L’Année des Adolescents (Nycéphore)
Date du document : 1968-1970
Date du document : 1968-1970
On trouvera ici quelques poèmes erratiques (pas forcément égarés), que l’on a distribués Ailleurs, faute d’être intégrés dans aucun des Livres Poétiques, ni des Os de Poésie de la Cosmologie.
Ils ne font pas plus partie de HSOR que des autres Continents.
Ils sont peut-être dans cette géographie imaginée jadis en rencontrant Joëlle, du Hortout : ni l’un ni l’autre (lierre ou mur), ni l’espace entre les deux (lumière), mais l’ensemble des parties, et cela lié dans l’ensemble de leurs différences. Un mathématicien pourrait construire cet espace topologique, et je l’en remercie d’avance.
Extrait:
En Chine l’argent tombe dans le coton, les punaises gagnent ;
Le Fantôme est à la traîne à L’AUBE DE CHINE.
À Taiwan réforme agraire :
Plus de facette lyrique.
Dao Chinois.
Blanc sur vide :
Le savoir éloigne de la vieillesse.
Li Bo,
Adoration du vin pour améliorer son éveil,
Toujours “à-demi-sobre” ;
Perle couleur coccinelle dans la paume de la main.
(lire la suite…)
Date du document : Dates diverses
On trouvera ici quelques poèmes erratiques (pas forcément égarés), que l’on a distribués Ailleurs, faute d’être intégrés dans aucun des Livres Poétiques, ni des Os de Poésie de la Cosmologie.
Ils ne font pas plus partie de HSOR que des autres Continents.
Ils sont peut-être dans cette géographie imaginée jadis en rencontrant Joëlle, du Hortout : ni l’un ni l’autre (lierre ou mur), ni l’espace entre les deux (lumière), mais l’ensemble des parties, et cela lié dans l’ensemble de leurs différences. Un mathématicien pourrait construire cet espace topologique, et je l’en remercie d’avance.
Extrait:
ORIENT
En Chine l’argent tombe dans le coton, les punaises gagnent ;
Le Fantôme est à la traîne à L’AUBE DE CHINE.
À Taiwan réforme agraire :
Plus de facette lyrique.
Dao Chinois.
Blanc sur vide :
Le savoir éloigne de la vieillesse.
Li Bo,
Adoration du vin pour améliorer son éveil,
Toujours “à-demi-sobre” ;
Perle couleur coccinelle dans la paume de la main.
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Date du document : 1987
Éditions Le Tout sur le Tout
À lire également le magnifique bestiaire S’accorder à l’horizon, paru aux Éditions L’Étoile des limites. On en reparlera ici et de ce que c’est qu’un style et un horizon d’écriture.
Date du document : 2019
Je suis nulle part (Sohrab Sepheri, Li Bai, William Blake…)
Jabban se souvient du désert qui était comme une friche quand les moutons y paissaient à l’aventure, il s’en souvient dans l’atelier tandis qu’il observe à travers la vitre sale le mouvement assez lent des vaches qui vont broutant une pâture abondante.
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Date du document : 2020
À la mort soudain se cabre le cheval (chapiteau Le voyage des mages, cathédrale Saint-Étienne, 2ème tiers du XIIème siècle) Plus rapide que Rakhsh à la lisière des sables, je cherche des yeux celui qui aime sa tristesse. Il se cache et craint l’assouvissement, je le cherche pourtant et lui apporte des vêtements, mais il fuit loin de tout, celui qui… Où est-il, sous l’olivier sec dont l’ombre abrite si peu, à genoux dans les mottes épuisant ses forces, abandonné de tous. On lui crache dessus mais ses pleurs lavent l’outrage, dit-il.
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Date du document : 1973-2000
MÂLE TEMPS
Un homme est devenu en quelque sorte à lui-même son propre rébus. C’est cette histoire que nous allons vous raconter.
J’ai eu parfois quelques abattements à ne pas avoir écrit d’évangile. Je suis si bien, “Deus lo vult”, comme ceux-là qui criaient, affublés de fausses culottes, singes ornés des maux des autres, ou l’homme qui s’incruste dans le Temps et qui dans l’espoir de mener à bien sa seule œuvre, refait toute sa vie. La finir n’est pas pire que la commencer ; en tout cas c’est ce qu’on regrette tout du long.
On se doute que j’étais loin!
Ma jeunesse était une sombre galerie dans la ville d’Irbiz très fameuse et tout à fait magique, cependant où donnaient quantité de fenêtres : des pèlerins traversaient les ruelles pleines de serpents, mais parfois la réalité des serpents cède et certains sont obligés d’enjamber et de sauter au-dessus de la vérité d’un fils qui est là tout de suite (elle a un fils : Frantz ; le père mesure les parts de poisson, des morceaux de viande cuite aussi bien, mais il en rajoute un morceau pour ce fils très adorable) ; et d’autres portent des écrevisses avec eux sur leur dos, qui jouent avec des enfants à faire des roulades sous le ciel comme les croissants qu’on y trouve !…
Je reste muet. À quelle fin une opération si terrible en cet endroit sur un enfant tellement pâle ? Là j’ai atteint quelque chose d’irréversible, stupéfait.
Tu as de longues fleurs autour de tes jambes et de tout ton corps, très joliment, au Maroc, le soir. Il faut chercher en creusant à travers les Nuits : c’est la clé de la jeunesse et surtout la nouvelle science des interprétations. J’ai laissé si longtemps se reposer les ouvrages, perdus en jachère, en lichens et en marcottages…
Le torse abonde de fraîcheur ; on sort en chemise. Il est question d’un homme (jaloux de nos amours), qu’on doit semer dans notre jardin noir où de grands soleils se balancent, au fond de l’atelier, de façon totalement abstraite : ce n’est ni un corps, ni de la matière ; on doit distribuer ses caractéristiques dans le sol, ses coordonnées neurologiques, sous forme de texte ou musique : l’humus va réussir à reproduire l’intégralité scientifique de cet homme, me dis-tu. “Il sera d’une grande beauté.”
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Ce volume est paru aux éditions Verticales, sous la direction de Bernard Wallet en 2004. On le retrouvera ici avec tous ses étoilements graphiques.
Date du document : Septembre 2016
Après le premier gros volume d’un millier de pages de la Cosmologie paru chez Verticales en 2004, classé par Quartiers et comprenant ses Étoilements graphiques, celui-ci, aussi conséquent, a été publié par Mettray en septembre 2016. Il est classé par Lignes de personnages, et comprend également ses Étoilements graphiques sous forme de vignettes à coller, comme dans les anciens albums de chocolat. L’idée venait de Tristram, pour la publication de OR, en 2000, qui n’a jamais eu lieu.
Date du document : 2023
Les textes de Refaire sont des poèmes 3 en 1, les deux colonnes pouvant se lire successivement, ou bien comme un tout fendu au milieu. Idéalement, la lecture devrait progresser simultanément dans les trois directions, ce qui est évidemment impossible.
Certes, les deux franges du poème dessinent les contours d’une faille, les bords hérissés d’une déchirure, mais cette béance centrale n’est pas que la trace tragique d’un défaut ou d’un manque, elle est aussi la possibilité du jeu, de l’indécision et de la pluralité des sens (significations et directions).
Ainsi la difficulté de lecture n’est pas une défaite programmée, c’est au contraire une incitation à circuler dans tous les sens, comme à la surface d’un tableau ou d’un vitrail.
L’ensemble, la chaîne des poèmes, progresse par boucles : chaque texte est en effet à la fois circulaire (se « mord la queue »), concentré indéfiniment sur son obsession propre (une scène, un nœud de sensations hors tout continuum), et relié aux autres par la récurrence de figures et de motifs, le tout suggérant si on veut une histoire.
« RE », fermant chaque texte et ouvrant le suivant, est le maillon, en même temps que l’emblème de cette écriture, qui s’efforce de re-configurer (non re-présenter) quelques morceaux de vie en les transformant en objets de langage partageables.
Ces objets sont bariolés, bricolés à la di-able, approximativement rapiécés… On a colmaté avec ce qu’on avait sous la main (phrases d’emprunt, bribes de chansons, scènes de films…), rafistolé comme on a pu. Le résultat, hésitant entre l’éberlué et le burlesque, fixe précairement dans une forme instable ce qui tout à la fois obsède et se dérobe.
***
(On trouvera la suite de Refaire dans le numéro de Mettray d’automne 2024, avec un hommage rendu à Mettray (à la fois la revue et le lieu). L’auteur rectifiera elle-même ces documents au fur et à mesure de l’avancée de l’ouvrage.)
Ce volume est paru aux éditions Tristram en 1999.
Il s’occupe de celles qu’il abandonne ; il leur trouve des maris, des situations ; il fait l’entremetteur. Il est généreux et tendre avec elles ; il est de leur côté ; il est fémi- nin, c’est un fennec ! Mais il est plus viril qu’aucun imbécile guerrier ; c’est un Héros et un Saint en même temps qu’un Poète.
Il rève de mariage blanc plus qu’elle, plus ; il voit des enfants dans le jardin ; il veut le bonheur parfait à chaque fois (mais il ne peut se marier !). Il fait écriture de sa Vie. Il a le noir du jais et la violence éjaculatoire.
Il racontera sa vie dans une œuvre considérable, écrivant sur les talus ; il est une partie d’un tas plus lointain, beaucoup plus obscur et nucléaire, dangereux. Il est dupé ; il parvient à la dépossession absolue, il s’éloigne à la fin sur la blancheur de la Neige, dans la Montagne, vers un Col (Tamié).
États de la matière et de l’être, angoisse extatique et délicieuse en dehors de tout territoire, cette finalité d’un projet chargé d’explosifs !
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Date du document : 1971
Ce poème est dans la ligne de Pr’Ose !
Voilà mes ancêtres atrocement poussés sur le port, à Saint-Michel, préférant Sumer, Gilgamesh, la Renaissance et sa débâcle finale…
À l’heure certaine de l’Aube, je me réveillais ceint de bandelettes, corps momifié en érection, voiture en route vers Hadès, radicalement seul, ni vivant ni mort, sans heurt et sans histoire, force inutile de n’avoir aucun appui. Alors on est l’être-même, et l’on sait que ce désespoir durera jusqu’à la fin à moins que la Fée ne surgisse.
J’ai connu les flots flous énormes des jouissances hors des possibilités de transport habituelles, enchaînant d’un postérieur à l’autre comme on peut prendre le bus trois fois avec le même ticket, crachant ma monnaie partout sur le sol et les chaises.
J’ai vu à Manchester toute la suie, ensuite prié devant les ocres cheminées des Fées. “On nait trop petites, on pourra rien défaire, on a facilement retenu ce qui nous fait ne pas être, la Voie lactée jetée dans l’eau.”
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Date du document : 2014
Au fur et à mesure du déploiement de la Cosmologie, des Cartes ont été établies pour rendre compte des modifications du territoire. De là obligatoirement des répétitions, des modifications parfois minimes. Toutes ces cartes tiennent compte également des échappées qui auraient pu se produire.
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Date du document : 1986-1991
Dans l’édition de Verticales des Quartiers de ON ! nous n’avons pas repris avec Aphesbero la partie OR très colo- rée et très éclatée typographiquement, qui représente à peine plus de 200 pages. Je n’ai pas retenu cette partie car je craignais la difficulté de lecture entre l’hétérogénéité extrème des morceaux et l’éclatement supplémentaire de la page. Puis il me semblait que cette partie OR serait parfaite dans un “journal”, du genre Rubriques des Saisons d’Or (pas une revue) plutôt qu’un livre, comme un quotidien rendant compte des activités de ce pays-là.
(Voir la suite…)
Date du document : 2014
Grande braderie des fétiches, liquidation des souvenirs les plus chers. En vrac défilent, retapés en objets de langue, motifs de l’enfance, choses du cœur et déboires du corps, dans une traversée éberluée de l’affolant fourbi de la vie, vaguement classé ici en chapitres (« Fragile », « Tout-venant », « Ne pas ouvrir », « Fins de série »).
Les dix « Vracs » d’Onuma Nemon (encre de Chine sur Arches, 2018 et 2023) n’illustrent pas, ils sont plutôt la rêverie du texte, en une série de paysages mentaux dont les lignes précises et les détails minutieux ne prennent cependant forme en aucun objet identifiable.
Les choses surgissent et disparaissent dans un même mouvement joyeux. Liquidation dit flux, dévalée de prose rapide. Entre distanciation grinçante et sensualité éberluée, l’écriture bazarde vite, sans s’apitoyer. Les souvenirs sont affublés d’un costume bouffon, l’intime emballé dans la rhétorique kitsch des petites annonces. Et bien sûr, l’emballage craque, farci d’éléments exogènes (amorces de récits, bouts de dialogues, couplets de chansons, réminiscences diverses…). Le modèle explose en même temps que les objets évoqués : bon débarras !
https://lurlure.net/vide-grenier
Éditions Lurlure Emmanuel Caroux 7 rue des Courts Carreaux 14000 Caen (France)
Date du document : 2014
La première et originale édition de cette “Cosmologie Portable” a été diffusée par les éditions Mettray accompagnée d’une grande eau-forte sur cuivre réalisée dans les ateliers de l’URDLA, constituant une des cartes de ladite Cosmologie.
Malheureusement quantité de corrections et suppressions n’avaient pas été prises en compte avant l’impression à cause d’un transfert défectueux sur un autre logiciel.
Nous donnons donc ici la version correcte prévue et définitive.
Cet appendice n’est pas exhaustif et ce n’est pas non plus un plan originel qui aurait régi la constitution de l’œuvre. Complémentaire des Cartes successivement éditées, il a été lui aussi augmenté au fur et à mesure de l’avancée du travail.
Les personnages, ou plutôt les Figures ici décrites ne représentent qu’une infime partie de la Troupe Cosmologique ; de même, les indications de construction ne sont jamais que régionales : ici valides, ailleurs elles ne le sont plus.
Quand bien même la Cosmologie n’existerait pas, cet Appendice doit être considéré lui-même comme un texte-projet utopique, au même titre que les recueils ici nommés Absolus.
Date du document : 2014
Entretien de 2014, deux ans avant la parution des États du Monde, avec un ami Franc-Maçon.
Date du document : 1965-1972
Il s’agissait avec ces petites proses de créer des types, des typons, sans faire de clichés.
Que pouvait être l’essence du roman russe, par exemple, ou de l’œuvre de Fournier.
Mais ceci sans développement, sur des formes courtes : toujours cet intérêt pour les fragments comme éclats de vérité. On renonce à la cohérence pour accéder au poétique. Incohérence, instabilité, abandon, renoncement, dans l’espoir de saisir la matière même de l’expérience. Moments de vie infimes, fragiles, sur la ligne de frontière, puissance de nouveauté.
Les Absolus sont une déduction de l’essence du monde en devenir, en mouvement. C’est ça qui est difficile : saisir à la fois le mouvement et l’absolu.
Pour prendre un exemple simple : la plus grande passion de votre vie que vous aurez éprouvée, et au moment le plus intense de son incandescence, vous décidez de la rompre ; vous refusez la cohérence du roman, et il vous reste dans les mains les deux bords vifs de l’arrachement : vous êtes retombé de l’avoir à l’être, sans même être le moins du monde bouddhiste.
Simplement malheureux.
Les absolus seraient des lieux fixés pour l’éternité dans un livre, ou des cartes postales. C’est le bonheur extatique que trouvait Lulu, à plonger dans les cartes postales et à s’immerger dans ce temps-là, celui d’une contemplation démesurée, la conscience aigüe des univers parallèles. Elle avait la faculté de circuler dans d’autres mondes, de décoller la gélatine de la représentation. Les témoins sont formels. Elle leur détaillait ses avancées. Et ce don ne fit que s’amplifier avec son agonie. Elle a vécu toute une saison dans un album.
Absolus des Saisons
Dans le recueil : Absolus des Saisons, de Nycéphore et de Nicolaï (continent Logres), il y avait le projet fou de condenser toute l’expérience d’une vie sur le temps de Pâques par exemple, comme si l’on pouvait déterminer une constance éternelle, les traits définitifs ; ou peut-être bien plus modestement, (ce qui fut le cas, et seulement pendant quelques années), une formule personnelle du Dimanche de Pâques, du jour des Rameaux, de la Toussaint ou de la Rentrée. Du côté de la constance éternelle ça pourrait être un idéogramme comme l’idéogramme de l’automne contient véritablement la rentrée des foins et celui de l’ours la clé du feu.
Le projet du Calendrier Absolu (OGR. Journal des Adolescents), reprend celui-ci pour chaque jour du Calendrier ; le 11 décembre, par exemple. Bien sûr, dans ce cas également, il s’est agi de l’expérience de quelques années seulement, on ne s’est pas astreint dès le début à une telle obsession.
La tentative est d’autant plus fictive qu’on connaît les variantes, les imprécisions et la variabilité de toutes les sortes de calendriers les uns par rapport aux autres : il ne s’agit que de conventions qui ne coïncident absolument pas d’un calendrier à l’autre. Ce père-là n’est pas vraiment mort le jour anniversaire de la naissance de son fils, comme on aurait pu le croire.
Peut-être peut-on seulement déterminer quelques moments notables des saisons (toujours les saisons, “à la chinoise”), des moments ou le Temps danseur tourne sur son axe…
Vers la fin de la République romaine le calendrier était un chaos. L’année s’appellait Annus, anneau sans commencement ni fin.
Ces Chromos Célestes se présentent comme le type absolu d’un genre et comme son achèvement, son extase peut-être.
Ils sont les photographies d’une saison éternelle où rien ne bouge, où tout se reproduit toujours exactement de la même façon, là où l’évolution n’est qu’un cycle. Ce sont des Stéréotypies Apodictiques.
On voudra bien regarder avec attention sur ce site, dans le Domaine DAO, les Célébrages de Typhaine Garnier, œuvre conçue dans la même utopie rêveuse d’un Calendrier Perpétuel.
Ces textes d’apparence japonisante – façon Hergé : c’est du français en costume japonais, mais exagéré, caricatural et (involontairement ?) bouffon – avaient pour ambition de tenter une autre transposition du haïku. Plutôt que la version occidentale habituelle (l’insipide sandwich de 5/7/5 syllabes), je voulais trouver une forme qui restitue au moyen de l’alphabet latin quelque chose de la dimension graphique et de la polysémie (et polyphonie), c’est-à-dire de la densité du haïku, associant l’idéogramme et l’écriture syllabaire.
Le résultat est un hybride, une sorte de chimère qu’on ne sait par quel bout ni dans quel sens prendre, ni s’il faut l’articuler ou seulement voir. Les signes font parfois rébus. Une syllabe s’étoile dans plusieurs directions. Des lignes sémantiques horizontales apparaissent en travers des verticales, mais furtives, hasardeuses. Le tout a un caractère enfantin, car c’est bien un jeu, un exercice d’assouplissement, où tous les coups (aïe) sont permis (alors que le haïku traditionnel obéit à des règles formelles strictes). D’où le sujet, sans doute : le chat Zoneille, agile et malicieux comme tous les jeunes de son âge, comme le chat à l’encre de Chine d’Onuma Nemon qui s’est glissé dans ces pages. À moins que ce ne soit l’influence de Maurice Roche, lu assidument à ce moment-là.
Un petit texte théorique sur l’écrivain Adalbert Stifter
Pour illustrer ce titre programmatique, j’ai choisi de ne traiter que du récit intitulé Dans La Forêt de Bavière, un des derniers textes d’Adalbert Stifter, un texte sur pas grand chose et cependant charmant.
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Fatima de taille est pure merveille, elle va à la fontaine sa cruche sur la tête, elle va et le village s’en étonne, c’est elle qui doit le faire, n’est-il pas là pour s’en occuper. Lui, c’est Istvan, sa taille est pure merveille aussi, son beau visage rayonne de santé, ses yeux sont des éclairs, il se prélasse sur la couche, Fatima doit y aller à la fontaine. Mais elle rencontre là Jabban, Jabban qui est serviable et beau comme un regard où perle la rosée.
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Comme une âme qui s’en va un petit air de flûte dans l’assemblée avait éteint les paroles et quelques uns marchant dehors baissaient la tête sous leurs turbans. Mais les chevaux piaffaient dehors, une tension dans le troupeau irritait et de même dans l’assemblée circulaient des jurons. Le cercueil resta dans l’église, et quand le musicien chanta «il est parti, ils est parti! Que les lointains l’accueillent» on entendit des pleurs et quelques gémissements. .…
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Date du document : 1972 et 1989
Ces pages perdues et non intégrées dans OR avec leur mise en colonnes, renvoient ici volontairement au recueil en cours de Typhaine Garnier dit Refaire, textes lisibles ici dans DAO : Refaire. Poèmes de Typhaine Garnier
Date du document : Février 2023
Au fil des mois, la nature ressort ses appâts, et chaque fois on s’y laisse prendre. Avant-printemps : premiers chatons aux branches nues, primevères, etc. Surprise, ravissement, on est ému comme si on avait oublié ces « tours » pourtant vus autant de fois qu’on a d’années ou presque. Il y a de quoi enrager. Les « Célébrages » sont les chromos d’un calendrier perpétuel qui tente de fixer cela une bonne fois pour toute, et qu’on n’en parle plus. Heureusement, c’est raté.
Arno Schmidt : « Le plus fiable, ce sont encore les beautés de la nature. Ensuite les livres, puis un rôti braisé choucroute. Tout le reste est versatile et vain. »
On se reportera ici même aux Absolus de Onuma Nemon, petites et très anciennes proses dont le projet était proche de cet ouvrage-ci, tout récent.
Date du document : Février 2023
Date du document : Février 2023
Ce texte est extrait d’un travail en cours intitulé « Refaire ». Même s’il y est question de choses vues, de paysages et de personnes aimées, refaire n’est pas revoir : foin des nostalgies (sauf surjouées pour rire : « Ô… ») ! Il s’agit de faire du neuf, et si possible en forme, avec de l’informulé : fatras de souvenirs, pelote de sensations, magma d’émois, etc.
Pour ça, on a fabriqué un moule, censé aider à faire consister. Description du moule :
Le but : que ça ne colle jamais. Ne pas adhérer, mais aérer. Que la droite contredise la gauche, la mine d’ironie, la glose de commentaires oiseux ou obscènes, en déforme symétriquement les phonèmes, bref, la malmène d’une manière ou d’une autre. La faille béante au milieu du texte n’étant pas frontière étanche, les deux côtés se contaminent aussi l’un l’autre. Et bien sûr, aucun n’est le « bon ». La vérité est au milieu : dans l’interstice.
Typhaine Garnier
Il faut lire également Les Pages Perdues de OR
Date du document : 2016. La Rumeur Libre
Au lecteur,
S’il est bon de faire entendre des histoires, il faut préciser que les nôtres, Lecteur, ne sont pas à entendre au sens ancien qui veut dire comprendre mais au sens moderne qui passe par l’oreille car, dit Cicéron : « le discours doit chercher le plaisir de l’oreille », ce que rapporte Aulu-Gelle. C’est donc lorsque tu liras par les yeux que tu entendras par les oreilles ce que disent ces paroles dégelées, selon Rabelais. Ainsi sache, lecteur très cher, que ce que nous racontons, c’est pour la musique !
Mais sache encore que nous ont guidé quelques maîtres anciens qui prirent soin de nous offrir quelques fruits et, dégelant nos doigts gourds, corrigèrent nos maladresses en ces temps divers, ou d’hiver, où rien n’est plus agréable à l’oreille que d’être frottée par d’autres…
À bon entendeur donc, salut ! Et qu’il en soit pour toi comme du feu roi François dont Martin Du Bellay écrivit : « toutesfois jamais adversité qui luy peust advenir ne luy abaissa le cœur ».
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Date du document : 1976-1982
Tandis que le vent rabat la fumée de nos cheminées sur le ciel gris de neige et le fond des sapins, j’absorbe cette vue avec la même nécessité d’imprégnation que celle qui existe à partir d’un texte historique ou dans toute autre forme de récit. Seule la poésie offre la plus grande succession fragmentée de climats ; la force d’incantation visionnaire d’un poème comme Les Classeurs ou Terre de Grogne (1), par exemple, est pour moi colossale et n’a rien à voir avec un jeu littéraire ou une astuce verbale ; dans Les Chercheurs d’Or (2), une infime blessure ouvre un monde, comme l’agate de Roman. À toute communication préférons l’hermétisme du Chant ou de la danse guerrière.
Ainsi vont les rêveries d’un enfant au fond d’un grenier à partir d’archives familiales, ou les constructions historiques qu’on se fait, les histoires deux, ces curieuses imprégnations à partir des récits entendus en classe et des livres d’Histoire lus.
Grâce à ma maîtresse primaire (Mlle Angélique !) j’ai pu ainsi assister à la Saint-Bartélémy en la replaçant à Saint-Michel et la Sécession à Saint-Augustin. En d’autres quartiers de Bordeaux ou des villages connus, j’ai construit mes premiers récits de cape et d’épée et surtout j’ai participé à l’exaltation des Enfants Croisés qui sont venus me rendre visite la nuit, et qui agissaient essentiellement du côté du Maucaillou ; tout le Moyen-Âge était là et rayonnait tout autour de la maison du bourreau rue Saumenude jusqu’aux Halles des Capucins.
Il a suffi ensuite que Nicolas reçoive ses Commandements près du ruisseau du Peugue et devant l’entrepôt des Autobus, à Lescure, pour que ça tourne au carré, comme la Fortune !
Il ne s’agit donc absolument pas de couleur locale ni de vérité historique mais de crever espaces et époques les unes par les autres aussi vrai que le Christ a suivi la route 66 et a subi l’horreur des urines de la place Canteloup.
(1) : Livre Poétique de Nycéphore
(2) : Livre Poétique de Nicolaï
Hiver 1982
Date du document : 2012
Chronique de Fabien Ribéry à propos de On a perdu le nord ! paru dans la collection d’Après chez METTRAY éditions
Date du document : 1964-1984
Le Livre Poétique de Nycéphore est un recueil de 240 pages qui s’étend sur vingt ans (1964-1984). Il a pour pendant un volume semblable de Nicolaï. Cela ne résume pas toute la partie poétique de l’œuvre qui comprend également des Os de Poésie (de 1984 à 2000), des poèmes en prose, poèmes sonores, etc. Ceci vaut également pour Nicolaï.
On a laissé l’intégralité du volume sans aucun choix, même si il y avait des faiblesses, à cause des correspondances en vis-à-vis entre les deux frères de chacun des poèmes. Il y a beaucoup de “remplissage versifié” : en 1964 l’auteur avait 15 ans, et il était curieusement à la fois dans quelque chose de très actuel proche de Cendrars ou la Beat Generation dans son travail radiophonique et tout une série de poèmes qui en dérivaient ; et de complètement archaïque dans d’autres poèmes ou dans l’écriture de Roman, proche de son espace de réclusion. Les deux on co-existé longtemps.
S’il y avait un choix de l’auteur ce serait là où la versification laisse la place à l’aspect hypnotique et incantatoire. On a développé ailleurs cette problématique autour de figures qui semblent traverser les siècles et qui ne tiennent pas à la prosodie.
Évènements & Catastrophes
L’Année des Adolescents n’est pas un pseudo-roman, c’est le simple compte-rendu de la vie d’un groupe d’amis dans l’année 1968 (bien que 20 ans en 1968 relève de l’âge adulte). L’idée et la matière ont pris corps dans cette “année terrible”, comme aurait dit Hugo, dans la naïveté de croire qu’on vivait un moment historique. Ce qui semble avoir été le cas.
Il éclaire d’autres aspects de la Cosmologie, bien qu’il ne soit pas “au-delà de tout ce qui est nécessaire”, comme certaines parties de l’œuvre. Il est utile pour la compréhension de l’ensemble. Il ne s’agit pas encore une fois d’un nouvel épisode des mémoires d’un vieux con ou d’un ancien combattant, car l’essentiel du matériel qui a été assemblé (tiré de journaux intimes, carnets de route, agendas, carnets de notes, correspondances), ainsi que sa composition, date des évènements eux-mêmes. La documentation doit toutefois excéder de part et d’autre, de 66 à 69 ou 70 au maximum.
Dans l’ordre il s’agit de 7 couples : Mila-Cali & Nicolas, Ella & Hill, Énide & Erec, Lydou & Jean, Aube & Nany, Ramona & Nicolaï, Nathalie & Nycéphore.
(lire la suite…)