Bonheur Thoracique - Os de Poésie Nicolaï
Date du document : Décembre 1977
Date du document : Décembre 1977
Date du document : 1984 & Après
La Longue Marche
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Je n’en ai pas fini d’avoir dormi longtemps, frais et dispos d’emblée, arrêté dans un lieu pour boire du café, simplement, voir des gens, sourire à tous, admirer le visage des enfants, le jeu des animaux, l’air benêt, parfaitement sans ombre.
On n’en a pas fini de la parole qui éteint tout sauf cette charge distribuée dans le ciel, de cette perpétuelle chute en avant de la course, la voix perdue quand on jouit dans la Neige jusqu’à pluspersonnevisible.
On n’en a pas fini avec le cortège qu’on voit de loin à travers les bourrasques, les trombes de pluie, de se rendre au cimetière dans des cirés fluorescents en coupant dans la paille et la luzerne, dérangées…
On n’en a pas fini comme personne privée de ramasser quantité de cadavres publics.
On en finit pas avec l’arithmétique, le vélo au soleil et le chien souffrant ;
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Lire avant et après…
Date du document : 2020
Derrière la vitre de la maison (raga Durga, P. Istrati)
Le jour se lève enfin, sous les rafales de pluie, la lumière s’adoucit et doucement s’éclaircit alors que le vent se calme un peu en remuant les feuilles qui tombent et tournent loin au-dessus de la prairie, portées par les souffles intermittents qui passent ou s’enfuient… La fuite se propage au solitaire comme l’escapade à l’homme qui vieillit et le voyage entrevu comme une croisière mouvementée tente une jeune mère à la fenêtre de la maison. Elle regarde le remuement des branches et les feuilles qui s’envolent : je partirai un jour et que ce soit dans la tempête sera très amusant… Elle relève ses cheveux pour dégager son regard, elle observe dans le vague un petit buisson déraciné qui roule par à-coups dans l’herbe malmenée. Le vent pousse devant lui et l’âme le suit… Sur un lit de fleurs, je dormirai, écoutant les oiseaux de la prairie, les cailles, les perdrix…
Derrière les Vitres de la maison est extrait de Voyager Sans Partir (non publié),
Invitation des fleurs de Invitation Des Fleurs (non publié).
Souvenir Anatolien ne fait pas partie d’un volume constitué.
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Date du document : après 1984
Rien ! devrait se lire en deux respirations, pour bien sentir le souffle. D’abord le I, ensuite le II et le III. Ça se parcourt en trois heures, une écriture facile, pour les pauvres. Tout ou Rien. Pas plus de clé ici qu’ailleurs ; rien que les contours d’un style.
Rien ne s'oppose plus à ce Rien ! que le fait que de nier, sinon peut-être pour les humiliations multiples des cauchemars qui n’auront pas de fin. La fuite animale, la disparition, le désir absolu de se fondre et qu'on ne nous remarque pas, sont du côté de la passivité, une passivité devant un beau geste, un paysage exaltant, un point d'acupuncture juste, une musique évidente. Ça ne contredit en rien notre violence irrémissible, qu’on se rassure !
Rien ! fait partie du continent HSOR de la cosmologie, lié aux HiStOiRes du temps. Aussi bien vrac théorique, pédagogique, cartes du territoire, journaux, mémoires grises & noires… La plus grande partie est seulement à consulter plutôt qu’à publier .
Rien ! concerne cette fin planétaire dont j'ai parlé dans Mettray. Mémoires du temps, des autres, sans trop d'épanchements (le genre de penchement en avant qui fait qu'on tombe, et qu'il nous faudrait des pansements tout de suite), pas du tout sous une forme romanesque mais par fragments successifs comme l'ensemble de la Cosmologie ; peut-être un peu plus linéaire ; ça s'est entassé de la même façon, peu à peu par séquences au fur et à mesure des années pour être rebrassé à la fin.
C'est la fin de quelque chose, le bout de l'impasse, une conclusion, le constat sur une vie : être passé de la Tribu des moins-que-rien à rien, ce qui n'est pas rien. C'est un couteau tragique, une bonne coupure. Et une condensation.
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Date du document : 1969-1982
Publication: Mettray n°14
Date du document : Après 1984
Enfin une saison ! Ça faisait longtemps ! Saluons-la ! Où va Ulysse il y fait froid : lucarne ouverte de l’atelier, soudain très sombre ! La pluie très forte, comme sur le plafond, sur les désespoirs de poète et le muguet fâné. Il est sur nos genoux, le gros chat, le griboux, à articuler ses pluriels.
Rue Charlot, Tour du Temple : les jeunes filles du matin, font tournoyer le dé de cristal triomphant du printemps dans la violence du zapateado.
Je me souviens, rage étrangère à la France, d’un pays de tartes welshes, confitures, avec une langue rauque qui vocifère ; je n’ai jamais voyagé qu’une seule fois dans des cafés enclos par de minuscules ruelles, et vu grâce à cela des splendeurs baroques.
C’est magnifique : on attend la neige ou la guerre, l’attaque des Aigles, les oiseaux noirs passant comme des obus ; dans la guitoune à gaufres face au manège, dans un moment d’émotion pure, Eva laisse une rose devant la porte, portique de lueurs fameuses à travers les larmes ou la pluie…
Heureusement immérité argent éblouissant et souvenances du futur : boules de neiges dans l’azur et de noirs klaxons dans les rues ; glacis de grâce où les œillets de neige vont,
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Ce poème en versets détaille beaucoup d’aspects de Bordeaux. Nous le dédierons en particulier aux deux amis Didier Morin et Bernard Plossu (qui a aimablement revisité et photographié les quartiers des États du Monde). Tous deux grands voyageurs comme Ulittle Nemo. Curieusement j’y ai retrouvé des souvenirs d’Arras en 1986 proches des images de Plossu et cette litanie incantatoire aussi qui est une sorte d’absolu pour lui :“On continue !”
Nous le dédierons aussi à Alain Vallet, d’une Tribu gitane.
O. N.
Date du document : 1978
LES MARCHEURS
À l’Omphalos les Anges viennent sans maquillage
Et se dissolvent au bord des quais
Avec des fleurs dans les cheveux,
Vers la Montagne du Temple, toit de mains réunies ;
Le Temple en carton peint,
Le Palais-Gallien,
Le cortex de cristal, le total de colonnes.
Les Séraphins de Delphes tournent la mie de pain entre leurs doigts
Et la luplissent de lumière.
L’Archange Saint-Michel, cuivre qui résonne, hanche souple,
Vient avec son Bronica
Pour prendre la première photo de la phemme du Dieu de Delphes
Et du python qu’elle y a tué :
“Hatu Berato Niktu !”
De bon commencement je n’en connais guère
(“C’était la guerre.”).
Présent : hypotyposes et orichalque !
Aux Chérubins inflammatoires l’éblouissement
De l’addition des couleurs à travers leur corps prismatique ;
Puis cette somme illunescente de bruits et de rubis fond...
Et la trace en buée à son tour se dissout
Avec les derniers bateaux glissant sur les artères.
“Voici les Trois Grands : le Cœur, le Poumon, le Rein !”
Jésus devant concombres et tomates
Sous les arbres.
« Zénon, est-ce moi qui t’ai fait tomber ? »
On traîne d’une allée marchande à l’autre
Au milieu des enseignes numineuses
(Grenadine des garages et menthe des pharmacies).
“Est-ce le Seigneur ou un Ange, je ne sais pas.”
Des jougs, des âges et des charrues ;
Et ce qui vaut pour le village de Lavoux
N’est pas sans intérêt pour la France.
Tout le groupe est parti dans cette idée à Dijon
Sur les traces d’Aloysius à travers les rues
Le mercredi, et le chien venait de mourir ;
On a rapporté les paroles de Jésus en ville :
“J’ai essayé, on peut.”, ou
“Mon fils sera violoniste.”
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Les Marcheurs sont le prologue poétique du recueil de Nouvelles & Petits récits nommé Histoire Deux.
Ce recueil (dont des extraits figurent dans Quartiers de ON !), daté de 1984, présente plusieurs tableaux de l’Antiquité à la Renaissance dans une version rejouée, célébration parodique ou reprise de cauchemar.
Date du document : Après 1984
Date du document : 1984
Crapaud mort, colle, cire à cacheter, chiffon, plaque de gravure en zinc, planche xylographique en sapin. 30 x 20 x 30cm.
Date du document : Après 1984
Grande Cible 25 m. Acrylique blanc 53 x 52 cm.
BONHEUR THORACIQUE
Je fus dans le corps d'un aïeul : avec ses jambes qu'on ne maîtrise plus, le vent pelant la face hirsute de la mauvaise saison, burinant ses traînées entre poils et cheveux, emportant au loin dans l'Histoire des cauchemars polaires.
La Vague circulait dans les tranchées et la lumière dans les creux, dans les versants de la vallée, à l'arrière des derniers talus d'arbustes ; les Irlandais sabotaient la campagne de Pâques jusqu'à l'insurrection. Le 16 avril 1917 flottait un énorme nuage noir pourri de neige, de fumier gelé, de gueulements au-delà des bosquets et des lacis barbelés jusqu'à la Crête des Dames d'où l'on domine les fonds humides de la vallée de l'Ailette, le Bois des Buttes, le Ruisseau de la Miette, la Ville au Bois et la Musette, et surtout les torches brûlantes et hurlantes jaillissant des chars incendiés.
Si je suis d'un printemps, c'est de cette herbe encore trop pâle ou ma mère élève des plantes comme elle ferait pousser des enfants, car elle a les doigts verts de celle qui n'a pas su sauver son fils. Il n'y a pas de bras dressé de Diane pour la défendre ; mais il y a ses mains qui nous ont défendu des mâchoires du chien en rage quand nous étions enfant, d'abord aveuglé par la lampe en forme de globe de l'ophtalmo, enfin heureux de la fenêtre ouvrant sur le jardin du médecin suivant sauveur de notre œil.
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