Jules-Arthur - Tribu des Gras
Date du document : 1984 et Après
Date du document : 1984 et Après
Date du document : 1971
Ce dessin faisait anciennement d'un cahier auquel il a été arraché. Il y a eu dans les années soixante-dix une série de onze cahiers complets inspirés de Comic-Strip des années 50 (Tex Tone, Buck John, Hoppalong Cassidy), et destinés pour certains à illustrer deux pièces de théâtre de Nycéphore du Continent OGR inspirées par les mêmes ouvrages. Ils composaient toutefois chacun un récit. Tous ont été détruits dans l'année 2000 sauf deux : l'un offert à Françoise Labat, l'autre à Pierre-Alain Lucerné.
Ce sont la plupart du temps des traces de crayons de couleur ou de pastels sur un fond de scène au graphite.
NDLR
Pierre de Kernec-Malevouan.
Quand vint le Cap’tain’ d’eau douce, j’ai cru voir trottiner Gilles Martinet "missionné" contre la Rinascita, dans son costume trois-pièces, main dans la main avec sa petite perversion pâle et froide, ou bien entendre une citation de Lourau sur l’identification à l’institution. Faut croire que ce n’est pas mieux sous les vieux pavés de 68 ; la seule fois où j’ai entendu Sauvageot s’indigner de l’inculture des étudiants avec sa nouvelle coiffure, le cerveau peigné en arrière, je me suis ému de cette floraison de métanalyse par rapport à la propagande répandue par mes anciens profs barbus en velours, voire les plus mal assis, à propos de cette "vieille œuvre" jadis militante ; je préfère Paris-Roubaix dont on fêtera bientôt le centenaire. L’idée de "l’écriture" dans les Ecoles d’Arts est vraiment nulle ; ça doit sans doute être lié avec cette allure "vengeance des profs qui ont moisi longtemps dans les bahuts“ avant de nous faire payer nos excès de couleur ; on revient enfin à la restauration capitaliste, à une politique conceptuelle glaciale des "deux fusionnent en un" ; c’est peut-être aussi un des effets du révisionnisme moderne que le retrait vaseux de la vague de fond constituée d’énarques au lieu de la grande déferlante d’une élite intellectuelle désagrégeante ; on est dévoré entre les deux tranches du pain de mie universitaire et de la vieille croûte du secondaire. Heureusement on trouve encore ici ou là comme enseignants un veilleur de nuit, une dompteuse de fauves, un mathématicien fou, une lingère. Il y a un type vraiment génial à Quimper dont j’ai oublié le nom qui se balade justement comme un homme-sandwich avec sa force productive dans le dos : de la cochonnaille moulée en plâtre rouge sang ou couleur du pus, de la bile ; c’est une personne éthiquement irréfutable. On reconnaît dans ce vieux débat hélas la ligne mécaniste qui va s’imposer ; nous vivons tous le crépuscule des Beaux-Arts, mais ce serait étonnant que nous n’y soyons pour rien. La casuistique a encore de bons moments devant elle. Je suis né à Orchies en 1974, mais la plus grande partie de ma famille a péri à La Panne-Dunkerque le 27 mai 1940. C’est sans doute pour cela que je reprends "Le Poème Historique" ; il y a un grand projet en route qui s’appelle "Le Lai du Littoral". La théorie du signifiant en est venue à son absurdité de redondance dans les Ecoles d’Art ; Oulipiens ou Poliens ne sont que les mêmes resucées de lambeaux morts ; ils s’offrent de temps en temps une artiste mécanique qui danse le cha-cha-cha, mais c’est toujours la même pauvre parodie du temps en flux. Or, si nous voulons bien la langue, c’est plus son irradiation que ses isolexismes. L’état du délabrement vers la Banque Mondiale était visible dans cette émission télévisée "tenue" par l’une "des Ténardier", où Denis Roche, luttes et ratures du temps, était devenu aussi brave qu’un père Denis ou pire : poussah enflé et faux Zola, tant il avait ravalé ses insultes ; dommage, c’était le seul à vraiment creuser ; Du Bouchet le bien nommé, dernier avatar de la "poésie blanche" dont Deguy est le tabouret étymologique savant et Duault la doublure, nous précisait, avec quel cahier définitif il hoquetait quelques bribes dans les chemins noisetiers, tandis que tel autre de vergé à pontuseaux visibles, recueillait l’ineffable, qui, comme on le sait, tombe toujours avant la feuille et ne dépose jamais, même s’il est cité à la barre. Le seul à garder net son point de vue était Prigent, bon poète, même si rien d’exaltant n’était échangé, et même s’il se borne dans sa théorie à reproduire du faux Deleuze et du Néo-Kristeva qui ne dit pas son nom, comme Muray. Le zappeur téléthique sautait, sur une autre chaîne dans la version hystérique d’une communauté du Montana où l’on s’étonne que Joël-Peter Shapiro ne réside pas encore pour y faire des conférences sur Yang Hsien-tchen ; tout écrivain de ce pays de libérateurs où le steack est toujours saignant est forcément tout à la fois charpentier, boxeur, écrivain de "gothics", et théoricien, sauf le pollack qui traînait par là par erreur, lui s’étant senti obligé d’être "original et indépendant", mais surtout sinistre, ce qui ne vaut guère mieux et ne sort pas de l’enclos de la métaphysique occidentale habituel. Je ne crois ni à ce steack ni à ce pemmican. Plutôt à un lyrisme ayant bénéficié des formalismes précédents en moyens d’investigation, comme le cinéma ne se réduit pas aux photogrammes ; c’est sans doute une illusion de jeunesse ! Il y a tout de même Jean-Michel Michelena, qui ne croque pas du Jésus déshydraté, Richard Sieburth condensateur d’enigmes avec une jouissance de satori, Verheggen, tout de même, qui reste le seul au niveau de Cravan sans faire garçon de café du dadaïsme attardé, et surtout Bernard Manciet, qui a la chance extraordinaire d’un vrai moyeu de jade de langue condamnée, improbable et totalement inusitée, et peut ainsi jouer librement des muscles de l’alegría, puis, enfin et surtout, dans ce même paysage mental, Gérard Arseguel, dont l’essai de "Home Poetry" vaut mieux qu’un art poétique à lui tout seul, parce que c’est un championnat de réticence.
Paru dans le N°1 des Enguirlandés, Éditions de La Petite École.
Janvier 2000.
Date du document : 2014
Texte destiné au Dictionnaire de l’URDLA : on verra si ça passe !
NDLR
L’exigence morale de Roussiez consiste à se dépecer du monde de la vulgarité instruite, refusant le récit grossier comme l’action quelconque. Il cherche l’améthyste du gave, l’animalité des parois et les lieux de torsions et d’enroulements fantastiques des corps de l’enfance. Car l’aventure Roussiez ce n’est pas celle du signifiant, mais celle du roman où le monde s’ouvre au fur et à mesure de l’énoncé comme le corps devant le médecin.
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Date du document : 1975
Ce siècle avait vingt et un ans ; Juan réunit dès qu’il sut marcher les auteurs de ses jours dans un cauchemar commun : des fantoches en conjuration voués à sa perte.
Enfant, lorsqu’il était seul avec son père ou sa mère, il s’exprimait librement, mais dès que tous les deux étaient conjoints, c’était la méfiance, le doute, la contraction intérieure qui devenait une tétanie mentale. C’était une coalition, il ne pouvait plus rien dire de personnel ; il lançait des généralités comme un clou chasse l’autre. Parfois l’alerte disparaissait, il se sentait pleinement rassuré pour un temps très bref. L’absence de contradiction le fortifiait dans l’idée qu’il n’avait rien d’anormal. Sa mère, quand il partait en pension, lui confectionnait un plat qui devait lui faire plusieurs repas, et elle lui donnait des boîtes de conserve, d’huile, de sucre, de pommes de terre, etc. Et elle lui laissait de l’argent liquide pour s’acheter des magazines et des sucreries. C’est lui qui avait réclamé cet éloignement de la pension dont il n’y avait nul besoin, son école se trouvant dans le Quartier.
Dès sa jeunesse Juan avait appréhendé la cause de sa misère comme dûe à un complot de ses “ennemis de lisière”, comme il disait. Il en souffrit par paliers avant de devenir complètement inconsidéré. Un jour il aperçut un vêtement oublié sur un banc de la petite allée qui menait au jardin des Abattoirs tandis que deux buses traversaient son ciel ; il en conclut on ne sait quel pressentiment féroce, ainsi que de la vue de la villa abandonnée cimentée de moellons artificiels blanchâtres, à quelque distance de là, avec un cèdre grandiose au-devant ; il en retira la certitude d’une sorte de scansion impersonnelle comme des humeurs du monde, hors les mots.
L’Abbé Depardieu de Saint-Michel qui exerçait en même temps que le Père Bonnet l’avait attiré à lui, mais c’était celui qui s’amusait beaucoup à faire tournoyer les filles et dont on voyait le caleçon tandis qu’il tournait. Juan eut beaucoup de mal à s’en défaire et il connut alors des bouffées délirantes : les tentures de la sacristie en forme d’oriflammes rouges le poursuivaient partout ; il voyait se lever le bras armé de Saint Michel qui allait projeter sa lance au travers de son corps ; le sang du tissu rejoignait le sang qui sortait en bouillonnant de ses naseaux infectés, car il souffait de sinusites aiguës.
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Date du document : 1971
Le choeur des petits enfants chantait déjà, alors qu’ils étaient encore près de la cloison qui rougeoie du confessionnal. L’Abbé Vincent dirigeait l’immense cortège de la retraite de l’Immaculée Conception sous tous les platanes de la place ; c’était intense : toute la foule quittait l’église après avoir salué Saint Michel de bois et de bronze noir. Les seuls endroits calmes, ça a toujours été les cimetières et les monastères, même si on a du mal à savoir où en est vraiment le foyer, sur ces grandes dalles. Les églises, ça bruisse.
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Date du document : Avant 1984
En partant faire ses ménages et en quittant la rue du Port, Gloria éprouva une joie extraordinaire rue des Bénédictines, à cause d’une odeur inqualifiable qui lui fit lever la tête : elle vit des chemises colorées accrochées sur des fils, et elle découvrit le ciel en arrivant rue Saint-Benoit, elle s’accrocha à lui. Puis cette odeur disparut sous celle d’un potage en préparation.
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Date du document : Après 1984
Aux Sapet
Date du document : Après 1984
À G. C.
Date du document : Après 1984
À J. J.
Je ne sais rien de Jules-Arthur
Je ne sais rien de Jules-Arthur de la Crapaudine ; je l’ai toujours rencontré en coup de vent. J’ai cette photo dans le désert avec les casques, dans un groupe, et c’est à peu près tout.
Il tenait ce surnom du supplice subi plusieurs fois, les membres attachés derrière le dos, et pendu au soleil.
Sa mère Rosa n’était pas pauvre, mais il plaignait souvent une pauvre tante : Sabine l’amie de Jo, sur l’Ourcq. Il en parlait à mi-voix, tête baissée.
“Sabine avait attendu Jo tout le temps sur le fossé, près de la voiture, ne sachant l’ouvrir, plus de deux heures en plein soleil. Quand je suis arrivé elle m’a demandé en toute hâte un morceau de pain, au bord du malaise.
Il pleuvait.
Elle était trempée.
Elle n’avait pas mangé depuis cinq heures du matin.
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