Texte

Le Barde Chante ce qu’il peut - Texte de Joël Roussiez

Date du document : 2011

Le barde chante ce qu’il peut

Nous placions nos dieux dans les angles de nos pièces afin qu’ils ne dérangent pas et veillent ainsi discrètement sur nos vies. On plaçait haut leurs figures afin qu’elles dominent la pièce entière, cacher nos gestes à nos dieux n’avait guère d’importance mais on souhaitait pouvoir se retourner sur eux et les apercevoir à tout instant. Nous n’avions pas de rituel par lesquels nos vies auraient pris les contours d’une routine douce et prévisible, nous n’attendions aucun retour du temps, ainsi nous fallait-il une présence constante et cependant discrète… Lors de nos voyages, on emportait leurs figures dans des boîtes dont une des parois manquait afin qu’on puisse les voir plus facilement; certaines boîtes avaient un petit système qui permettait à la figure de tourner et de présenter ainsi tantôt sa face, tantôt son profil de manière analogue à celle qui paraissait à nos yeux dans les angles de nos pièces… Nos maisons n’étaient pas grandes mais on y ménageait de grandes ouvertures car il fallait que la nature y entrât le plus possible, sans cela ce qu’on craignait le plus, c’était l’enfermement.

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Publié le 18 juin 2011 dans document DAO texte

Ô chauds soupirs - Texte de Joël Roussiez

Date du document : 2011

Ô chauds soupirs! (Louise Labé)

J’entends à l’intérieur une bête qui grogne et secoue mon cœur sur toute la longueur de ma poitrine et je médite alors sur le temps court de ma vie. On peut être d’un autre avis et me trouver un temps à vivre long mais il me semble que j’approche de la fin et cette bête qui grogne bat le temps qu’il me reste. Elle ne grogne en effet que par à-coup mais assez régulièrement comme si…, comme si quoi? Me dis-je en me prenant les mains et secouant la tête, cela porte à méditer et cependant méditer sur quoi, quoi donc dans mon cœur bat et qui ou quoi grogne ou ronge sous les os du thorax? Qu’on me ronge les organes est une chose curieuse car je ne sens que peu de douleur et il m’est donc difficile d’imaginer un animal vivant sous l’enveloppe cutanée. Pourtant je sens que mes forces déclinent doucement et que, dès le matin, j’ai des affaiblissements de jambe qui m’obligent à m’asseoir assez vite avant de reprendre le cours normal du réveil. Pourrait-on chasser une bête pareille avec des poisons et des drogues?

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Publié le 18 juin 2011 dans document DAO texte

Pr’Ose ! - Version Définitive

Date du document : 1969. Publié 24 Mai 2011.

Pr’Ose ! A été écrit essentiellement en 1969 dans un rêve proche de La Légende des Siècles, remixé par l’influence de la radio où je travaillais alors, et par l’influence de Cendrars, Neruda, de la Beat Generation et de quelques autres. On y trouve une grande partie des Voix de la Cosmologie, qui se succèdent en fonction du pressent (l’urgence du temps qui passe et qui presse), mais aussi à dire l’éternité des Saisons.
Ces Voix prennent en écharpe l’Histoire des Peuples et des Arts ce qui permet littéralement de les déporter, d’ouvrir l’anecdote en la brisant, d’élargir au plus vaste le propos. Ce sont aussi des hypomnemata.
Par exemple Don Qui débouche sur le siècle d’or espagnol, Ritam dans l’Inde, etc. Parfois au contraire ces Voix embrayent par une ligne brisée sur un monde géographique ou historique qui leur correspond de façon moins évidente.
Malgré son titre, la scansion de ces lambeaux est poétique (ce que signalent les capitales dans les versets).
Pr’Ose ! fait partie du continent HSOR, qui dans la logique alchimique de la Cosmologie n’est pas du plomb, mais du zinc, le zinc des comptoirs et des anecdotes, celui de la gravure et celui des toits de Paris que contemple Jean à son arrivée dans les années soixante.
On trouvera ici les deux Champs agrémentés de quelques inserts plus récents au moment de leur reprise.
Ce Champ-là c’est le champ agricole, celui de la vue et de la peinture en Chine et surtout le champ énergétique qui fut le propre de la Cosmologie tout le temps de son écriture : un accroissement par tous les endroits à la fois.

L’ouvrage est disponible dans sa version intégrale et définitive aux Éditions de l’URDLA, à Villeurbanne.

Publié le 24 mai 2011 dans document HSOR texte

Buenos-Ayres - Ligne de l’Oncle Aveugle

Date du document : 17 février 1982

Comme le réel jaillit sonnant et trébuchant d’une théorie qui est bonne, à présent l’Oncle Émilio est aveugle, sa grande œuvre ratée, malgré la drogue. Il ne peut demander à qui que ce soit d’autre de fouiller ni de chosir parmi les tonnes de manuscrits. C’eut été un travail impossible, même avec une quinzaine de collaborateurs.
Il aurait dû répartir les doses les plus fortes juste avant l’inscription ; la plupart du temps il s’était trouvé plutôt abattu qu’illuminé.
À présent il venait de s’allonger sur le divan de la terrasse, et le banc froid de poissons de l’air qui survenait aurait dû - c’est certainement cela - s’accomoder de la bombe précédente et tiède.
Avril serait bientôt là, bonne saison sans métaphore. Allers-retours de la terrasse au Parc, soupçonner les auras bourdonnantes des dernières lampes du kiosque, attentif aux lambeaux de musique. C’était l’heure où la marâtre devenait pommier devant la mare, avec cette bonté, cet éclat de la disparition propre aux choses les plus aventureuses.
“C’est à présent l’informel, se dit l’Oncle, ces siècles passés sous la peau de l’hiver et qui luisent. Z ! Riez ! Je fournis le champagne et toute la joie sans discontinuer, sans psychologie.”
Les piaillements n’avaient de cesse et les vibrements des mouches, ces corsetières au-dessous de l’ensommeillement… Faisant s’envoler son cerveau comme un ballon dans le jour gris de la Cordilière.
Il y avait toujours eu ce brouillage de la vue par le blanc d’œuf du monologue intérieur, mais aujourd’hui il avait beau tendre assidûment les doigts dans cette percée de l’air chaud à la recherche des joues rougies des filles comme des pommes chauffées au four, il ne lui restait même pas le cernement figural de l’objet au fond des méandres de la matière grise : son souvenir s’était également dissous tandis qu’il entendait chanter des travailleurs qui revenaient :
“Gars du Nord,
Pies et Porcs,
Poupées de Nuremberg,
Église !”
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Publié le 22 mai 2011 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Enfants Croisés - Histoire Deux

Date du document : 1984

Quelques petits paragraphes autour des Enfants Croisés, semblables à ceux parus dans Quartiers de ON ! et faisant partie du volume Histoire Deux, à paraître.

Jacques
Jacques : « Robert le Diable s’est rendu aux nouveaux lieux, visitant la Grotte, la Colline et les Oliviers.
Il faut bien voir que nous n’avons pas besoin de l’estimation des Aumôniers, car nos pentes eschatologiques sont pourvues de rats et de pauvres, que nous allons vers Jérusalem massacrant les juifs (comme “Les Carabiniers” !) que nous pillons, violons, que nous sommes d’indicibles cohues de misérables éclopés, que nous traînons avec nous des reliques, d’incomparables fétiches, des survivances, à chaque fois définitives et toujours à renouveler, que nous avons autant soif de pillage que désir d’inconnu. Nous préférons la Croix et les emblèmes sacrés, mais nous ne renonçons pas à l’épée ; la liberté de nos crimes vient de leur absence d’agressivité, laquelle n’appartient qu’aux adultes ; la puissance de la violence immature est en nous comme elle traversera Jeanne dans deux siècles.”
Blanche : « Non, pas de Supérieur Général ! La Terre est devenue tératophile au moment de notre départ. L’Archevêque est venu avec tous ses crimes et ses curés patauger dans la mare, devant chez moi. Il a admiré les canards, sa robe couverte de merde. Il venait tous nous appeler avec mes frères, et nous consacrer en même temps : laboureurs, bergers et bergères, apprentie à la charpente comme moi ; il venait tous nous appeler à massacrer les Juifs, pour qu’on soit pas jaloux des Anglais avant d’être massacrés nous-mêmes. »
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Publié le 21 mai 2011 dans document OGR texte

Trois Petits Tours et puis s’en vont… - Souvenir de la Petite Maison

Date du document : 13 Mai 2011

Turn turn turn c’est une chanson de The Byrds, groupe américain des années soixante, c’est un air qui tournait dans ma tête, c’est le titre de cette exposition. Turn turn turn c’est les paroles de l’Ecclésiaste. Turn turn turn ce pourrait être le titre de l’homme qui tombe, une image phonographique, une gravure rock’n’roll, Icare et le onze septembre avec ces slhouettes qui chutent le long des buildings en flammes. Turn turn turn c’est review, un présentoir à images, un piège à regard conçu plus pour agacer l’oeil que pour magnifier la troisième dimension, c’est le tour d’un monde en chute libre. Turn turn turn c’est Chutier, un croisement entre pellicule cinématographique et ruban tue-mouches, l’idée d’un film possible, un hommage à Gil Wolman, une pensée à Jean Luc Godard « qu’est ce que j’peux faire, j’sais pas quoi faire ». Turn turn turn c’est Aux étoiles, Le portrait ovale, un retour sur mes premières images,trace contre trace avec la photographie, des images amoureuses. Turn turn turn c’est dessins d’atelier (ma vie ouvrière), tombeau/jardinière aux dessins tracés pendant vingt-cinq ans de vie d’usine, Ne travaillez jamais écrivait sur un mur Guy Debord, et pourtant l’artiste ne parle que de travail, travaille tout le temps, c’est des moments détournés au travail quand la vie est ailleurs, juste masquée par le bruit des machines. Turn turn turn c’est tout ce temps passé à reproduire, tracer, graver, résister en somme à ce « désespoir de l’art et son essai désespéré pour créer l’impérissable avec des choses périssables , avec des mots, des sons, des pierres, des couleurs afin que l’espace mis en forme dure au delà des ages » ( J.L.G. Histoire(s) du cinéma). Turn turn turn c’est la fin de l’Artothèque, trois jours d’exposition, ma petite révolution de mai.
Vincent Compagny 2011.
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Trois Petits Tours et puis s’en vont…
Trois Petits Tours et puis s’en vont…
Trois Petits Tours et puis s’en vont…
Trois Petits Tours et puis s’en vont…
Trois Petits Tours et puis s’en vont…

Publié le 14 mai 2011 dans document DAO texte

Tombeau - Texte de Joël Roussiez

Date du document : 2010

Un tombelier ouvrait des tombes dont il tirait les dalles par des cordes liées à son tombereau, poussant, « han, han! » ses boeufs à l’aide d’un grand fouet tandis que les roues suivaient un sol accidenté qui forçait parfois le char sur lequel l’homme se maintenait en s’agrippant d’un bras aux ridelles, tantôt à droite, tantôt à gauche, et poussant, poussant toujours ses boeufs, « han et han! », dans un paysage mouvementé où la terre en mamelons s’étendait sous l’horizon comble de nuages échevelés et distords.

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Publié le 6 avril 2011 dans document DAO texte

Parfois L’Hiver - Texte de Joël Roussiez

Date du document : 2010

Nous buvions des chocolats dans des cafés aux plafonds bas, ornés de cuivre brillant et
d’éclairages diffus, dans lesquels des gens pauvres jouaient aux courses sirotant des cafés bientôt froids et s’excusant d’être là au chaud tandis que dehors il faisait froid, très froid parfois si bien qu’il glaçait dans les rues mouillées et que ces pauvres hésitaient sur le pas de la porte avant de disparaître rapidement derrière les vitres embuées derrière lesquelles nous buvions.

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Publié le 6 avril 2011 dans document DAO texte

Une journée maussade - Texte de Joël Roussiez

Date du document : 2011

Une journée maussade où nous étions en rade dans le doux Ar Ménez, toute voile pendue ainsi que du linge mouillé, en attente du vent au milieu des coteaux, un jour de printemps où le clapot même était sans force; un jour donc où nous étions venus là pour aborder la côte en baie de Trez où se trouve une passe pour gagner la mer des Gascons en évitant le tour du Nez, gagnant ainsi du temps sur l’Amiral pour le rejoindre après un repos qu’il ne voulait accorder. Les hommes étaient dans un état lamentable, leurs corps se traînaient sur le pont; dix jours de navigation dans la tempête les avaient mollis…

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Publié le 6 avril 2011 dans document DAO texte

Aux temps de la fleur et des épines - Texte de Joël Roussiez

Date du document : 2011

Croquant des oeufs comme le bon sauvage, à pleines dents et se réjouissant, il faisait bon en ces temps se lever tôt, accompagnant le jour venant mais encore pris par la nuit, au chaud et se restaurant en jouissant du parfum des choses et de son corps réveillé. C’était au temps de la fleur et quasi au printemps; les bêtes avaient le poil brillant et les oiseaux une voracité fantastique. On fournissait en graine et en fourrage pour les dernières fois, les granges étaient maintenant presque vides ; on s’occupait de les balayer et d’y entreprendre quelques réparations.

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Publié le 6 avril 2011 dans document DAO texte

Ainsi qu'il en est - Texte de Joël Roussiez

Date du document : 2011

La vie allait comme s’il sonnait des cloches, tristes mais d’une grande beauté et, sur ce fond, s’improvisait une mélodie complexe qui se simplifiait par ce qu’on aurait pu appeler « ce procédé ». On marchait dans des territoires boueux, en plaine hongroise si l’on veut, à la fin de l’hiver droit devant où le ciel changeant ne cessait de nous tirer.

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Publié le 6 avril 2011 dans document DAO texte

Compact de Maurice Roche - Édition en couleurs de 1997

Date du document : 25 Janvier 1995

Il s’agit ici de la première maquette des 85 premières pages composées par la maison d’édition La Petite École, qui a co-produit et co-édité avec Tristram la première version historique de Compact en couleurs tel que Maurice Roche avait souhaité pouvoir le réaliser depuis 1966. La conception graphique était de Anne Drucy.

Publié le 2 janvier 2011 dans document DAO texte

Pierre l’Hermitte - Ligne des Orphelins Colporteurs. Hiver. CM1

Date du document : 1980

Le texte qui suit ainsi que le pdf sont des états préliminaires et non définitifs.

NDLR. Imprégnation dans l’ombre des tableaux.

Tandis que le vent rabat la fumée de nos cheminées sur le ciel gris de neige et le fond des sapins, j’absorbe cette vue avec la même nécessité d’imprégnation que celle qui existe à partir d’un texte historique ou dans toute autre forme de récit. Seul le poème offre une plus grande succession fragmentée de climats ; la force d’incantation d’un poème comme “Les Chasseurs”, par exemple, est colossale et n’a rien à voir avec un jeu littéraire ou une astuce verbale.
Ainsi vont les rêveries d’un enfant au fond d’un grenier à partir d’archives familiales, ou les constructions historiques qu’on se fait, les histoires deux, ces curieuses imprégnations à partir des récits entendus en classe et des livres d’Histoire lus.
Grâce à ma maîtresse, Mlle Angélique j’ai ainsi pu assister à la Saint-Bartélémy en la replaçant autant à Saint-Michel qu’à Saint-Augustin, j’ai construit mes premiers récits de cape et d’épée et surtout j’ai participé à l’exaltation des Enfants Croisés qui sont venus me rendre visite la nuit.
Ils se situaient essentiellement du côté du Maucaillou ; tout le Moyen-Âge était là et rayonnait tout autour de la maison du bourreau jusqu’aux Halles des Capucins

*

Pierre L’Ermite & Robert Darbrisseau : les Vues
Pierre l’Ermite prépare la boucle métaphysique, ne cherche plus ce qu’il en serait du mal métaphysique comme avant lui les bandes de pélerins en marche contre les juifs d’Allemagne, anéanties par les Hongrois, avec leurs rares survivants sur la rive asiatique du Bosphore, les Croisades ne seront plus des guerres saintes pour des conversions forcées des infidèles ; à présent il fouille toujours l’énigme du monde mais du moins ne cherche plus à la résoudre ; il vise, comme les enfants qui sont venus habiter dans la petite maison avec lui (dans les marais cernant l’Abbaye Sainte-Croix d’où ils touchaient la dîme jusqu’à Soulac et la pointe de Grave avec les joncs, les dunes et les prés salés), au Nirvana, à l’inexistence, au vide, au monde blanc de l’absence d’objets ; il aspire à être un zéro, à une néantisation de la parole et surtout de son écriture de copiste et d’enlumineur dans La Petite Louverie, et dans ce repos des Dieux la petite fille se souvient de la cachette qu’elle avait sous l’escalier tournant de bois, du grand salon ouvrant à droite de la porte avec sa cheminée géante et ses carreaux de céramique simple à motifs blancs comme dans l’entrée ; en face : de la toute petite cuisine et du rebord de l’étroite fenêtre où ils avaient l’habitude de voler le gâteau en train de refroidir depuis le champ derrière, peu vaste, et pourtant déjà si fatiguant à faucher pour l’Ermite ; d’une débauche de la Pensée en mauvaise énergie autour de la myriade de poires mortes ; ils se souviennent de la salle de bains bleuâtre dans un renfoncement très humide (couche de plomb jamais mise contre tout ce mur du Nord, laissant les champignons proliférer ; dans la cuisine aussi), avec ses carrés de liège autour du miroir ; de la cruche penchante et du lavabo où elle n’avait pas le droit de sauter, petite, par risque d’arracher celui-ci, fragilement fixé au mur ; de sa porte donnant sur le garage où se trouvait la machine typographique à platine Effel, la Chrysler rouge, le sac de frappe, toutes les casses de caractères Garamond et Plantin, garage ouvrant largement sur le grand pré bienheureux d’aujourd’hui en fleurs avant Pâques où des bouquets d’oiseaux chantent et piailleront jusque tard dans la nuit en écoutant les voix d’Emily Dickinson au coffre secret, de George Eliot, la fille du charpentier, d’Elizabeth Browning… Au début, elle avait pensé que l’Ermite Loutier souhaitait imprimer un “journal d’enfermement”, le narrateur devenant de plus en plus fou - et radical dans son énoncé - jusqu’au crime de tuer le Destin et l’Indifférence, couple maudit, car il veut une constance, un monoton Kleinien ; il a toujours refusé que les siens meurent, il se ferait maffioso auprès de Dieu pour cela, il veut maîtriser le monde jusqu’aux moindres climats,
or voici le Loutier qui fait des philtres avec les foies :
article offert à chaque tête ! toutes les têtes
sont sur l’immense étal, les offres liées dessus ;
prédominance des rouges ; le serreux les range et les fait dormir
alignés dans la paille du grenier d’où le condamné à brûler
doit à tout prix se relever,
mais tout est clos ;
grosses perles à son front ;
abattre le loup-garou d’une balle bénite,
il le faudra ! soi-même vêtu de leurs peaux ;
un certain foulage de sauvagine à la nuit tombée ;
de ces façons funéraires…
mais qu’est-ce cette toison qui flambe
et ne s’arrache plus ? ! je courrai, je courrai
me jetant à la gueule des chevaux gabelous
excité par les faux sauniers, peut-être femme !

le loup apprivoisé dévore le manteau du Maître
sur sa charrette
(quantité d’argent de l’ouverture des chiens)
et le Maître en travers,
au soleil,
au jardin des Moines,
en ombres sur les trous des prés, tandis
que Messieurs les loups précités font concert : Madame
des Taillis du Taillan (ils en ont tué six,
mangé quatre et massacré dix) ; Monsieur
à la Croix de Majou, et les voix des louveteaux en chœur ;

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Publié le 7 novembre 2010 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Le Vivant de Demain - Shijing

Date du document : 1984

Texte paru dans le recueil collectif des éditions Verticales “Qui est Vivant ?” paru en février 2007.

À Jean Schatz, Président de l’École Européénne d’Acupuncture, et qui persiste chez les Morts.

Le génie du Cœur consiste à rester vivant.
La respiration une fois reprise, alors que le soldat Vincentelli vient d’écrire à sa petite fille dans la fougère fraîche et les campanules, il faut repartir courant de nouveau, barda au dos. Seule l’ivresse des fougères dans les petites lunules du dernier soleil ; cette contradiction digne de la quadrature du cercle : comment le soleil peut-il produire son contraire en quantités vibrantes.
À peine a-t’il fini qu’Oniès, Quiès et Boltès sont déja dans la pente, vive allure : toujours les mêmes à nous devancer que jadis, cuisiniers gorgés de la crême du veau blanc et rose, bondissant sur les rochers à pic, pami les merveilleux scandales du sperme d’automne.
(“Mon Papa, J’ai découvert le faux Corot de Dublin en même temps que Sennelier, les marchands de pigments d’ôcres purs et d’outremer luxueux, de belles toiles tendues pour le paysage et de beaux panneaux en tondo, Quai Malaquais, dans un désordre de craies sensibles.”)
Et Frantz Marc tué à Verdun le 4 mars 16 ! Avec lui meurent le petit cheval bleu et les trois chats. William Morgner meurt en Russie en août 17. Macke est tué sur le front de Champagne en septembre 1914. Avec lui disparaît Pierrot dans l’orage. Krichner tuberculeux et “dégénéré” se suicide en 1938.
Il lui a écrit “Je crois qu’il y a une roche du désespoir, qui n’a rien à voir avec les conflits en cours. On peut la meuler sans s’en rendre compte ici ou là, selon comme le météorite tourne, mais la douleur de la carie réapparaît violemment la nuit !”
Quand il est passé à Bruges, il lui envoya ce poème imprimé sur une carte de l’Hospice Saint-Jean :
“Bandelettes d’elle je veux
À l’avance
Vous que voulez, du vivant ?
Aïno,
Le quai de Saint-Pierre.
Je voulais d’elle, en débord.
Ah ! J’arrivais, j’étais bon !
Dors, dors, mon petit enfant,
T’es mort ;
Pourquoi ce bond dans mon corps ?”
Ainsi il déjouait la ruse du cauchemar où la mère alerte et panique l’enfant en craignant les pourceaux de son avenir, montée des monstres qui se révèle à l’oppression soudaine du Poumon, aux sursauts cardiaques !

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Publié le 7 novembre 2010 dans document OGR texte

Chaos - Ligne du Chaos

Date du document : 1980

Courant
Qu’est-ce que ça doit être vraiment et par où sortir ? Je lis pendant que j’agonise sur une caisse renversée de charbon, dans les soutes, avec le tangage horrible de cette caisse oblongue ; tandis que versé cassé et caché parmi les tonneaux (plutôt derrière), explose le récit court de cette condamnée qui va aboutir tout à l’heure sur l’établi de l’Abuelo (chef de la Tribu des Maigres de Cuir) : tension constante dans la seule énumération des actions.
Avec le langage de qui se trouve ainsi muscles à vif avant la décapitation et les autres tortures, écorchée sur le ponton, plongée jusques là les deux tiers de l’année dans l’Hiver, le désordre et la vomissure, avec l’alcool pur en permanence versé sur ses muscles et notamment les pectoraux et les quadriceps abondants. Voilà cette condamnée verdâtre de teint, démise, disfonctionnant, bientôt défunte, défaite et secouée.
La caisse oscille et sur les bords verse son contenu, se rend ; les flots tourbillonnent autour du navire, du lit, de la charrette et de la cave en même temps. Pendant que j’agonise je lis sur le pont et ça me donne une nausée terrible, les sinus remplis de civilisation, l’amertume des lippes, le dégoût de tous les enseignements jusqu’à me retrouver absolument seul, écœuré de la Mort même dans sa lenteur.

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Publié le 7 novembre 2010 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Béatrice de Beauce - Les Adolescents. Hill et Joyelle. Terre 4

Date du document : 1984

Pour son projet sur les Enfants Croisés, Jean s’était largement inspiré des Portes du Paradis d’Andrzejewski, livre que lui avait fait connaître Lydou en même temps que Cendres et Diamant ; il avait vu également les deux films de Wajda qui en avaient été tirés. Il avait donc demandé en novembre 1975 à Tourangeau et Don Jujus de venir l’aider pour les repérages à Tours, bien qu’il ne les aimât guère, car ils étaient natifs de ce pays de marais et pourraient l’aider à se dépêtrer des miasmes.
Tourangeau surtout possédait une aimable demeure tourangelle située sur les bords d’un affluent de l’Indre au centre d’un domaine de cinq cents hectares, dont une partie des granges pouvait être aménagée en studio, avec un pavillon des Quatre-Saisons vitré de rouge, de bleu, de jaune et de vert, pour abriter les accumulateurs, les dynamos, les projecteurs, tout le matériel électrique et toute la régie.
Il y avait paraît-il des traces de passage des Enfants Croisés depuis Vendôme, du côté du Dolmen de La Roche aux Fées et de la Colonie Pénitentiaire de Mettray ; certains étaient passés par Château-la-Vallière et la route du Mans et d’autres étaient venus de Beauchêne, du Plessis-Puçay, du Thouard ou encore de Chastillon sur Indre.

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Publié le 31 octobre 2010 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Intermède CH 3 - Tuberculose du Roman

Date du document : 1972

Ce texte a été repris dans la partie Schola de l’Ourcq des États du Monde (Ligne des Escholiers Primaires. Ligne de Didier. Saison de la Terre. )

« Toutes deux sont aimantées par la clairière vers ce presbytère qui date d’avant la Révolution : CH. avec son hoquet sur le chaos de ses verbigérations, et L. Après un long piétinement autour du puits comblé de barreaux de chaises pris d’un désordre fourchu, cela nous semble un entassement au moins aussi insubmersible dans l’esprit amiral, une impossibilité esthétique de liens, de passages, d’adoucissements, que le vrac de notre arrivée dans cette situation. Notre rencontre à trois est aussi brute que cet hétéroclite-là, pensées de petits bois griffus et impraticables ; la parole qui aurait pu nous lier a fait défaut, et le hoquet monstrueux de CH. nous interdit toute tentative. Après le passage de la ligne de crête calcinée, nous nous sommes retrouvés au hasard des souffles des rues, puis au fond du couloir de la Vallée, dans les manies qui nous emportent, moi abruptement au bord de ces toutes deux viandes, qui ne sont pas sœurs. »

Le temps d’extase de la cantatrice, l’élancement des reins dans la reprise du morceau, la visite inattendue et bavarde, le vol de la claque dans les dorsaux de l’haltérophile et sa conséquence ici à plat, voilà qui est agréable à qui sait parler par métaphores.
Mais ce n’est pas dans cette sorte de roman absolu que nous abonderons, hélas !

Publié le 3 octobre 2010 dans document OGR texte

À propos du Roman

Date du document : 2006

À Propos du Roman

— La littérature peut-elle être encore pensée en terme d’évolution, de révolution ? Autrement dit, face aux impératifs commerciaux qui tendent, semblent-il, à la niveler en la réduisant, par exemple, à ne plus ressortir qu’au seul genre du roman, reste-t-elle cet espace (que l’on dit sacré) de liberté, ce lieu de tous les possibles ?

— Le Roman, je l’ai fréquenté en trois temps : de façon traditionnelle dans Roman en 1968 (c’était un pari fait avec un groupe d’anciens lycéens). De façon déja désintégrée avec Tuberculose du Roman en 1972, et enfin en 1984 avec Je suis le Roman Mort qui en signale l’éparpillement.

etc.

Publication : Enquête sur le Roman. Éditions le Grand Souffle

Publié le 16 août 2010 dans document HSOR texte edition

Rimbaud & Daudet - Hommage à Cabaner !

Date du document : 1989 et 1992

[……………]
Nicolaï : “Nous étions en attendant Nicolas en train d’écouter la causerie de Sévèrimus à propos du Poor Arthur et de ses emprunts volontaires à Daudet, dans un café, à l’angle de La Samaritaine et du Pont-Neuf adorés, dans ces temps où l’on redoute la douleur de l’orage sur les bois œuvrés (ceux-là mêmes où le premier imbécile gueule dans la forêt, alors qu’une immense vapeur s’élève et arrose la surface des Temps : “Alors, Éole, gros sac !” et puis aussitôt ensuite avachi dans le fondement de sa voiture: “Tiens ! pour le vent ! Tiens ! pour le soleil !”) autant qu’on déverse ensuite le petit jour du rabbin de l’Ancien Testament caché derrière la porte des chiottes !
(Le “Café de l’Univers” et devenu l’Univers Rimbaud. Chaque phrase de lui est prise sur un méridien, dont la possibilité infinie des sources jaillit. Barque devant le Moulin, rivalité du Collège et de l’Institut, mouche latine bombinante et sacrée. Café plein d’Écho. Saint-Sépulcre. On y boit du moka d’Éthiopie ; noir comme le Diable et velouté comme un Ange ; on ignore les mélanges crémeux comme la robe des capucins.)
Nycéphore : “Maintenir l’énigme contenue, concentrée, terrible, du dehors-dedans, voilà le grand mérite de La Samaritaine ! Du mélange de l’éclairage artificiel et de la lumière naturelle, du néon coulant ses sirops sous la pluie, de la mousson catastrophique des stigmates illuminés, que sont ces traits d’éclair à deux ou trois fractures successives.
Prendre et induire la foudre, la canaliser, capter cette puissance de l’éclair, de l’angoisse du petit jour adolescent, l’incertitude du cauchemar et de la veille ; réussir dans le travail colossal d’une formidable forme, un creuset géant, d’un moule divin, à réunir tout ça !
Et à présent, le jour baisse atrocement dans toute la ville où tombe un brouillard noir, une pluie de suie fine ; en dix minutes, la nuit est là, charbonneuse des débuts de l’Industrie, jamais profondément dite, sinon par Rimbaud. Puis vient le déluge fracassant équinoxial, incoercible !
Un Chanteur (la table à côté) : «— Je vais vers la Lessive ; Elle a pas de rien jusqu’aux genoux !»
*
«— Vous vouliez qu’on sorte d’ici, dit Sévèrimus l’Homme-Pie à Nicolas à présent installé à sa table du “Café de l’Univers”, face au Pont des Mariages Secrets du Square du Vert Galant ! Regardez l’horrible crachin froid : on se croirait tout à coup en Hiver !
— L’Univers a tourné !
— D’ici qu’on traverse pour que vous achetiez vos pigments et du noir vignette, cela vous fera comme un trou gelé sur le crâne, et vous serez ensuite bon pour une horrible migraine jusqu’au soir, ou, comme dit Lawrence, “un craquèlement de tout l’être sous la tension des vagues douloureuses roulant de la colonne au cerveau jusqu’au moment où l’aube blanchit les fentes du hangar.”
Il en profita pour me déballer sa théorie des correspondances intertextuelles (il avait étudié chez Kristeva, à Jussieu : vent froid et angines phonématiques !) et des emprunts éventuels de Rimbaud chez Daudet, dans Le Petit Chose, pour les Intimités d’un Séminariste.

Publié le 1 août 2010 dans document HSOR texte

Denis Laget. Fétiche et Reclus - Fortiche ou Forclos ?

Date du document : 2010

Reclus
Je pressens la jouissance du Mort, du disparu, comme un joyau absolu, de façon à la fois fulgurante et labile, instable et aussitôt évanouie qu’approchée. Ces papillons de certitude n’ont rien de morbide et volètent dans l’air joyeux des Adolescents* et de toutes les fêtes baroques de la Cosmologie*, car c’est le propre de l’Inscription, cette catégorie à définir et ce territoire à défendre tout à fait en dehors de la culture et de l’art.
Je ne suis pas un artiste car je n’ai jamais eu d’atelier ; je ne suis pas non plus un écrivain : rien qui me débecte autant que ce milieu-là (particulièrement en France aujourd’hui), ses truies, ses danseurs mondains, ses plagiaires, ses sociologismes et ses livres qui ne sont jamais que les cendres de la vie, au mieux un reportage correct.
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Publication : D’après modèle. Denis Laget et pratiques contemporaines

Publié le 1 août 2010 dans document HSOR texte edition

Amélie Derlon

Date du document : Octobre 2009

Il y a une nonchalance dans la vidéo, celle qui sans doute exaspère lorsqu’elle devient maniérisme, mais il y a surtout comme le tapis du temps qu’elle retire sous le pas des acteurs, comme pour passer de l’existence à l’essence, comme pour creuser ce qui d’habitude ne jouit que dans son emportement.

Le cinéma c’est l’art du mouvement, l’émotion première du saisissement de la vie en fuite, avec les fabuleux débuts de la chronophotographie, la vie même en train de naître sur la pellicule grâce à ce spasme, cette saccade de la griffe, diastole et systole, obturation et lumière. Au contraire, dans son lisse non fractionné, la vidéo creuse le temps, l’évide, pouvant tomber tout aussi bien dans la nuit et dans la vacuité. L’acteur est sur un tapis roulant : il court sur place.

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Commentaire de plusieurs œuvres d’une jeune artiste de Marseille, entre autres vidéaste, qui a travaillé avec Didier Morin.

NDLR

Publication : Amélie Derlon

Publié le 1 août 2010 dans document DAO texte

Réponse à Menstyle - Biographie et non Autobiographie

Date du document : 2009

Biographie et non Autobiographie
L’autobiographie, c’est la façon d’éprouver dans un corps la vérité du monde. Ce n’est certes pas l’anecdote, ni les aventures du personnage de la carte d’identité, totalement fictif. ON n’a jamais existé ailleurs que sous un nom d’emprunt. Tous les papiers étaient faux, sans qu’il y ait même d’origine à la question. J’en pars, c’est une lancée, pas un aboutissement. S’il y a une individualité qui se constitue, c’est par l’écriture elle-même. C’était déjà le projet de Montaigne. L’auteur est produit par l’écriture de la Vie : non par son point de départ, mais par son point d’arrivée, son résultat. Il n’y a personne au départ. Il y a Onuma Nemon à l’arrivée.

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Publié le 30 juillet 2010 dans document HSOR texte

Parcours

Date du document : 2009

1948 : Naissance à Cuba.
1954 : En même temps que l’écriture la Cosmologie se met en place, de façon totalement secrète.
1966 : Études de photographie, marqueterie, reliure, préparation au travail de bibliothécaire avant le choix définitif vers les arts plastiques.
De 1966 à 1968 : Production d’émissions radiophoniques hebdomadaires nocturnes avec un collectif dont les travaux sont manifestés de façon anonyme, sous plusieurs surnons, ou attribués de façon indifférente aux uns ou aux autres ; et création du premier café-théâtre de province.

Premiers essais dramatiques (sous l’influence de Jean Vauthier, rencontré alors). Représentations d’Arrabal, Gripari, Obaldia, et montages poétiques autour de la Beat Generation, le Dadaïsme, Cendrars, etc.

Travaux d’assistant-décorateur avec Andréou sur le Don Quichotte de Paisiello. Participation à Sigma (Bordeaux), et à des travaux dans le cadre du tout nouveau Service de la Recherche situé alors Centre Pierre Bourdan à Paris. Rencontres de Loys Masson et surtout Robert Ganzo. Travail hermétique.

En dehors de ça happenings, travaux de décoration théâtrale en Andalousie.

La Cosmologie se cristallise sous forme d’un délire mystique et se constitue en Cinq Continents, mais demeure une élaboration secrète.

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Publié le 29 juillet 2010 dans document HSOR texte

L’Exaltation, le Magnéto - Lettre à Dominique Poncet

Date du document : 2005

(Lettre à Dominique Poncet. 2005.)

Cher Dominique,
À propos de l’exaltation et de la chasse (les deux sont liées !), pour poursuivre ce que je disais à Veinstein, j’utilise surtout la course, le sac ou la corde sur des temps d’une heure et plus. Didier du reste a réalisé, en 75 ou par là un des premiers enregistrements au sac de frappe, d’une telle durée, en sous-sol de béton, avec un son très métallique.
Lorsque je cours j’emporte souvent avec moi une liasse de feuillets écrits, et c’est seulement vers la fin, quand le cœur est prêt à exploser (midi, été : moment et saison du cœur), que je relis cela littéralement sur les hauts-plateaux ou à travers les pentes diagonales, entre l’horreur des Nuits et la Neige du jour. Les morceaux qui ne sont pas assez tendus tombent d’eux-mêmes. Puis je reprends l’ensemble la plupart du temps au magnétophone de poche, cette fois-ci en marchant. Quand je ne cours pas (“katas, sac, corde” suivant les saisons), je travaille aussitôt “dans la foulée” de l’entraînement : le corps “entraîne” l’écriture. Mais la nouvelle diction doit être reprise à son tour par l’écrit, car la voix et l’exaltation ne sont pas une preuve d’efficacité, de même que le bonheur d’écrire ne prouve rien de la qualité de l’écriture, comme disait à peu près Gracq. En tout cas, il y a une cadence, une prosodie explicite.

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Publié le 29 juillet 2010 dans document HSOR texte

Comment Vous Dites ? - Projet Radio-Crâne Nocturne

Date du document : 2003

— Le projet radiophonique O N ! est une des Extensions de la Cosmologie Onuma Nemon, liée à ses aspects polygraphiques et polyphoniques, au même titre que la monstration de quelques travaux plastiques originaux, la réalisation d’une ou deux “Machines Conjuratoires”, sculptures ou dispositifs de grande taille, ou les lectures publiques sans auteur faisant intervenir voix et images vidéo et cinématographiques.
— Pour cela il est essentiel qu’il puisse être réalisé au moment de la parution de l’ouvrage. Car il permet, comme le C. D. par une sorte “d’écoute optique” (Stephen Heath) une “méthode de lecture” de la structure éclatée du texte.
— Les “Nuits” seront un travail spécifique pour la Radio. Les extraits choisis sont inédits, et ne font pas partie du volume publié par les Éditions Verticales. Ils consistent dans un Monologre de La Grosse, elle-même sautant d’un registre à l’autre, changeant sans cesse de ton (on peut éventuellement utiliser plusieurs voix), mais permettant du moins, dans cette “unité” de rassembler et de “tenir ensemble” (comme la ficelle de Gutemberg autour du pavé de composition qui empèche le texte de “retomber en pâte”) des éclats issus de diverses émissions des années 50-60.
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Publié le 28 juillet 2010 dans document HSOR texte

Des radis de Bègles à la Rosière de Pessac - Freud. Introduction à la psychanalyse

Date du document : 1916. Traduction française S. Jankélévitch. 1922

Et de Cendrars, dans L’Homme Foudroyé :
(à propos des surréalistes)
“Je n’aimais pas ces jeunes gens que je traitais d’affreux fils de famille à l’esprit bourgeois, donc arrivistes jusque dans leurs plus folles manifestations.”
(à propos de Charles-Albert Cingria et par extension de Gide)
“Ah ! Ces pédérastes (1), le pauvre et génial raté !”
(1) “Pour la définition de ce terme voir les pages 671 et 672 du Journal d’André Gide (Bibliothèque de la Pléïade. N.R.F. Paris 1941). Oh ! Chochote, que de mensonges, de complaisances, de clichés, d’hypocrisies, de crises de nerfs, de vantardises, de poses, de vanités, de larmes de crocodile, d’esthétisme, d’art, de morale dans ce journal intéressé tenu par un hystérique qui écrit devant son miroir : « Chaque pensée prend un air de souci dans ma cervelle ; je deviens cette chose laide : un homme affairé. » (page 195).
Je sors ahuri de cette lecture de 1332 pages comme si j’avais relevé les inscriptions de 1332 pissotières de Paris que sont les chapelles littéraires. André Gide : le maquereau des grands hommes. Il lui faut tout le Panthéon : Goethe, Shakespeare, Dostoïevsky, Stendhal l’Égotiste et l’exemple du Journal des Goncourt pour le mettre en train ; mais quand il y est, il enfilerait le piano, et vous le place. Quel maniaque !”
Geneviève Vivian

Des radis de Bègles à la Rosière de Pessac

Publié le 27 juillet 2010 dans document DAO texte