Après-Midi, cette exigence dont participe également la Radiophonie d’une façon non négligeable. Non pas l’exigence dans son énoncé, mais dans sa matière, dans sa sensualité (idée qui imprègnera le projet “Aube-Matière” de Daniel) : parfums, extase, vibrations, type d’oppression, inclinaisons de la lumière, coïncidences d’Ouranos et de la Terre déployés.

Publié le 28 juin 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Crise Mystique du Dépôt de Bus - Les Adolescents. Ligne de Nicolas. Été

Date du document : 1966 & 1971

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Crise Mystique du Dépôt des Bus
Celui qui vient du Dépôt des Autobus passant sous des platanes et des tilleuls sur les Boulevards vers le cimetière, mais de l’autre côté sous les pins parasols de l’allée des Pins (il ne s’en souvient guère !) a vu “Irène soignant saint Sébastien” mais moins intéressant que les Commandements qui lui furent dictés.
C’est Nicolas Zemacks, toujours soigneux, pli et revers sur un pantalon de laine gris, fine silhouette issue de l’Est, brume et toux incessante de fumeur invétéré, suivi par une quantité d’insectes et d’animaux de toutes sortes, notamment les blattes.
Il dit : “Dieu, j’attends des jours le fade artifice des rosaces défleuries, des Rois de Gloire qu’on défenestre, et le Carnaval éprouvé, pour noter sur un terrain d’égalité les tombes aux teintes détestées jadis enfant.
Par une romance mécanique sotte aux pieds nus du joli village, j’appelle à boire le sang noir des victimes qui circule dans le rocher, les ombres confondues des Jeunes Filles dans la cire et des Anges demeurés.
Orphelin, j’ai grandi en perpétuant cette féérie !”
Il va.
Ce paquet de chair étroite comme un gnome rouge, choit.
Belles noctambules, arômes indiens, piments désunis.
Champ où le seul jeu est le croquet avec des maillets d’os et des boules de peau.
Chaque cri lance un écho vers une cible invisible.

Publié le 27 juin 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Rbsprr - Histoire Deux. Visionnaires

Date du document : 1989

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Rbsprr !
« Est-il déjà levé ?
— Est-ce qu’il a mangé des légumes ? » disaient les filles.
Arriver dans une ville inconnue en Montagne effarée de paquerettes sur des parterres d’herbe grasse et mouillée, découvrir l’âme soleilleuse de chacun à chaque fois dans la circulation effrénée des reflets, voilà quel était son réveil ébahi.
Aujourd’hui dix heures de sommeil comme un hérisson se déplie, éblouissement de rosiers sur jachère, fouillis de thym, orties, blancheurs éparses, éclatement violet, tandis que le menuisier se plaint auprès du voisinage d’avoir dû refaire les plâtres à cause des cahots des carrioles de condamnés qui ébranlent tout à partir du pavé, “Bon-Ami” accompagné par le chien Black conduit les filles herboriser à Issy, manger sur les prairies de Meudon ou flâner dans les allées les plus retirées et profondes des Champs-Élysées où l’on voit Médée qui traîne en robe de deuil auprès des petits pavillons. Déjà on n’allait plus à dos d’âne dîner dans l’herbe à Robinson.
Mais en dehors de cette journée exceptionnelle, en bon père de famille qui craint les femmes et l’argent, il préfère généralement à tous ces endroits le jardin paysagé de Duplay : ainsi on a le monde entier chez soi.
Nus sur le pré, les sans-culottes découvrirent qu’ils avaient des sentiments, je l’ai déjà dit (prenez des notes !). Rbsprr n’avait que de la vertu.
Que cherchait Rbsprr en remontant du regard cette chair blanche jusqu’à l’embouchure ? À discerner l’effet de contagion de la scarlatine sur les punaises ? Il était touché par ces yeux cernés sur ses joues rondes, ce nez à peine épaté, cette chevelure ébouriffée de fraîcheur, soulevée par le
printemps. Il ne cherchait certainement pas la version Or ; plutôt la version fragile de l’argent, sinon sa version orange de la simplicité.

Publié le 26 juin 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Saïd vers Strasbourg - Les Escholiers Primaires. Extensions de la Ligne de Nicolaï. Automne

Date du document : Tours 1984

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Saïd. Vers Strasbourg !
Mañana : “Alors que “j’en décousais” avec Macha, Saïd mettait la
dernière main à son système concernant la classification des esquives, et voulait le confronter à l’expérience d’Habersetzer, qu’il devait rencontrer le week-end même à Strasbourg, avant d’en faire un matériau chorégraphique qui puisse servir soit d’intermède (comme au temps du
Roi-Soleil), soit en l’intégrant au travail dramatique et en particulier à la
chorégraphie des Andalous.”
Pendant qu’il travaillait, Claudia l’observait de tout près (les dents, les cheveux), en réservant sur son visage des zones de prélèvement pour son univers, fait de petits morceaux, d’intenses instants, pris ici ou là, et jointoyés, comme d’autres se font une robe de patchwork. Sa Carte du Tendre allait de Pantin au Chemin Vert où elle était née.
Voici la classification des esquives à laquelle était parvenu Saïd :
– côté/déplacement latéral du buste
– déplacement/retrait du buste/rotation
– absorption par le hara
– retrait arrière du buste
– déplacement/rotation/retrait 1/4 de cercle du pied du côté du coup
– rotations du buste
– rotations de la tête :
. sur son axe
. en effectuant 1/2 cercle d’un côté ou de l’autre
En ce qui concerne les contre-attaques, il me semblait que sa typologie était presque exhaustive, en tout cas bien plus complète que celle de R. Habersetzer.

Publié le 19 juin 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Rouen & Cæn : plusieurs incarnations. - Les Anartistes. Toyrangeau. Saison de la Terre

Date du document : 1982

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

(Usines de la Toussaint)
À Rouen passe au petit jour le cortège d’un jeune homme de 25 ans qui va être fusillé, plein d’émotion et de malfaisance. Il a la sensibilité infinie de vérité de celui qui a rédigé le procès de Jeanne d’Arc, ici-même.
Il a été amené de Fresnes dans la nuit. Long couloir de la cathédrale d’acier :
« Au revoir Béraud ! Adieu Combel ! »
Voiture Amilcar noire jusqu’au poteau dressé au bas d’une butte de gazon, surplombant le fleuve.
Il refuse le bandeau sur les yeux. Il crie à ceux qui le mettent en joue:
« Courage ! » Et il est tombé.
Anoxies du bonheur, erreurs de la colère, envolées…

*

Toyrangeau : “Je devais me lever très tôt à Rouen, parti de Tours hier avec Nini Ruth pour retrouver entre autres Nicolaï et Charette à l’Atelier des Décors (il montait un spectacle là-bas, comme souvent, et ailleurs ; il y connaissait tout le monde ; on devait y choisir des éléments de décors pour Cádiz entre autres) et je m’éveillai en sursaut (il faisait crûment froid), croyant que la petite pendule sur la table de nuit m’avait oublié. Il n’en était rien et son battement cardiaque me parut assourdissant, s’associant à une douleur fulgurante du deltoïde qui provenait d’un effort fait en rêve, de transport de caisses très lourdes, que je venais d’abandonner précipitamment. J’enfilai aussitôt un tricot de laine angora et replongeai.

Publié le 18 juin 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Toyrangeau à Rouen - Les Anartistes. Saison de la Terre

Date du document : 1982

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Léonard et des pipes
“Voici une voiture américaine défoncée, blanche, sale ; puis tout un vieil autobus de défoncés à leur tour, les poches pleines de doses, avec dans les pognes des frontignans de Graves, qui traverse la ville arrivant droit du mont Tessin.
Darnes soudaines du cauchemar ! Plus de julot vedette, ni de sexe à la fleur d’anis. Dès qu’elle boit trop, elle perd son bikini, Nini. “Donne-nous un an, et je partirons ! Sinon je m’avangerai !” Multiples pluriels, chez elle. On a raclé ce seul argument par quoi elle aurait pu être émue, Nini Ruth :
« C‘est par ici, qu’il est mort ! »
Nini nous parle du grand mort et du petit mort, de sa conception dans le Vent par la bouche ouverte, alors qu’elle survolait, là-haut, le Château, grâce au rhume et à la codéïne. J’adore quand on parle de Léonard, avec Nini.
“Je porterai toujours ce sourire de visage envisagé pendant le voillage, et sans jamais me dévêtir ! L’excessive force de la lumière est à ce prix. Tout est comme une neige silencieuse désormais.”
« Il aurait lu ça dans Milan, tu vois ! Un milan, un vautour... Le
vautour, c’est la Mort, c’est la Mère. Les souvenirs d’enfance sont
débauchés par elle.
— Quand j’étais couché dans Marie, près du couvent Sainte-Monique, la première nuit, j’ai pensé : “Voilà que j’épouse la mer Maorte ! Sacré coup au cœur !” » dit Nicolaï.

Publié le 17 juin 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

La Grande Concentration de Douai - Folie-Méricourt vers le Nord. Terre

Date du document : 1991

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Dans cette énorme Concentration de Douai, on trouve toute sorte de pédants, dont Sévèrimus, ce rat de bibliothèque délirant sur l’intertextualité de Rimbaud, qui parle ailleurs des correspondances entre les “Intimités d’un Séminariste” et “Le Petit Chose”.
Chaque porte qu’on ouvre donne sur un conférencier, un causeur, un débat…

Se tient entre autres, dans une des salles, le “Congrès international de sciences Onomastiques”.
Toute une Tribu puante de singes, de vieux josués d’incantations se pressent dans l’assemblée, à dialecter. Sévèrimus, s’excitant, relance de plus belle ses éternels arguments sur l’intertextualité. Et cette fois sur les emprunts de Rimbaud à Vigny, repris par deux choreutes. Ce n’était pas souvent qu’un rat de bibliothèque de son acabit trouvait à être entendu.
« Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles, Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. Rimbaud.
— Aux harpons indiens ils portent pour épaves Leurs habits déchirés sur leurs corps refroidis. De Vigny.
— Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, Rimbaud.
— À celui qui soutient les pôles et balance L’équateur hérissé des longs méridiens. De Vigny.
— Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres... Rimbaud.
— Plus rare que la perle et que le diamant ; De Vigny.
— J’ai heurté, savez-vous d’incroyables Florides... Rimbaud.
— Un soir enfin, les vents qui soufflent des Florides L’entraînent vers la France et ses bords pluvieux. Un pêcheur accroupi sous des rochers arides Tire dans ses filets le flacon précieux.(....) Quel est cet élixir noir et mystérieux. De Vigny.
— Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache Noire et froide où vers le crépuscule embaumé Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche Un bâteau frêle comme un papillon de mai. Rimbaud.
— Qu’il est sans gouvernail, et partant sans ressource, De Vigny.
— Me lava, dispersant gouvernail et grappin. Rimbaud.

Publié le 17 juin 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Groupe de la Folie-Méricourt à Arras - Les Orphelins Colporteurs. Saison de la Terre

Date du document : 1989

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Théâtre d’Arras
(Toute la Bande de la Folie-Méricourt, Monique en tête, avec Ariane, Frédéric/que, Rio, etc. fuit vers le nord, parallèlement à Orphée, qu’elles entr’aperçoivent de temps à autre, une ou deux fois, de loin, harassé de neige alors qu’elles-mêmes coupent régulièrement à travers champs, franchissant les clôtures et les barbelés. Elles se rendent à la Concentration du Nord répartie dans les grandes villes autour des Trous Noirs Miniers : Loos, Liévin, Herzelle, Douai, Arras… et jusqu’à la mer du Nord.
Des discussions cruciales se tiennent, animées par “les plus rapides” à travers toutes ces villes : dans les cafés, les maisons, toutes halles et toutes salles disponibles. À chaque maison qu’on franchit, chaque porte qu’on ouvre, une bouffée de débats et de cons bus surgit ; cela porte sur les champs les plus divers, depuis les discussions sur le cinéma, animées par Dupin et Hœyliss, jusqu’aux plus grandes finesses prosodiques de la poésie. Les groupes ne sont pas préformés, chacun circule d’un lieu à l’autre, s’arrête comme cela lui convient et participe ou non aux débats.
À Arras, une pièce se joue où des personnages qui vont du Moyen-Âge à la Révolution interviennent pêle-mêle.)

Arras
(Magloire vient d’être dénoncé par l’ouvrière en linge Rimbaud)
Magloire : « Par mon âme, en automne, on en tuera trois cents !
Morgue : — Certes, Madame, ce sera un grand festin, que les Ours se gavant pour l’Hiver, si bons danseurs dans 95% des forêts.

Publié le 7 juin 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Le Réseau Osiris 44 à Dijon - Les Gras. Ligne de Henri. Terre

Date du document : 1986

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Cela étant, supposons qu’un associé de Champlain qui n’ait connaissance ni du témoignage de Skorzeny depuis le pic du Gran Sasso, ni de la plus belle carte de neige paillettée d’argent et d’or de Henri, décroche son appareil. Après une double présélection (espace, puis temps), il se trouve relié à un sélecteur de zone situé dans la zone des neiges 22, qui sera plus tard installée par un de ses descendants (le terrible Henri, destiné malheureusement à mourir dans une humidité des neiges qu’il a toujours détestée, en Côte-d’Or, à la recherche du secret d’Aloysius et de Bruges). Les chercheurs discriminateurs de cette zone sont représentés sous la même forme que ceux de la zone 44, c’est-à-dire par des chercheurs dont le champ d’exploration possède deux parties, a’ et b’. La partie a’ donne accès à des lignes auxiliaires qui sortent de la zone après avoir traversé un circuit de discrimination temporelle, et aboutissent chacune à un sélecteur de zone géographique situé dans le centre nodal 33, alors que la partie b’ donne accès à d’autres sélecteurs de plusieurs milliers de plateaux à la fois géographiques et géologiques. On ne peut pas parler pour autant de “mémoire”.

Publié le 28 mai 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Osiris à Dijon - Les Gras. Ligne de Henri. Terre

Date du document : 1986

Texte inédit

Osiris, écharde des dieux rend visite à Henri à Dijon
Quand Osiris voyage, c’est avec Isis, (qui n’est pas la Sabine qu’on croit, c’en est une autre, qui se nomme parfois Linda Lovelos !). Il voyage également en compagnie d’Orphée. L’arrêt sous le pont, toute cette poésie-là, ça c’est quand Osiris se rend chez Henri. Il a pour but de créer un ballet avec Isis et de mettre au point un réseau télégraphique efficace avec les Enguirlandés et les Conjurés Clignotants de la Tour Eiffel.
Ça commence toujours à la fin par la difficulté d’ingestion du café, et la démesure des entrelacs vertigineux de métal dans les hauteurs prodigieuses de la Nuit au-dessus, jusqu’à l’excès d’acide nitrique du steak venu des cuisines du Tartare ingurgité à Midi qui produit des anthrax…
Un rien d’Hiver suffisant à dissoudre et confondre toute son énergie depuis le petit café bleuâtre au-delà de Lyon vers la Côte-d’Or, jusqu’ à la terrasse du cimetière aux abords de la ville : épines du désert, chardon, croissants et tour ; puis sa voix (l’esquive est un don des dieux, il se souvient aussitôt des étoiles d’argent et dorées chues de la petite carte envoyée par Henri), pour ne plus laisser que la forme horrible.

Publié le 24 mai 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Lambeaux de Roman dans les Andes - Les Grands Ancêtres. Ligne de Don Qui. Automne

Date du document : 1991

Texte inédit

“Vive le Roman de Brut, le Wace tendre !”
« Qu’avez-vous fait aujourd’hui ? », demande le moine des Andes de Mendoza aux Jeunes Croisés. À travers les différents graphes du passage du Col, ils se sont rendus vers des énoncés fondateurs. Ils y ont rencontré l’Homme Invisible, avec son nez, si différent de Gogol, en carton-pâte, qui peut fondre si bien sous la pluie, la neige de Tamié, et qui est ce qui apparaît d’abord, rouge et luisant entre les pansements, qui dépasse. Sa bouche, quant à elle, dévore tout le bas de la figure. Ils lui ont demandé comment il avait pu réussir à rater l’expédition dans le Grand Magasin (celui des Marx) où l’on trouve tout, pour finir par se projeter dans des conditions pires, le degré au-dessous, dans l’antique magasin du vieillard. Pourquoi n’attend-il pas la nuit suivante ? C’est la même opposition qu’entre “Le Bonheur des Dames” et la petite boutique d’en face, ou le magasin du père Lalouette. Le bonheur, c’est comme la modernité : toute parodie en est immédiatement visible.

Publié le 19 mai 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Érec & Énide Mariés Alpestres - Les Orphelins Colporteurs. Ligne de l'Hospice. Automne

Date du document : 1991

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

L’invocation de Léopardi n’est pas pour rien dans cette cristallisation des Voix qui représente (avant le Continent O final) l’aboutissement de la Cosmologie en sa forme poétique, emportant à la fois les “États” désubjectivés, la dimension épique et une narrativité qui procède par sauts, en pointillés.
On distinguera cette Vérité, ici dite “Voix de basse, grave, noire, en même temps qu’un essoufflement de marche sur la Neige” de la Verrité, résistance du défaut du verre à la vue, présente en de multiples endroits de “Quartiers de ON !” et dont on donnera ici même une condensation.
Lucinda Véron-Féret

Chalet des Mariés Alpestres (Érec et Énide)
Chez Clotilde. Printemps
Clotilde : « Prenons galoches à taches rayées. Bouchons avec une
rissole. Un batteur soulève la batteuse avec ses reins. »
Énide : « Le requiem du requin blanc,
l’ours dans son blanc suaire,
albatros, miracle de plumes,
vastes prairies liquides de Krill…
Prends la garde près des orages
(Seules, les Nuées envisagent) ;
Voici les mythes d’autrefois,
Inexplicables de parfum,
Inouis, pullulants, sauvages.»

Désormais, à cette hauteur, toute saison a disparu, dans cet endroit qui lave l’œil de la poussière des âges filtrant le soleil à travers les yeux des morts pour en obscurcir l’éclat et qui, par une perception sporadique de détails isolés, brise les shèmes imposés faisant écran à l’émerveillement.
La présence des Mariés Alpestres, devant le chalet de Clotilde, ressemble à un transport au cerveau, une trépanation, la vrille de la mèche à l’aplomb de l’oreille dans un angle de 15° vers l’occiput. Leur retard à surgir est semblable à celui de la compréhension des ravages de l’amour. On ne peut plus y surseoir, voilà ce qu’ils disent, et cependant, à travers leur esprit, courent encore transversalement des allongements répétés, des lâchetés, des faiblesses.
“Nous répugnons à l’albinos, avec sa blancheur diffuse, à la tristesse de la ville de Lima, qui porte le deuil blanc de ses tremblements de terre, au surnaturel marmoréen de ce mort-là, aux processions du dimanche blanc de Pentecôte et à la grandeur sauvage des “Blancs Chaperons” rapportée par Froissart d’entre ses feuilletés et les résonnances des condensateurs par où sa voix passe, mais, plus encore qu’aux manteaux de neige sur l’épaule des fantômes, à cette étendue, à cette ubiquité dans le temps, mythique, à cette majesté, cette pureté, cette effroyable divinité de silence, peuplée de sens, remplie de l’absence des couleurs et de la fusion de toutes les races qu’est la Neige !”

Érec : « Laissez-moi toucher la lumière blanche
Et voir, sur la même ligne :
Le mal, moindre bien ; le bien, moindre mal.
Tenus entre les deux mains.

Dieu est un climat :
Par exemple la première chute de neige,
Un été indien,
Ou le bruit du vent contre la porte*. »
(*Beatles : “Christmas”)

Publié le 17 mai 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Corine Lepet & Tatia Mathy - Les Orphelins Colporteurs. Ligne de l'Hospice. Terre

Date du document : 1991

Texte inédit

Mario : “C’est à ce moment-là que je reçois le télégramme ne
comportant qu’un diagramme qui m’appelle auprès d’une jeune fille, Corine Lepet, résidant dans une station d’hiver près d’Innsbruck toute l’année. Le diagramme dessine l’onde de choc d’un projectile fusiforme.
Madre de Dios ! Quel flux ! S’agit-il d’une assignation (dès la page 9999 !) dans cette commune située à 1040 mètres d’altitude, ou bien du cri du fauconnier pour déloger le gibier d’un buisson, sinon de la coupure qui fait si bien communiquer deux dépressions ensemble ? Plutôt du “trobar clus”.
À travers l’écarté des feuilles : le flaquement des ailes et le cri des grues, malgré la grève.

Publié le 17 mai 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Myriam Dyndee - Les Ophelins Colporteurs. Ligne de l'Hospice. Terre

Date du document : 1988

Ce texte fait partie de “Quartiers de ON !” paru en 2004 aux éditions Verticales

Avant d’arriver au chalet des Alpes, Mario était bloqué par la chute de neige sur l’autoroute, avec Myriam Dyndee qui partait aux Indes. Elle voulait de là-bas prier pour eux, envoyer de la pensée positive au Mouvement, et “se rincer avant cela dans la blancheur” !
Il lui dit (il se voyait la sauter à toute force sur le siège arrière dans des ondulations et des pressions de son tube comme un arum précieux et contourné, s’imaginait qu’elle le suce tête de ballon fou avec des retraits formidables,
l’aspiration terrible du vide, les mille ressources de la muqueuse et les dix mille détours de la langue, jusqu’à la fracassante gelée, qu’elle le branle avec une brassée de fleurs exotiques, les mouvements du bassin et des hanches des poignets, et les crépitements cristallins des pas de danse des doigts sur le terrain de la concentration pelvienne, pour le moins !
)

Publié le 15 mai 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Equitable Building - Les Escholiers Primaires. Ligne de Nycéphore. Automne

Date du document : 1991

Texte inédit

La Déliaison

Roland Bergotte est assis au café en bas de l’Equitable Building à New York en compagnie d’un vieil ami à lui, André, qu’on voit souvent par ici, sommeiller sur les pailles, aux terrasses, ou rêvassant sur les quais de l’Hudson. Ils tiennent une sorte de conférence improvisée en compagnie de Nycéphore, qui ne parle pas beaucoup, et de Nathalie, assise en retrait, qui doit exécuter ce soir une danse d’un sommet à l’autre du building, exercice préparatoire à son numéro périlleux au sommet de l’antenne radio de l’Empire State Building. Tout un cortège de curieux, de journalistes et d’admirateurs se presse devant l’immeuble, répandu sur la place et depuis les rues avoisinantes, descendu en masse des voitures et tramways.
Mais taisons-nous et écoutons plutôt.
André : « Vous serez sans doute d’accord sur ceci que le texte littéraire et le texte du rêve ne se rapprochent que sur un point : celui d’être tous les deux présentés à travers l’élaboration secondaire. »
Roland : « Oui ; ce qui réclame de distinguer plus avant dans le texte la poésie qui est une danse au-dessus des mots dressés dans leur verticalité sensique et dans l’oubli de la chaîne métonymique (c’est du moins ce que j’ai trouvé à propos de “ces mots-objets sans liaison” dans “Les Absolus”), ce qui fait du Chinois la langue poétique par excellence, écriture et sans doute pensée déjà imprimante avant l’invention de l’imprimerie, parce que constituée d’une évidence de “blocs” ; au contraire de l’écriture alphabétique occidentale pour laquelle est indispensable le “saut qualitatif” de cette dé-liaison de la chaîne, faute de pouvoir passer aux caractères mobiles de Gutenberg. C’est également a contrario la “ficelle de Gutenberg”, ficelle de l’élaboration secondaire qui fait tenir ensemble les caractères, empêche que la page ne tombe “en pâte”, et résiste aux pressions primaires. La poésie trouve son acuité de cette tension extrème entre les deux poussées. Eros & Thanatos à l’œuvre. »
Il boit un peu de son lait-fraise, puis il reprend :
« La poésie, bien que traversant par son chanfrein toute l’histoire de la langue, présente donc le grand intérêt des discontinuités, du “délié” d’un geste dans l’espace, d’attitudes qui “ne font pas” histoire, ni préhistoire, ni lien ni sauce.
Et pour revenir à ce projet de La danseuse au sommet de l’Empire, que Nathalie Pelleport ici présente va bientôt réaliser (dont la performance de ce soir sera déjà un grand préalable), et que notre ami Nycéphore Naskonchass poursuit depuis Now Snow (et sans doute bien avant !), il est proche du raccourci sauvage de la sculpture de Degas, cette plasticité féroce, terriblement incarnée et redoutablement articulée, au désir entre autres, mais ni viande ni pure idéalité ridicule (du type Ecusette de Noireuil pour cette bourrique d’André Breton) ; plutôt formule de Rêvité (la Vérité qu’on retourne), d’un ensemble de mouvements et de leur possibilité contingente d’enthousiasme dans leurs articulations réciproques.

Publié le 13 mai 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Mariage de Aube & Nany - Les Adolescents. Ligne Aube & Nany. Été

Date du document : 1992

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

On voit ici (mais qui sait lire aujourd’hui ?) la multiplicité des écritures invitées (comme les invités au mariage) sur des registres tous différents, portées par tout un tas de personnages mythologiques traditionnels ou bien qui font partie des Tribus de la Cosmologie et qu’on retrouve ailleurs : Monique, de la Bande de la Folie-Méricourt (autour de laquelle entre autres se centre le recueil de Nouvelles de 1972 intitulé “Tuberculose du Roman”) ; Lydou, la compagne de Jean Sales le cinéaste, amie d’enfance de Aube qui habite le chateau de Terraube ; Maître Ho, un Chinois avec des disciples japonais qui organise des stages dans le Gers dont un des plus fameux participants est Saïd Hadjl… tout un bariolage d’étangetés qui constitue les cortèges. Et, parmi les allusions obscènes de rigueur dans ce genre de cérémonie : “…le vent fait claquer la chemise (“Remballe ça ; on ne s’en servira pas aujourd’hui” - raccourci - .)” pour un raccourci de détumescence que n’importe qui trimballe parmi les éméchés que toute fête excite, on trouve l’une des amorces des États du Monde en tant que tels : sensations, visions fugaces que personne ne saurait porter, comme on se demandait à l’invention de “La Paluche” de Beauviala : “quel corps peut porter cet
œil ?”
On se demande surtout qui sera capable de produire la théorie de cette énormité où curieusement on trouve moins de citations d’auteurs disparus, malgré la quantité des références et des allusions, que de courants du présent, courants qui sont dans l’océan des auteurs vivants, toutes nations confondues, les remous opérationnels d’une écriture en train de se faire et que l’auteur nomme pressent, à la fois ce qui urge et ce qui s’inscrit aujourd’hui, mais que masquent bien sûr les huiles de la surface.
Lucinda Véron-Féret

Mariage de Aube & Nany
(Lydou est là, l’amie de Aube, venue pour son mariage.)
Lydou : “Bien-être global au lever : jonquilles, coucous… se penchent !
Puis faim d’après-midi : brumes nombreuses au bas des arbres,
Toujours dansants dans les prairies.
Éden latéral : aucune explication ;
Foulard de soie de la surprise,
Selon si Déméter ramène Perséphone :
Pluie, ou faiblesse, ou changement de tenue !
Plus jamais le facteur Antonin Triptolème,
Dans la lumière tiède du petit matin
(Entre le Printemps & l’Été), avec toutes ses sacoches de blé :
Antonin, canne de nain !”, chantaient les gosses.”

Nous survenons au Château de Terraube par la route trop blanche, presque peinte, comme certaines façades sur la route de Saint-Puy, sauf l’Ecole. Les six mille amis approchent du village pour le mariage d’Aube et de Daniel, quittant les tentes, les cavernes, les buissons, les rochers, les tours et les citernes. Il y a ceux qui viennent d’Auch, de Fleurance et Condom, les élèves de maître Ho venus de Tokyo et ceux de Cádiz, d’Ampuero, de Laredo, de Santoña.
Suzuki : « Allez ! On marche, on mange. »
De grands chiens et des petits chiens les accompagnent, des petits chiens perdus et de grands chiens sauvés dans les premiers coucous d’entre les touffes et par les cîmes.
(Aube : “Je me suis levée ce matin à l’aube, et suis sortie me caresser à l’eau des calices de pêchers. Visage de bonheur du bébé à travers son verre, en
compagnie de tante et moi, quand nous avons petit-déjeuné, au Moulin. Puis je suis partie accompagner les chasseurs de la métairie et rentrée seule à pieds dans l’air frais où flottent les glycines. Une violente envie de peindre m’a saisie mais je ne voulais pas manquer ton arrivée; et puis ça ne convenait pas pour le jour du mariage.”)
Hasegawa : « Tu y es allé, là-dessous ? »
Suzuki : « Oui. Les corps étaient tout pleins d’eux-mêmes, les bras gonflés dans les chemises, membres charnus et ronds. Longtemps, je suis resté au bas du mur de la construction surchauffée (“il avait le feu au plafond !”) jamais poursuivie, au pied des piscines, somnolent, hirsute et près des ivrognes au sac ouvert, humide. La roue de la loterie du village tournait dans un grésillement d’attente. »
Yukio : « Mon souffle devient lourd. Je n’atteindrai pas le Château. Pardonnez-moi de n’avoir pas rempli mes devoirs de civilité. Je vais en souriant à la rencontre de la mort. »
(Cri terrible de la lance entendu par Hakuin, et de Breton surpris dans les chiottes). Il récite cette “chanson d’Aube” avant de mourir :

“3 octobre 33 hommes 33 maîtres.
Baguette qui fait vibrer le gong.
Ho !
Épée précieuse du roi-diamant,
Lion au poil d’or tapi sur le sol,
Perche à explorer munie d’herbes
À son extrémité qui fait ombre.
Ho !
Shikan !
Ta !
Za !”

Publié le 12 mai 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Débuts à l’Académie - Ligne des Adolescents. Aube & Nany

Date du document : 1974

Ce texte est inédit

En arrivant à l’Académie, Nany fut enthousiasmé par le ballet des étudiants transportant des panets avec des maquettes de déco-volume dessus ; tout ce va-et-vient effervescent correspondait à la préparation de l’exposition qui aurait lieu en fin d’année ; ces maquettes représentaient rarement de grands ensembles architecturaux ; simplement des aménagements de pavillons ou de villas, mais il n’avait jamais vu un tel agencement de matériaux “propres” sans trace de colle, sauf sur ses maquettes d’enfant d’avions et de bateaux : vitres de rhodoïd, bristol blanc des parois, menuiseries de balsa et de peuplier… l’œil glissait parfaitement là-dessus, et par ces villas à ciel ouvert on pouvait apercevoir jusqu’au moindre aménagement des salons, chambres, cuisines et salles de bains : petit poufs de carton recouverts de tissu, lavabos et faïences issus des chambres de poupées, achetés chez Verdeun, rideaux aux fenêtres. Parfois, projet de luxe, on apercevait une piscine. Il était ébahi par ce luxe en Gulliver admirant des demeures miniatures, presqu’à chercher leurs habitants, ébahi par la tenue printanière des étudiants, les chemises de coton bleues, l’époustouflant lilas mauve fleuri, la verdeur d’amande des tilleuls, celle plus soutenue des marronniers avec les cloches blanches pour des Pâques perpétuelles, le vernis des pavés de l’entrée et le crissement du gravier sableux de la cour arrière aux rares cailloux grisés, et par l’énorme fraîcheur recelée par l’énorme bâtisse de pierre de l’ancien Couvent Bénédictin des frères défricheurs.
Ces matériaux, ces tenues, cette mise à dispositon de tous les ateliers, bénéfiques, son ombre rapide et fraîche la première fois qu’il fut dans la galerie du premier étage, projetée sur les arbres en contrebas (ressurgis avec la même intensité quand il en parle), il ne ferait plus tard qu’à peine les entrevoir, prenant des œillères au fur à mesure pour focaliser sur les actions, mais il aurait perdu cette vision périphérique, cette exaltation ronde du monde et de l’œil, comme l’éblouissement des rayons sur le pont en venant, puis sur une montre au poignet d’une fille venant en face, et cette voiture aux enjoliveurs clinquants qui curieusement avait gardé ses phares pour rouler en plein soleil (feu droit plus puissant que le gauche) en toute incongruité avec la verdure partout exultante et la félicité poudreuse plus loin vers les coteaux.
Toute cette magie de la pratique se perdrait avec la restriction du champ, car il ne trouverait aucun plaisir à faire des maquettes aussi bien en déco plane qu’en déco volume.

Publié le 11 mai 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Dojo - Les Escholiers Primaires. Extensions de la Ligne de Nicolaï

Date du document : 1993

Ce texte est inédit

Yaka esquive par l’intérieur le tsuki droit de Yushi presque tous les jours dans le petit pavillon et simplement le bas mauve du kimono à peine relevé à la saison des jonquilles par boisseaux, le saisit et frappe empi-jodan, puis il retourne le bras droit en crochet, saisit Yushi derrière le crâne qu’il abaisse vers son genou droit la première fois les pommettes roses : elle osait à peine bouger sur le sol qui frappe hiza-geri shudan au plexus ; enfin il l’achève en prolongeant la saisie de son bras droit par une clé et en frappant tetsui-jodan à la nuque. Sa spécialité d’habitude ce sont les atémi sur la paroi dorsale après des revers tournants…
Yuki esquisse son favori : un mae-geri avec un retrait immédiat il était venu pour son éditeur aussitôt, à la fois esquive et “charge” sur l’autre côté pour lancer une frappe en geri ou tsuki ; mais il ne réussit pas à le placer ; donc au lieu de retirer le mae-geri, il le transforme en yoko-kekomi droit, plongeant, gedan. Yoko recule jambe droite avec gedan-baraï bras droit, puis enchaîne kizami-tzuki jodan gauche à la tempe, prolongeant la rotation amorcée par l’esquive.
Tenshin frappe Hiroo d’un coup de poing droit des kentos à la base du nez (jinchu ? keigo ?), frappe low-kick avec le tibia sur le fascia lata et le quadriceps gauche, et remonte du dessus des orteils aux testicules (kinteki ?).
Ping a l’habitude de la combinaison fiacres de cuir rouge à roues rouges mawashi-ura-mawashi héritée de Maître Nambu, mais cette fois-ci il redouble mawashi-geri droit une fois aux mollets, une fois au visage de Juve ; Juve esquive le il a fermé la porte sur la salle de danse second, poursuivant le cercle vers l’intérieur et frappe à son tour mawashi-geri jodan droit ; il va pour enchaîner tsuki du même côté, et regrette, voit passer une ombre immense un mawashi-jodan esquivé, qu’il aurait dû faire, suivi par uraken-tenshin de l’autre poing, en cédant à la courbe rue Morgue. Ping au lieu d’absorber sort du cercle et pigeons-paons par groupes esquive en latéral à 45°, et au moment où Juve on voyait toutes les filles en bas et collantes culottes noires trian…repose son pied frappe du pied gauche en pression du talon dans le creux poplité droit de la jambe droite à peine en appui pour la balayer et enchaîne dans le même temps en gyaku-tsuki à la tempe droite de Juve…gulaires.

Publié le 11 mai 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Jane Nose - Les Escholiers Primaires. Ligne de Nicolaï. Automne

Date du document : 1973 et 1976

Texte inédit. Ne pas oublier que les “Saisons Logiques” de la Cosmologie n’ont rien à voir avec celles du calendrier. Ici l'action se passe au Printemps, mais le récit fait partie de l'Automne dans la Ligne de Nicolaï.

« Tu veilleras sur moi ? »
Toute petite si triste avec sa bouche menue qui me pompe si bien la langue dans l’ombre nous glissant dessus en même temps que sa sensualité ; elle “qui ne desserrait pas les lèvres” tout à l’heure, me dit à présent : “J’ai envie de toi !”, mais je refuse, dans ce béton, laissant seulement glisser mes vêtements avec la nuit, me retrouvant tout nu contre elle, éprouvant ma queue de plus en plus tendue, jusqu’à la porter, la soulever toute depuis son entrecuisses, noir et maigre, les seins plats, têtons réduits à deux ronds, que j’embrasse, et que j’étire doucement sous le soutien-gorge de soie mauve, après avoir reniflé lentement ses aisselles…
J’aime les femmes à la tombée du soir en automne, le sens du corps, ce sursaut avant le silence définitif, aussi sauvage que la morsûre d’un loup à leur cou ; depuis cette jeune et rare architecte à travailler en mobylette qui me montrait ses entassements de cailloux du Quercy ; son nom… oublié, son prénom aussi ; seule l’odeur de mon sperme encore frais dans sa bouche, mais trop acide pour mon goût ; elle que je fuis en courant, sous les lancées des feux de boutiques, dans l’horreur incendiaire des luminaires de vitrines, extase citrique ! Jusqu’au repli enfin dans la bêtise alcaline et douillette…
Quel Docteur Noir me conseille là ? Quel jour de guillotine et de bouquets d’heureuses formules… Ce sont les zèles des bords, les autres bouches, le charme incomparable, de ce qui retombe aussitôt !
L’amour comme une chute, entre ses jambes en flaques grasses, le long de ses collants noirs qu’il faut nettoyer à l’eau en vitesse avant qu’elle aille récupérer ses enfants chez les Sœurs.
« Vous mangerez avec moi ? »
Au secret de son dos musculeux et fort, désirable parmi les pupitres dans le dortoir, mais pauvre quand tombe le soir, inattendu ; sa culotte que je baisse puis remonte aussitôt ; des fesses fortes, des seins bien pris ; la Fauve qui n’a pas assez à manger dans son foyer, ni bien, et dont le père fut emporté après une crise plus terrible que les autres, lui qui ne mangeait ni ne parlait depuis des années, devenu grabataire dans son lit, refusant à tout jamais de se lever, de sortir dans la cité, capturé à la fois par quatre infirmiers à la sortie du taudis : “croyez pas que je vais crever : j’suis pas si bête !”

Publié le 10 mai 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Monde Dic, Duc, Fac, Fer & Memo - Ligne du Chaos. Printemps

Date du document : 1992

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

“Cher Monsieur Luc, je vous remercie de votre courrier à propos de la cathédrale de Cadiz, mais contrairement à Baltrusaïtis, je ne suis pas un spécialiste de l’Herméneutique en la matière, et je ne pense pas pouvoir vous aider avant votre départ dans votre Projet Nomade Souverain, que ce soit en Andalousie ou aux Amériques.
Si j’ai écrit des petites choses à propos de la cathédrale d’Auch et de l’Hospice de la Charité à Séville, c’est au hasard de lignes biographiques et d’itinéraires du Jour des Morts. Je procède par termes aimants qui attirent à eux et arrachent ci et là des bribes de parcours, des morceaux de puzzle du Temps.
Duco.
P. S. N’oubliez pas que je ne suis qu’un chien.”

*

Duco suit en reniflant la ligne de fuite des Cathédrales et de la Toussaint, à Auch. Il sait que la ligne est un cheveu, qu’il ne faut rien imaginer, partir de la Vérité. Il regarde cette carte reçue de Aube, envoyée du Moulin du Mas pour annoncer son mariage : un gant blanc de main gauche, dont la couture, ourlet rouge du bord du poignet se scinde au milieu du dos de la main pour monter en arborescences veineuses jusqu’aux extrémités des doigts ; il songe à la semaine passée par La Fée Numida et Ulittle Nemo à Styx, à relever des empreintes des lignes de leurs quatre mains, à l’aide d’encre de taille-douce.
Il fait froid à Auch, pour le jour des Morts, en traversant le pont de Lagarrasic, puis suivant la double allée des platanes par l’autre rive et remontant les escaliers d’Artagnan le long des torchis de l’ancienne ville, passant sous les immenses magnolias au moment de la volée des cloches jusqu’à atteindre la cathédrale de 18 heures 30.
Arrêt au sommet. À peine décalé de l’axe du grand escalier, le sapin se dresse, spontanément ; accrochés de part et d’autre sur ses branches : tous les feux de la ville en dessous.
À gauche la grande avenue lance une guirlande illuminée vers Toulouse.
C’est le Noël des Morts, qui ne coïncide pas avec le nôtre.
Dans les chapelles retirés, l’étau splendide des verrières d’Arnaud de Moles, le cœur splendide de Jésus, rubis de la fournaise. Au centre, les stalles de chêne du grand chœur que Duco connaît si bien : musiciens, bouffons et rondes joyeuses se tressant avec les démons, les serpents et les monstres à travers les veines du bois.
Là comme à Reims, les ogives sont lancées tellement haut qu’elles disparaissent dans les lointains jusqu’à atteindre des profondeurs séculaires, se prolongeant en grottes verruqueuses suintantes et démesurées de plusieurs milliers de mètres de haut ; caverne de Reims, cathédrale creusée jusqu’au ciel paléolithique où tournoient les abîmes des rosaces tourbillonnantes.
On sera tous transparents, dans l’illimité, jetés dans l’océan de fleurs sur l’autel, des fleurs plus brillantes même que les veilleuses et que les cierges !

Publié le 9 mai 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Campagne/Compagne - Les Orphelins Colporteurs. Quintette de Campagne

Date du document : 1976

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Luc. Campagne/Compagne
C’est dans le Château de Terraube, chez Lydou, alors que je venais assister au mariage de Aube avant de me joindre à leur troupe pour Cádiz, que j’ai trouvé “son” journal à côté de “l’Avis aux Campagnes” lancé par Rbsprr.
Ce “Girondin” Amateur des Jardins et Amoureux des Contrées avait recherché pendant des années son amie intime disparue. Un rêve lui fit voir que la géographie de l’aimée s’était épanouie dans l’Univers, et qu’il suffisait qu’il retrouve là tel bosquet, ici tel flanc de coteau, pour que de ces repérages et de cette reconstitution mentale, elle renaisse ! Ainsi il traversa le Monde.
À un moment donné, il rencontra Orphée, dans le Gers, lui-même à la recherche d’Eurydice dans les rallyes que l’on sait, qui lui fit part de la mission errante des “Enguirlandés” ; il se sentit, à raison ou non, relever de cette immense migration infinie, et il continua ainsi, selon on ne sait quelles pérégrinations exactes, cette recherche à travers plusieurs pays, rencontrant parfois les membres de ceux qui portaient des tournoiements de lumières.

Il serait plus juste de dire qu’au lieu de lire j’assistai à son journal, car dans cette pièce à tapisserie de ton fruitif, en le lisant j’eus la sensation immédiate de rejoindre l’un de ceux que je suis. J’eus l’impression de découvrir un journal que j’aurais écrit. Que son auteur qui était resté là, celui que je fus et qu’il incarna, hanta ce château sans me nier pour autant. Je le retrouve aujourd’hui dans cette pièce curieusement fermée depuis le jour de ma naissance, par le hasard d’un enfant, ici mort dans un accident, un oncle de Lydou, tombé dans la mare aux pieds des remparts, l’hiver, et noyé sans qu’on l’entende.

Publié le 8 mai 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Orphée dans le Labyrinthe du Pays des Morts - Les Gras. Automne. Extensions de la Ligne Prosper

Date du document : 1984

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Orphée dans le Labyrinthe du Pays des Morts
(“Che sera sera.”Doris Day. Chanson de “L’homme qui en savait trop”avec James Stewart.)
Plan de la course essoufflé au sommet du labyrinthe.
Vent.
Temps froid.
À quelque chose. À une autre (époque dans la disparition) ! Mais je ne sais pas laquelle.
Lac de la pensée, que c’est beau ! Déproprié.
(Aurait souhaité atteindre ces passants d’un autre univers en parallèle auquel on ne peut avoir accès (mais dont ils désignent en même temps le bonheur possible impensable))

Publié le 18 avril 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Prosper & Orphée au Pays des Morts - Les Gras. Automne

Date du document : 1984

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Chambre de l’Hôtel où loge Orphée, au Pays des Morts
On ne peut vivre avec les Morts, mais on ne peut vivre non plus sans eux.
“Cette chambre est dans un carrefour électrique et joyeux ; elle a de multiples entrées qui ne se supperposent pas.
De multiples accès par le rêve.
Il n’y a pas de continuité logique dans la façon de l’atteindre, mais cependant la réunion de tous ces accès lui confère une entrée multiple, une infinité de correspondances entre les différentes torsions de plans.
Il y a entre autres une véritable “réception” située flanc droit d’un immeuble, au deux ou troisième étage. Ensemble très propre et très aéré ; meubles cirés et napperons.
La patronne est opulente ; beaucoup de draps ajourés de dentelles, jusque dans la tenue des femmes de chambre.

Publié le 17 avril 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Orphée en Rallye - Les Grands Ancêtres. Mac Carthy. Saison de la Terre

Date du document : 1992

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Orphée. Rallye de Mort
Un pote à moi retrouvé à Terraube et qui était commissaire sur cette course, m’avait demandé si je pouvais servir de copilote à un gars dont le sien venait de subir un très grave accident. Je n’avais pas tout de suite reconnu le paternel de Marie-Violante, (une ennemie d’enfance de Nicolaï perdue de vue depuis longtemps), malgré son pif écrasé et ses oreilles en choux-fleur, et pour cette fois-là, je ne pourrais éviter de grimper dans sa Datsun, “voiture sauvage” dont à l’époque il se servait encore en rallye.
Pour éviter de tourner deux pages à la fois et de se planter, le copilote précédent avait repris le vieux truc du rouleau de papier-cul bien solide comme “road-book”, sur lequel il avait redessiné tous les virages lors du premier parcours fait d’abord très lentement avec un repérage précis, y compris sur le kilométrage. Ce genre de notation de la route en sténo, avec quelle vitesse pour aborder et pour sortir, les diagonales éventuelles, me paraissait un furieux secret sur ce qui va arriver, magie d’un paysage surgissant d’un rouleau. On sait ce qui nous attend. C’est une architecture d’avant Monteverdi, d’avant l’irruption de l’émotion et son crash baroque de mille ruptures. Alors que même la voie de retour d’un parcours connu, par exemple, comme me l’a déjà fait remarquer Ulittle Nemo, est généralement impossible à prévoir à partir des seules remembrances de l’aller : c’est véritablement un paysage au-delà du miroir.
Avec ça on était attentif aux cahots, bien mieux que sur un carnet à spirales, on anticipait toute trajectoire sans risquer d’abîmer la voiture, et on pouvait réussir à arriver dans les meilleurs temps.
Pas besoin du nombre de pages ni de reporter les premières notes de la page suivante en bas à droite comme sur un carnet : seulement l’intitulé de la course et la distance à parcourir, figurant en haut. Un copain à moi ainsi s’est écrasé, parce qu’un musicien grec, copilote avait tourné par erreur deux pages à la fois, donnant un virage très rapide à gauche pour un très lent à droite.
Quand je conduis, je me dis souvent : “Je me suis soumis à elle pour l’Eldorado, parole de miel et lune de même, mais c’est La Mort qui me passionne, essaim vibrant des fureurs noirâtres. Nicolaï lui-même a connu trois femmes, mais surtout une Fée, en dehors, la Fée Noire des moutonnements de la Ruhr, et c’est bien grâce à elle, sur la prairie aux Ombres Noires, qu’il a pu entrevoir la demeure de La Belle Au Bois Dormant près de Hrad Smrti, la seule Fiancée capable de devenir La Future, mais que sa folie sexuelle l’a empêché à jamais de rencontrer. C’est La Mort que je tiens devant les yeux lorsque je conduis.”

Publié le 6 avril 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Mort d’Eurydice - Les Grands Ancêtres. Ligne de Mac Carthy. Terre

Date du document : 1992

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Gers. Mort d’Eurydice
Eurydice est disparue dans le Gers en même temps que sa voiture, sans qu’il y ait eu d’accident. C’était la compagne d’école de Lydou et de Aube. Elles ont connu et fréquenté les mêmes endroits ; toutes deux essaient à présent dans une concentration féroce, grâce à la machine de Georges le Fou, de retrouver sa mémoire grâce à leur mémoire commune possible, communale et primaire, transversale parfois.
Si elles y parviennent, elles atteindront également au lieu où elle se trouve actuellement

Publié le 27 mars 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Enfants Croisés - Histoire Deux

Date du document : 1975

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

II. Enfants Croisés

1. Nicolas
C’est à Cologne en Hiver, que Nicolas
Au Printemps, qu’Étienne,
Lançant les leurs, soulèvent, réunissent,
Baptisent et passent à pied sec.

Tout ce qui est émotion en Europe a fui !
Cologne-Mayence-Spire-Colmar-Rhin gauche,
Alpes, Italie du Nord :
Pillage, attaques, défections…
Gênes, Pise, Brindisi :
Déflagration psychique !

Anarchie des jeunes filles et des hommes mêlés
Au Panier :
On joue de la flûte ; on jette la flûte !
Les drapeaux claquent au vent de la Mer !

Les armateurs marchands ont baisé le cul du Diable ;
Frédéric en rachète sept cents :
Jouissance dans le Seigneur !

Publié le 25 mars 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Ulysse par Ports et par Mer - Les Grands Ancêtres. Ligne de Mac Carthy. Terre

Date du document : Décembre 1968, 1978 et 1980

Ce texte fait partie de “Quartiers de ON !” paru en 2004 aux éditions Verticales et du Livre Poétique de Nicolaï dans OGR en cours de publication sur ce site.

Ulysse par Ports et par Mer
(Lunette Arrière de la Voiture)

Bel Ulysse, aux traits distingués sous les arbres
Avec difficulté,
Aux suées sous les ifs, les aunes, les yeuses
Par les rues emporté, pluvieuses, dans la voiture,
Sur la banquette arrière, balloté,

Vois comme le vide est bon, du quotidien pulpeux
Jouant d’harmonies symboliques
Dans l’éclairage phareux des quinquets.

Le Monde est magnifique de la Nuit ;
Ton vaisseau va, rapide parmi les toiles
Claquantes du ciel, les lueurs oranges
Dont les bougnats sont ailleurs.
Et c’est un incendie de millions de figures
Que ton visage sous les saccades de poulpes de lunes
Soudaines, aussitôt changeantes,
Aux tentacules électriques.

Publié le 27 février 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Chanson d’un Iralandadais - Les Grands Ancêtres. Ligne de Mac Carthy. Printemps

Date du document : 1978

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Chanson d’un Iralandadais pinté dans les rues de Limer’ Hic !
Qu’est-ce que le Daily Mail disait du Home Rul ?
Accordé à l’Irlande ou non
Et de la Grêce, ce tas de ruines
Avec Aristote
ce loubard comme serviteur d’hôtel
En gilet crasseux qui nous réveille pour partir à Olympie.

Publié le 27 février 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Corn - Les Grands Ancêtres. Ligne de Mac Carthy. Hiver

Date du document : 1986

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Corn
Avant de marcher, voyons où nous sommes (“Votons !” diraient certains). En Irlande, et nulle part ailleurs. Ce ne sont ni les beaux pâturages de l’Acadie, ni la fête baroque et débordante au boudin de Bâton-Rouge, ni la liaison impérieuse du Désert & Désir de Lawrence. À peine le riche fenouil des dômes d’herbe et des scansions démoniaques où traînent Corb, Ecca et Art, et que surveillent les paissantes Matrones porteuses de médicaments.
Et cependant la viande rentre à la fois par une même bouchée goulue entre les dents de ceux qui attendent, dans les oasis fertiles en compagnie des anges tutélaires porteurs de gâteaux de miel et d’excédents surnuméraires, que la série des moutons de l’hospitalité des Haoueitates soit épuisée avec le riz graisseux, pour retrouver le pouvoir de digérer et de faire un mouvement, faisant disparaître du même coup les gros boutons sur le nez et les furoncles derrière les genoux ; la viande rentre avec le tchocolalt
fourni sur les lapins grillés, sur les hauts plateaux du Mexique, dans la bouche d’où jaillissent les démons.
Ainsi l’attaque est bonne.

Publié le 27 février 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

L’Olympe - Les Grands Ancêtres. Ligne de Mac Carthy. Printemps

Date du document : 1992

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Olympe
Ça brasse dans le pub de “L’Olympe”. On dira plus tard. Ça tient beaucoup de l’Irlande pour les bagarres avec des fanatiques d’Hawthorne, et pour la boisson comme aux sous-bois l’ondée savoureuse sur les lierres, le jour de l’averse bienvenue. Mais surtout ça se transforme sans arrêt, se métamorphose ; les Dieux n’ont plus de tenue ; ils lisent et adorent Sarduy dans le texte depuis que l’Oncle leur a fourni “Cobra”, “Maïtreya”, “Colibri”, “Cocuyo” et “Pájaros de la playa” et encore plus depuis qu’il est parmi eux ; ils se moquent l’un de l’autre, passent l’un dans l’autre ; ils sont pires que des travelos ; ça c’est “la version Cabaret”.
Pleut donc ! Cyclistes au short en bâche (bonheur du relâchement des conduits, sans futur ni passé). On voit d’ici à travers le slip du Peuple Belfast la tête du gros John London cultivateur de potatoes s’annoncer vers les vitraux d’un de ses Pubs de la semaine !
Pluie ne peut être imaginée tant qu’elle ne chute pas. Seulement ses prémices ne suffisent. Par contre, son ballet nous entraîne partout, son mol ballant, ses lignées contre lesquelles le Grand Vernisseur lutte. Jackpot soudain de la manne !

Publié le 27 février 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Vision de Jean - Les Orphelins Colporteurs. Ligne de Jean

Date du document : 1989

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Vision de Jean en Bretagne.
Champ de blé frissonnant doucement. D’un côté chaleur implacable, muraille de fougères de l’autre, et, par les trouées entre les chênes, les magnolias, marécages de l’estuaire ; noirs, immobiles.
Et dessus des cormorans qui se posent, décollent, avec lenteur, sinon ne bougent.
Exaltation du marcheur celte de part et d’autre : entre le noir et le blond doré, à la démesure de la passion, de la luxure, du viol divin, du désordre hagard si cher aux amis de Cuchulainn.
De ce côté-ci, entre les murailles de fougères et les ramures énormes retombantes des chênes ensorcelés de lierre par les Femmes-Sorcières des Hautes-Terres, l’estuaire est profondément noir avec quelques endroits de luisance gris boueux-marrons et des ombres rapides qui passent dessus en même temps que les lents cercles des ailes grises et ailes noires poussant des sortes de longs hooo ! de gémissements.
Puis les revoilà, ces chers oiseaux ratés par Cuchulainn, attendant immobiles sur la boue à fond jaune fixée comme au bord de la Boyne au centre de leurs petites ombres rondes.
Du côté du chemin du bois, bruyères et ajoncs, la clairière sent le carambar.

Publié le 22 février 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Enfance de Lugaid - Les Orphelins Colporteurs. Extensions de la Ligne Jean

Date du document : 1989

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Enfance de Lugaid. Bretagne
(Ronces, fougères, immenses retombées de chèvrefeuilles :
Élément torsadé par rapport aux autres parfums,
Noisetiers)
Très verts !

On va là entre deux demeures,
Mais maintenues à bonne distance
Par ces murets comblés de terre où des arbres poussent
Et d’où le propriétaire surplombe le passant.
Rivières d’orties entre les maisons, de lierre, de houx extrêmes vernissés,
De petits chênes, de marronniers ;
Partout autour des maisons
L’herbe toujours entretenue avec soin, tondue,
Sans arrêt
(Creuser la mer, tondre la terre…),
Tandis que le ciel ne cesse d’arroser gentiment.

Publié le 22 février 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

La Musique - Les Orphelins Colporteurs. Extensions de la Ligne Jean

Date du document : 1982

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

La musique.
À la Révolution, le citoyen-commissaire retourne les foins ; perte du bonheur disjoint ; tambours ; cocarde. La Bretagne résiste partout : Le Gallic et autres, Finis Terrae, Pleumeur, Côte Sauvage, partout…
Puis voici des Écoliers dans la cour de l’École Primaire pour la célébration de la Musique. Pas encore de névrites, ni de paquets de vers sous le scrotum. De jeunes princes volatiles, dignes armoriés de Bretagne, et que le retour ne préoccupe pas.
Leur corps est subtil. Certains sont adossés au mur pierreux du préau. Quelques-uns sourient comme on le ferait du progrès en Art ; mais tous se trouvent sans propos, à attendre…
« Quand sera-t-on vraiment soi-même ; quand d’autres viendront-ils en nous ? »

Publié le 22 février 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Osiris. Cádiz - Les Grands Ancêtres. Ligne de Don Qui Domingo

Date du document : 1984

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Osiris. Cádiz

“Taraudons bien ta chair, lecteur, toi qui t’accroupis devant Baal : un d’entre les jours les plus soleilleux de l’ancienne Taris soudain couvert te mènera à ce tournoiement de l’Eté de la fin août où revient si fort à l’aube la nostalgie vaseuse du sable vert, tandis que la dernière déambulation grise dans le barrio del puerto sera abruptement suivie de la chaleur étouffante de “La Poêle à frire”, près de Séville.
Face à la baie, vois Didier, le frère mort de Nicolaï, pourri et ressortant sous forme de verrue plantaire à la base de son gros orteil gauche avant de resurgir plus tard en de multiples contaminations internes, pour disparaître enfin définitivement à Saint-Antoine de Padoue, dans cette même salle où viendrait tendrement le cercueil de leur père, momifié par Anubis.
Et moi, la nuit, qui répètais sans cesse : “Seth, c’est toi ?”

Il ne s’agit pas du plan d’une “structure”, mais de passages, de polyèdres de la pensée. Nous ramassons ici deux ou trois versants non oppositionnels deux à deux, à la façon dont nous collectons les images, chapelet d’aiguilles éparses sur le sol, à l’aide de la puissance d’un aimant traceur, et nous en regrouperons ensuite d’autres dans un nouveau dessin. Il n’y a rien qui ne se puisse démesurer, lecteur; tout est sans cesse à étirer ; la Nature est une pâte pour l’artiste, une pâte blanche, un pain non cuit.

Publié le 22 février 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Colomb : Embarcadère - Les Grands Ancêtres. Ligne de Don Qui

Date du document : 1978

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Le Futur : « À peine descendu sur le quai pour quelques heures de nuit, puis en trop-plein de chair sur la place ; seul le boulanger pêtrissant, qui m’a donné l’heure sous une pluie plus ou moins épaisse selon les endroits, était levé avant l’aube. J’allai voir sur les Champs le balaiement du phare (comme ailleurs à Queyries, à Nantes, à Dunkerque…), lequel accueille le vaisseau Argô, devenu Le Lyncée, qu’Orphée doit quitter pour La Carabela La Niña, première chose magique reçue, en me lavant, par la fenêtre maritime ; alors qu’une fois à terre, ce fut le rougeoiement interne à l’Église reclose.
Près de là, le mitronm’a donné l’heure ; c’était le seul à œuvrer. Nous sommes à débarquer dans la saison qu’on sait du fameux foin, du fumier, du foitrail, le f de la raison, la moisson incluse dans la fenaison, comme Pollock trouva (et Monet avant lui) l’équivalent de la musication en peinture.

Publié le 22 février 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Colomb : La Rábida - Les Grands Ancêtres. Ligne de Don Qui

Date du document : 1992

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

La Rábida
La cafetière de cuivre rouge est bien chaude, maintenue par O’Koffee qui s’émeut les yeux humides devant les Monts ou l’ourlet gris, tous moines gras à célébrer le rassemblement efficace des lueurs divines autour de la Table du Petit Jour, à vouloir l’anonymat absolu dans une langue étrangère, la peau poreuse et ne faisant plus contour, lieu de passage et surface de renvoi, moulin à prières parmi les vents, clochette entre d’autres rumeurs alpestres !
« Tu peindras cet absolu, disent-il à l’Ogre Peintre, et ce sera plus magnifique encore que le Laocoon ! » Le matin laissait monter l’idéalité de la campagne, méditative, les différences de plans, germées... Lui pensait plutôt ailleurs bergère, accroc de chevalet dans la toile (“Je me lançais sur elle dans l’immense pièce par un mouvement projeté droit de la jambe, puis de santé le vent sur le ventre, en oblique, en descendant, sur la gauche.”)

Publié le 19 février 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Colomb : Dortoir de Santoña - Les Grands Ancêtres. Ligne de Don Qui

Date du document : 1992

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Dortoir de Santoña
Cette brume dans la vallée, toute cette rumeur dans le Sud manque de terrain vague pour se retrouver étranger, comme dans le Nord.
À côté de soi, sur le lit, le Corps Inconscient, barbouillé de lettres, sombrant dans le sommeil, redevenu exceptionnellement prédateur, renard ; il faut un immense effort pour surnager… à l’aide du parfum soudain de petites roses et de belles de jour.
(“Moi, j’aime bien les lombrics. Mon frère pas trop ; mais il m’aide pour les poulardes, les grosses poulardes bien grasses !
C’est là que je donne le meilleur de mes petits bonds brillants dans les prés : je la poursuis féroce, et le frérot la guette calmement et lui saute dessus au passage. Y’a bien les pêches et d’autres fruits, mais ils sont peints moins romantiques qu’avant ; les raisins, surtout. Mon plaisir, c’est pas tellement de jouer au lancer de taupe, c’est plutôt pisser tous les cent mètres et de chier sur des pierres bien installées comme des stelles. J’ai fait ça tout le long du camp, en recouvrant les merdes des autres ; c’était amusant ! Mais y veulent plus !”)

Publié le 19 février 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Le Réseau 44 - Ligne de Vivien de Nérac. Canada. Printemps

Date du document : 1991

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Le Réseau Osiris 44 à Dijon
Cela étant, supposons qu’un associé de Champlain qui n’ait connaissance ni du témoignage de Skorzeny depuis le pic du Gran Sasso, ni de la carte de neige paillettée d’argent et d’or de Henri, décroche son appareil. Après une double présélection (espace, puis temps), il se trouve relié à un sélecteur de zone situé dans la zone des neiges 22, qui sera plus tard installée par un de ses descendants (le terrible Henri, destiné malheureusement à mourir dans une humidité des neiges qu’il a toujours détestée, en Côte-d’Or). Les chercheurs discriminateurs de cette zone sont représentés sous la même forme que ceux de la zone 44, c’est-à-dire par des chercheurs dont le champ d’exploration possède deux parties, a’ et b’. La partie a’ donne accès à des lignes auxiliaires qui sortent de la zone aprè avoir traversé un circuit de discrimination temporelle, et aboutissent chacune à un sélecteur de zone géographique situé dans le centre nodal 33, alors que la partie b’ donne accès à d’autres sélecteurs de plusieurs milliers de plateaux à la fois géographiques et géologiques. On ne peut pas parler pour autant de “mémoire”.

Publié le 1er février 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Colomb : Santoña - Ligne de Don Qui Domingo

Date du document : 1992

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Santoña
« Cristoforonépatao !
— Berlitz ? »
Je ne comprenais pas ce que voulait me dire le prisonnier Chinois en train d’éxécuter ses Taos, le matin dans la cour. C’est que pour lui, Colomb n’était pas dans le Tao. Pas de fenêtre, pas d’autrui, pas de
lointain, pour le Tao.
« L’Été : le cœur, au matin ! Terre sera rendez-vous midi. Toi travail séries : corde, sac. Priorités ! Et longues suites poings et pieds (en ligne). Préparatoires ! Jamais extension absolue, au début ! Attention articulations ! Mouvements plus lents, d’abord ! Mais katas ou bunkaï : pas gym suédoise ! Hélas, Funakoshi lui-même ! Avant tout résistance ; tireur de substance parmi d’autres, et sans chef. Si vous réclamer concepts tout faits, moi pas donner ! Kisémé : sans sabre et sans poing. À gauche : centrale atomique ! Bunkaï difficile : formes intermédiaires perdues ! Musculation avec poids, si besoin, mais surtout : exercices forêt ! Semelles lestées, petits-haltères, charges légères chevilles et poignets. Ni abdos ni pompes, principe ! Tractions remplacées par escalades. Oui. Ça Japon ; mais pensée Chine ! Oui. »

Publié le 28 janvier 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Retour à la Rábida - Ligne de Don Qui Domingo

Date du document : 1991

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Retour à La Rábida
Et voilà le moine O’Koffee, gros lard irlandais moins autruche que les autrichiens de la Rábida, en train de sauter dans sa robe obscène, sur les tréteaux du théâtre de l’embarcadère de Palos de Moguer, tête de faune dans sa mousse blanche de rasage jouant le rôle moqué de C.C. avant son départ, (à moins qu’il ne se moque de Y.K.) :

Publié le 17 janvier 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Colomb : Le Pénitencier de Santoña - Ligne de Don Qui Domingo

Date du document : 1991

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Pénitencier de Santoña
Onan est déjà mort depuis longtemps et toute la racaille des gardiens phalangistes sur les plages ne pense qu’à mourir ; ils crient “Vive la Mort !” même en ronflant, tandis que la plupart de ceux qui veulent à tout prix s’embarquer ne pensent qu’à vivre, dussent-ils en périr. On voit déjà le cher Gérard dans son chalet de garde-forestier avec sa radio à ondes courtes surveillant les incendies soudains.
Les feux au mois d’août, à quatre heures, après un très gros orage ; cette cloche soudaine d’hiver et la veste mise sur les épaules (on oublie toujours le numéro de cette valse de Chopin, dont les bribes par la croisée). On hésite, entre le tchocolalt bouillant de pures fèves broyées et le vin chaud.

Ils sont plusieurs dans le Pénitencier à préparer ça : s’enfuir la nuit, par la plage, en barque (plusieurs sont marins) longer la côte jusqu’au Sud, à Palos de Moguer (où l’un d’entre eux connaît un moine) : ils trouveront bien moyen de s’embarquer pour quelque part, un autre monde !

*

« Qui jouit dans mes bras ?
J’ignore.
Résédas, jasmins, flots de roses ! »
(Il implorait en pleurant la
Flaveur de Sainte Anne, une nuit.)

Coquillages des dents, perdus
Dans un gouffre de soleil ;
À jamais nous vous cherchons,
Andalouses,
Comme parmi tous les orangers
Le citron !

Publié le 17 janvier 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Alumbrados. La Rábida - Ligne de Don Qui Domingo

Date du document : 1991

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Alumbrados
Y’avait d’abord eu le clayon* (*éclaircissons clayon : c’est comme un layon dans la ville, la fraîcheur soudaine des forêts aux grands fûts, devenue sensible dans la profondeur des vieilles rues espagnoles ou bien à Bruges) poussiéreux de l’Aube, ce cliquetis de la matinée dans le crâne au sommet du chemin duquel le cycliste, de très loin, paraissant immobile, semblait, avec les rayures circulaires rouges et vertes de son maillot, un bouchon de liège de pêche oscillant dans les ondes d’air chaud.
Elle leur dit, face aux légères effluves des marécages autour de la Rábida, pour le petit déjeuner si plantureux, silhouette des moines tressautant de parodie à travers les herbages (“qui s’avançaient trottinant et boitillant, sautillant et fôlatrant”), retroussant leur robe avec une consommation féminine (“pour jouer à saute-mouton, se cramponnant les uns aux autres, secoués d’une hilarité épaisse et fausse, se donnant des tapes sur le derrière, riant de leurs grossières malices, s’interpellant entre eux avec des surnoms familiers, chuchotant deux par deux, la main devant la bouche”), chacun d’entre eux traçant de sa voix séparée à travers le vent fort des algorithmes à partir de la théorie esthétique de saint Thomas, l’un tout à la vue de l’espace, l’autre tout à l’ouïe du temps, et cætera… ceci :

Publié le 12 janvier 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Aïeul Colomb 3 - Ligne de Don Qui Domingo

Date du document : 1992

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Christo Foro
Déjà Christ lui-même, et cheminant pauvre avec son fils Diego, cassant la glace ou jetant les cendres dans le vide, construisant de mini-tactiques de guérillas contre la Dépression (sortir dans le froid, rencontrer son corps, rendre visite à un marin de Moguer pour retrouver sa voix), et tombant à genoux sur les marches du monastère et couvent de La Rábida, implorant de l’eau et du pain pour son fils et demandant à être reconnu dans ses folles aspirations.
Et l’étant enfin grâce à Juan Perez le prêtre-ouvrier-mécano (vie ordinaire et limitrophe) et à ses courriers vers Isabelle. Et cette expansion de Noël reconquit Grenade. Mais si un écuyer ne l’avait pas rattrapé au Pont de Pinos, l’Amérique n’existerait pas.

Marco Polo a regonflé le disque de Macrobius et les moines eux-mêmes arrondirent la Terre en dépit des Rois Catholiques.
Christo a vu les photos qu’il a rapportées de Cipangu et les idéogrammes de Cambalu ; c’est depuis Sagres que les limites du monde ont reculé.
Et toutes les flèches différentes volent pour se confondre dans le même horizon : Herman, Cortès, Francisco Pizarro, Vasco Nuñez Balboa, Alvarado : il s’agit de prendre l’Islam à revers avec l’aide du “Prêtre Jean”, à moins qu’il ne s’agisse déjà d’Arthur, en Abyssinie.

Publié le 12 janvier 2008 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Aube à Deux Ans - Les Adolescents. Ligne d’Aube. Hiver

Date du document : 1978

“Il va réveiller la fille !” elle entend. Elle se souvient de sa mère disant cela une nuit où Jean-Paul s’était mis à pleurer.
Mais non elle ne dort pas. Elle a deux ans à peine et elle entend qu’on parle d’elle et elle l’entend lui, qui pleure.
C’est son premier souvenir, clair, net, précis. Ils dorment tous les quatre dans la même chambre.
Aube est dans un lit de fer forgé peint en blanc, habillé d’un tissu bleu sur lequel elle regarde, lorsque le jour se lève ou pendant les siestes, les petits motifs rouges et jaunes cernés de filets noirs.
Elle y voit des balles, des ballons. Il y a des chiens aussi, quelques oiseaux, des poissons.

Publié le 14 décembre 2007 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Aube à Tokyo - Les Adolescents. Ligne d’Aube. Terre

Date du document : 1978

11 000 mètres d’altitude. 900km/heure. Passage le long du cercle polaire, soleil de minuit, nuit pincée entre la lumière du couchant et celle du levant. Intense humidité stagnante. Nuit. Shinjuku.
Aube écrivait à Monique (qui aurait dû venir) que son expo à Tokyo le 26 août faisait partie de “Femmes et Histoire”. Mr Yamagishi lui offrait le luxe de montrer des morceaux de peau et de chair dans une galerie. “Les femmes ont créé 52% de toutes les formes de pensée humaine ; que les hommes assument au moins les 48% qui leur restent !” Elle avait envoyé un télégramme à l’ambassade de Russie Bd Lannes pour le soutien des femmes russes en lutte comme elle en enverrait quatre ans plus tard encore pour éviter le séjour en camp à Nathalia Lazareva. À Shigel elle avait dit : “You are not living in my body.” et “J’ai le droit de briser l’ordre des chapitres.”
À Tokyo elle fit de l’Ikebana avec Yemoto et d’autres Senseï ; mais tous ces Senseï et ces dames très courtoises de la bourgeoisie l’agaçaient comme un rebrousse-poil électrique sur un pelage de chat. Elle avait amené de la poudre de cacao Van Houten et du sucre en poudre pour leur faire des crèpes comme ils aimaient quand ils logeaient chez elle rue de Lancry pour des stages à Paris, avec Sankai Juku. En sortant dans la rue elle avait parlé avec un jeune garçon qui faisait partie d’un groupe politique contre la bombe atomique. Dans la rue elle acheta tout un tas de coupes, de bols et de baguettes. “Les choses, quand elle sont juste perçues, ne sont pas encore cochées.” Plutôt le futur pour son texte de présentation : “Les traversées des apparences se feront là, à travers ce gris.”

Publié le 14 décembre 2007 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Aube : Transapparences. Tokyo - Les Adolescents. Ligne d’Aube. Autres villes

Date du document : 1978

“Contre un ordre misogyne (mot rare jusqu’au XIXème siècle), j'exclose des petits morceaux de peau géographique trouée à l'emplacement des mers (ici aussi la terre tremble !). Je donne des “Pieces of Life”, morceaux de corps, de vie, de temps (et c’est une posture sexuelle, une posture de production, une PROSTITURE).
Je désigne la fragilité de la matière (papier de soie), de la couleur (encres, or), l’éphémère buvant dans la couleur primaire la bulle d’air sortie du liquide glauque. Le papier se gonfle, se tend (en quelques heures le désert le plus aride peut se recouvrir d’une abondante végétation) ; j’opère sur la matière de la feuille un travail de chirurgien, replie au vaccinostyle des bourrelets de peau et de soi et de chair où mouille la partie lombaire de la côte du Pérou, m’abaisse au-dessous de l’Équateur : la colonne de Colombie me respire.
Alors que le temps a passé, le papier se colle (à l’air) à l’eau de la vitre (le détacher doucement avec la pointe du vaccinostyle sans en déchirer la moindre membrane, comme quelque bijouterie précieuse - des yeux - ; je pense à mon père presqu’aveugle) ; ce sont presque des transparences, des Trans-Apparences, et fantoches et grisées sur les murs ; les travers des apparences se font là, aujourd’hui, à travers ce gris.”
Aube Lambrée. Printemps 1978.

Aube : Transapparences. Tokyo

Publié le 4 décembre 2007 dans document Cosmologie Onuma Nemon peinture

Joyelle & Hill. Terre - Les Adolescents. Le Parc

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Hill et Joyelle
(Hill)

Patère, patère extrêmement creuse, patrimoine en soufflant ; la place du 14 juillet, pendant que les noirs mariés en blanc et frappés de stupeur se font filmer en couleurs devant les motifs du Parc ; le poudroiement du jet tournant, l’eau devenue vapeur, à la hauteur de ce phallus, de dos : un buste au-dessus du parterre massif de fleurs essentiellement rouges, roses et blanches. Tournoiement du jet d’eau, avec un frottement délicat continu, différant de ceux qui tournent par saccades ; frottement velouté flûté, près du flottement.
(et)
(Paradis où l’orgasme dure plus que les mille siècles que met un cheval à traverser l’ombre des arbres gigantesques de ce parc, de ce jardin-là. Parcadis. Îles ou Montagnes des Bienheureux qui grognent, où ça sent la sueur et le roussi, où les Indiens veillent, où l’on craindrait en arrivant d’être pris pour l’un de ces producteurs de borborygmes ou métèques sans droits.)
(Joyelle !)

Publié le 1er décembre 2007 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Cuba au Cube (Vigo, Klein, Isnard) - Les Grands Ancêtres. Ligne de Don Qui

Date du document : 1989

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Voix d’OR
Été

(Ailleurs Colomb Croix Rouge !
Toujours Ailleurs les Enfants Croisés !)
Bain de l’Été répandu pulvérisé sur les muscles.
Tintin l’Aventurier Croix-Rose.
En 1946, il prend le Ciel, le Grand Ciel pur des punctures, et laisse la Terre à Claude Pascal
Monoton Son Mysticisme absolu sans Objet
Judao ! Waana ?
Plus loin : voix de l’Arc. Au-delà : zébrures Zen.
Dans ce monochrome YKB : fond Giotto.
L’assaut de vernis retenti dripping, au bord des auréoles, des drappés nocturnes, dans un squash des veinules. Cœur frappé ? Ça sert à quoi ? Inutile incendie de soi, gaspillage… Yang en excès. Folies désordonnées. Danse hystérique dans le salon. Rien de commun dans le cerveau ; même pas le sens. Peut-être initier plus tôt au Tragique, à la Prosopoppée dans le petit théâtre de bois peint construit derrière, à la hâte, sur la butte, au lieu de tout ce temps perdu, tout ça… (pffhvtt !)

Publié le 11 novembre 2007 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Colomb 1 & 2 et Long John Silver - Les Grands Ancêtres. Ligne de Don Qui. Les Aïeux de Don Qui

Date du document : 1991

Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.

Colomb suivi de Long John Silver
Du boulevard les grises balayures s’étaient enfin enlevées de nos yeux, malgré nos regrets de cet amour tangentiel des croupes, dont la rotondité ne sert qu’à mieux compresser notre organe, en nous en étant déjà de nous-même défait, sans même y avoir pénétré.
Le signe du soleil fondant après les derniers bois était aussi celui où le vent redoublerait vers les reins (heureusement garnis de flanelle), en prenant pour ricochet la glaciation des ondes vipérines. J’étais enfin libre de faire jouir mon corps et mon âme (…………) des mêmes nervures de coque, défait du port où l’immonde silhouette d’un barbotis flasque disparaissait avec le bruit des chaînes qu’on mouille
Mais à peine passé le port, où le vent tombait, le soleil masqué jusque là rebondit au-delà de la fin de l’après-midi ! comme si nous changions d’univers ; la fatigue, la grande fatigue qui est la mienne, ajoute une grande saveur de viande meurtrie et d’os brisés à tout.

Publié le 11 novembre 2007 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte edition

Isla de Os - Bunkaï, Paysages et Portrait

Isla de Os est une des Extensions de Quartiers de ON ! publié aux éditions Verticales en septembre 2004, lui-même accompagné d'un CD.
Passage du livre vers des volumes potentiels (graphiques, cinématographiques, radiophoniques, théâtraux, vidéographiques…) où le texte imprimé devient partition.
La bande son constituée d’extraits du CD a été réalisée par Philippe Prévot.
Les images par Didier Morin et Onuma Nemon.
Le montage par Christophe Saidi aux studios Fearless Méditerr@née à Marseille.

Éditions Mettray, 40 rue du Panier, 13002 Marseille.

Publié le 19 août 2007 dans document Cosmologie Onuma Nemon video