Joyelle filtre le soleil de Mettray - Les Adolescents. Joyelle & Hill
Date du document : 1980
Date du document : 1980
Date du document : 1974
Maison Lulu est ce recueil de 1974 construit autour de l’Asile de Maître Jean (où traînent entre autres Tatie Marguerite, Fernande du Phœnyx et l’ignoble infirmière Ovarine…), et du Cimetière de la Chartreuse, entrée discrète du Pays des Morts. Le sergent Newton et le lieutenant Copernic sont là avec leur Thunderbird orangée, qui mènent l’enquête à propos des idéogrammes fourchus buissonnant à travers une grande partie du monde. Le premier chapitre en a été jadis publié dans la revue Le Grand Os n°2.
NDLR
Date du document : 1984
Quelques petits paragraphes autour des Enfants Croisés, semblables à ceux parus dans Quartiers de ON ! et faisant partie du volume Histoire Deux, à paraître.
Jacques
Jacques : « Robert le Diable s’est rendu aux nouveaux lieux, visitant la Grotte, la Colline et les Oliviers.
Il faut bien voir que nous n’avons pas besoin de l’estimation des Aumôniers, car nos pentes eschatologiques sont pourvues de rats et de pauvres, que nous allons vers Jérusalem massacrant les juifs (comme “Les Carabiniers” !) que nous pillons, violons, que nous sommes d’indicibles cohues de misérables éclopés, que nous traînons avec nous des reliques, d’incomparables fétiches, des survivances, à chaque fois définitives et toujours à renouveler, que nous avons autant soif de pillage que désir d’inconnu. Nous préférons la Croix et les emblèmes sacrés, mais nous ne renonçons pas à l’épée ; la liberté de nos crimes vient de leur absence d’agressivité, laquelle n’appartient qu’aux adultes ; la puissance de la violence immature est en nous comme elle traversera Jeanne dans deux siècles.”
Blanche : « Non, pas de Supérieur Général ! La Terre est devenue tératophile au moment de notre départ. L’Archevêque est venu avec tous ses crimes et ses curés patauger dans la mare, devant chez moi. Il a admiré les canards, sa robe couverte de merde. Il venait tous nous appeler avec mes frères, et nous consacrer en même temps : laboureurs, bergers et bergères, apprentie à la charpente comme moi ; il venait tous nous appeler à massacrer les Juifs, pour qu’on soit pas jaloux des Anglais avant d’être massacrés nous-mêmes. »
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Date du document : 1984
Texte paru dans le recueil collectif des éditions Verticales “Qui est Vivant ?” paru en février 2007.
À Jean Schatz, Président de l’École Européénne d’Acupuncture, et qui persiste chez les Morts.
Le génie du Cœur consiste à rester vivant.
La respiration une fois reprise, alors que le soldat Vincentelli vient d’écrire à sa petite fille dans la fougère fraîche et les campanules, il faut repartir courant de nouveau, barda au dos. Seule l’ivresse des fougères dans les petites lunules du dernier soleil ; cette contradiction digne de la quadrature du cercle : comment le soleil peut-il produire son contraire en quantités vibrantes.
À peine a-t’il fini qu’Oniès, Quiès et Boltès sont déja dans la pente, vive allure : toujours les mêmes à nous devancer que jadis, cuisiniers gorgés de la crême du veau blanc et rose, bondissant sur les rochers à pic, pami les merveilleux scandales du sperme d’automne.
(“Mon Papa, J’ai découvert le faux Corot de Dublin en même temps que Sennelier, les marchands de pigments d’ôcres purs et d’outremer luxueux, de belles toiles tendues pour le paysage et de beaux panneaux en tondo, Quai Malaquais, dans un désordre de craies sensibles.”)
Et Frantz Marc tué à Verdun le 4 mars 16 ! Avec lui meurent le petit cheval bleu et les trois chats. William Morgner meurt en Russie en août 17. Macke est tué sur le front de Champagne en septembre 1914. Avec lui disparaît Pierrot dans l’orage. Krichner tuberculeux et “dégénéré” se suicide en 1938.
Il lui a écrit “Je crois qu’il y a une roche du désespoir, qui n’a rien à voir avec les conflits en cours. On peut la meuler sans s’en rendre compte ici ou là, selon comme le météorite tourne, mais la douleur de la carie réapparaît violemment la nuit !”
Quand il est passé à Bruges, il lui envoya ce poème imprimé sur une carte de l’Hospice Saint-Jean :
“Bandelettes d’elle je veux
À l’avance
Vous que voulez, du vivant ?
Aïno,
Le quai de Saint-Pierre.
Je voulais d’elle, en débord.
Ah ! J’arrivais, j’étais bon !
Dors, dors, mon petit enfant,
T’es mort ;
Pourquoi ce bond dans mon corps ?”
Ainsi il déjouait la ruse du cauchemar où la mère alerte et panique l’enfant en craignant les pourceaux de son avenir, montée des monstres qui se révèle à l’oppression soudaine du Poumon, aux sursauts cardiaques !
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Date du document : 1972
Ce texte a été repris dans la partie Schola de l’Ourcq des États du Monde (Ligne des Escholiers Primaires. Ligne de Didier. Saison de la Terre. )
« Toutes deux sont aimantées par la clairière vers ce presbytère qui date d’avant la Révolution : CH. avec son hoquet sur le chaos de ses verbigérations, et L. Après un long piétinement autour du puits comblé de barreaux de chaises pris d’un désordre fourchu, cela nous semble un entassement au moins aussi insubmersible dans l’esprit amiral, une impossibilité esthétique de liens, de passages, d’adoucissements, que le vrac de notre arrivée dans cette situation. Notre rencontre à trois est aussi brute que cet hétéroclite-là, pensées de petits bois griffus et impraticables ; la parole qui aurait pu nous lier a fait défaut, et le hoquet monstrueux de CH. nous interdit toute tentative. Après le passage de la ligne de crête calcinée, nous nous sommes retrouvés au hasard des souffles des rues, puis au fond du couloir de la Vallée, dans les manies qui nous emportent, moi abruptement au bord de ces toutes deux viandes, qui ne sont pas sœurs. »
Le temps d’extase de la cantatrice, l’élancement des reins dans la reprise du morceau, la visite inattendue et bavarde, le vol de la claque dans les dorsaux de l’haltérophile et sa conséquence ici à plat, voilà qui est agréable à qui sait parler par métaphores.
Mais ce n’est pas dans cette sorte de roman absolu que nous abonderons, hélas !
Date du document : 1969
Texte destiné à la radio dont la seconde partie a été perdue (on a rajouté le commentaire de cette perte, pris ailleurs, à la fin).
Marc Bohor
états de veille 1969
(paysages aperçus sous les paupières)
I.
Désormais on prendra des bains de sable.
Tout d’abord des animaux familiers ; puis le paysage devient féérique sous des pluies d’étincelles, douces manières d’amusement, traversées de tombes aimables, pâleurs roses, chutes liquides, coussins fadasses. Plus au fond : crépitements rouges, apparitions d’or et de teintes pailles, fulgurations oranges, motifs crémeux, mosaïques de carreaux bientôt en décomposition ; puis ces ensembles sont bientôt soufflés par les courants d’air frais de la soirée malgré les dispositions équilibrées balancées de part et d’autre d’axes médians, eux-même rapidement délités, filant, et le tout est repris sous la lancée statique d’arcs-en-ciel, ensuite diffusés sous forme de voix, d’ondulations de sang, de poussière bleue, quantité invraisemblable de formes parmi lesquelles jaillissent des bulles d’or avec des sons stridents.
À présent ce sont des champignons avec des sillons comme enduits de pommade, des serpentins colorés qui traversent et balaient l’espace de l’œil à travers des tissements de brume.
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Date du document : 1976
Texte publié dans le recueil Ogr par Tristram, en 1999.
Date du document : 1979
Henri et les Skyboys
Louis été déjà allé plusieurs fois à New-York avant d’avoir idée d’y faire venir travailler Henri ; il en avait même ramené des cartes peintes de deux anciens buildings, cartes toutes en hauteur de près d’une trentaine de centimètres sur dix à peine de large représentant l’Équitable Building et le Metropolitan Life Insurance Building.
Il était là au moment où les régiments de Noirs de Harlem combattants de l’Enfer s’engouffraient sous l’arc de triomphe près du Flat Iron, défilant de la 23ème à la 42ème en passant devant le spectaculaire rideau de pierres précieuses de Central Park tandis qu’un speaker fou dont la voix était diffusée par des haut-parleurs dans les rues vendait des appartements bucoliques de Queens à 150 000 dollars comme des petits pains. « Vendez-leur, disait-il, cet espoir des éléphants dans la ville qui renversent les bâtiments comme les acheteurs submergent les annonceurs ! » C’était avant que les Italiens chassent tous les noirs vers Harlem. Cole était là, et Georges aussi.
« Mon sang dans votre bouche, votre sexe dans mes veines : quelle chance ! Mes gestes réinterprêtés par votre corps. »
*
Ces textes ne font pas partie du choix opéré pour la publication du volume OGR chez Tristram en 1999. Ils ne sont pas placés ici dans l’ordre du volume définitif.
I. R.
Date du document : 1978
Date du document : Décembre 1965
36. Apothéose des Classeurs
Je vois les Classeurs d’ici faire ;
Ce sont des guelfes, dont les palmes
Sont bleues ; armés de leur calame,
Ils sont bourreaux de Lucifer.
Macrobe est parmi eux ; Saturne,
Sénèque, et le vieillard Gaïus ;
Ils ont des formes de théâtre ;
Ils s’entretiennent tous les quatre,
Et parfois se lèchent l’anus.*
Ils classent de petites choses,
Des soucis, puis, de loin en loin
Des fragments, des gueules de roses,
Des nappes de sang, et du foin.
L’un d’eux, venu de Forêt Noire,
En Octobre, pour traverser
Sur l’arête, puis par la foire,
Vient ici pour tout renverser.
Un Autrichien gauche du Rhin
Exécute quelques calculs,
Pris d’assaut par des échecs nuls,
Reconnaissant qu’il n’est plus rien.
Classant soixante-dix couronnes
Du Un septembre Sept-Cents Quinze,
Les cahiers écrits par les Faunes
Sur leur méthode, et sur leur sinze.
Certains, aux clartés de l’Époque
Forment des spectres empoisonnés ;
Claudius est là ; voilà sonner
Les cloches, et pour Duncan les cloques !
etc.
Ce poème a déjà été publié en 1966 dans Saint-Michel & Saint-Augustin, un fascicule littéraire bordelais, puis dans les “livraisons” du Livre Poétique par Tristram-Dao dans les années 80.
Date du document : Décembre 1965
35. Terre de Grogne Les hommes dans les forêts tirent
Sur leurs caoutchoucs indécents ;
C’est bon comme le somme est bon !
Dans le glossaire de leurs veines
Levant une aile ensanglantée
Entre leurs deux très gros poumons.
Seules les races se fondront
Dans l’herbe en fin de matinée
Plus chaude et fourrée de soleil.
À l’instant, le seul givre n’est
Que cette tension souveraine
Nous embarassant de buées !
Quand s’allument toutes les plaines,
Grappes noires de sensations
En bas du chemin gras de boue,
C’est une lueur dynamite,
Un humanisme paysan
Pris d’une confusion humide.
Leur soupe de poireaux s’avale
Avec des cailloux sans couleurs ;
Inaltérables forces, bris. *
etc.
Ce texte, jadis édité dans un version ultérieure plus longue (596 vers) par Tristram & DAO, dans la première partie du Livre Poétique qui faisait partie des “livraisons périodiques”, retrouve ici sa première version de 393 vers.
Il s’agit d’enfermer Dieu dans un cristal, une bouteille. La litanie produit une nappe de signifiance (plus qu’une musique) sans aucun sens nominal.
De la connotation pure sans aucune dénotation ?
Il y a des actions, même des héros, mais la question n’est pas là. C’est un bain incantatoire.
D’autres poèmes ont ainsi, à la façon japonaise, enclos quelques parcelles d’or dans une laque obscure.
Le but était pour certains lieux magiques détruits depuis (le Phœnyx d’Arlac, des passages secrets du Peugue et de la Devèze, le Grand entrepôt de Lescure…), de les sceller hermétiquement, quitte à les rendre définitivement incompréhensibles pour ceux qui ne les auraient pas connus (et qui de toute façons vont disparaître aussi), inaccessibles à jamais et lancés dans le vide pour un tournoiement infini jusqu’à ce qu’une machine à remonter le Temps surgisse.
Date du document : 1976
Un temps Jo avait pensé à un Grand Mouvement du Cirque qui annoncerait le XXIe Siècle, réunirait toutes les familles du Cirque et qui se serait appelé &. Il renonça : trop de rivalités, trop d’excès oral du bourgeois, des activistes, des marchandises !
Dans l’ampleur du projet de Jo, il y avait un côté “bombe à retardement” qui incitait l_es plus proches_ à l’empêcher de le réaliser (et si par hasard ç’avait été formidable ?)
Chacun des domaines qu’il maîtrisait avait ses opposants, et l’étendue de son territoire les avait ainsi décuplés.
Date du document : 1940
**33. À Tue-Tête
V**ois, dans ce premier jour d’Allemagne dernière
Illuminé enfin des frises de l’Enfant
Vibrant son souffle de cristal et de lanières
etc. À : ce commencement de l’énigmatique Acrostiche trop gorgé de sang. Que signifie pour nous : “Vive le Père Cédent !” Connivence de chambrée ? Opération dentaire faite par le maréchal-ferrant comme c’était coutume ?
Les doigts pleins de sang, l’Artilleur Tesson, pris de l’énervement de tout maculer autour de lui, avec cette encre dont il est peu sûr, dont on suit l’hésitation en même temps que l’épuisement le long de la colonne d’acrostiche. (Détails sur l’original.)
Au fur et à mesure que l’encre disparaît de la plume, l’assurance semble venir un peu. C’est sûrement la première calligraphie du caporal que cette calligraphie d’Initale, le début d’une pratique, l’incision de l’incipit au milieu des attaques (ici réelles).
Avec toutes les maladresses, l’exposé de la double fragilité de celui-ci dans la Neige et toujours menacé.
I. Revay
Date du document : 1975-1984
“L’ordre règne à Santiago.”
Òn y voyait le profil d’une femme maigre aux traits émaciés vêtue kaki avec un bandeau dans les cheveux portant une mitraillette également kaki moulée contre elle.
« C’est pour éviter les cheveux dans les yeux au moment de tirer, le bandeau ?
— Quel modèle !
— Quelle couverture !
— C’est fait pour brouiller la vue.
— Moi j’ai connu des modèles nus qui hurlaient lorsqu’on rentrait dans leur loge après la pose alors qu’ils étaient en train de se rhabiller ! dit Basta.
— Le mi-nu c’est toujours plus cochon, dit la dame en bleu ; le nu c’est un déguisement parfois ; ce sont les douze coups de mi-nu !
— Ohhhh ! »
etc.
Date du document : 1939
Cette suite de vers écrits au dos de cartes postales répond dans le Livre Poétique de Nicolaï au poème de 23 vers À Garde ! 32. Mémoires du Caporal Paul Tesson
Toujours dans les sentiers les rares ambroisies,
L’obligation du front aux coulères soudaines ;
“Mon Colonel, voici vous offrir l’hérésie
D’un réserviste plein de poudres et de haines !”
etc.
Date du document : Septembre 1965
Ce poème de 132 vers répond à Anna Shern dans le Livre Poétique de Nicolaï.
I. Revay
31. Chaumière du Nord
Chaumière, chevreuils et hunter
“On chasse les rats !” dit Guillaume
Dans les prairies des économes
Alors qu’il attendait Gessler.
On guettera notre volaille ;
“Shooting is my plus grand pleasure !”
Blotissement que hait Blücher,
Vandale au présent de mitraille.
Et au-delà, cristallisés,
Récursoires des morts en crise,
Les arbres, splendeurs irisées,
Sucre et chocolat par endroits.
etc.
Date du document : 23 Mars 1965
À ce poème de 108 vers de Nycéphore répond dans le Livre Poétique de Nicolaï Catéchèse.
I. Revay
29. En Crise
[…]
*
Les fastes de l’égorgement
D’une truie blanche dans la cour ;
Sous nos yeux son débordement
De vanne atroce sans secours.
L’enfer dans une faille vide,
Le hurlement populacier ;
Dans une carène d’acier
L’horreur toute neuve sans ride.
Les cadavres en rangs serrés
Que l’on projette en bas des pentes ;
Et puis tout seul ce vieux sacré :
Astapovo : fièvre quarante !
etc.
Date du document : 1965
Ce poème fait pendant à Le Rêve de l’Œil Mort dans le Livre Poétique de Nicolaï.
I. Revay
27. Dimanche en Hiver
Tranquille enthousiasme à falloir
Qui colle mon œil mort pleurant.
Chassons les ombres des couloirs
Gouvernant des délicatesses
Où les lettres grattées sont grises.
Dans les dimanches d’hébétude
Des abrutis y scient des planches,
Bouffées pliées de galon vert ;
On transporte des billes noires ;
Buvards, lœthé, après-midis.
etc…
Date du document : 1965
Ce poème de 40 vers fait pendant chez Nicolaï à Mon Dragon_, poème de la même longueur_.
I. Revay
26. Du Lycéen
Oh ! Notre voie au tombeau sale,
Officielle en quelque portion ;
Cercles de la malédiction,
Tonneau puant qui nous dévale.
Date du document : 1965
Ce poème fait pendant chez Nicolaï à Ave Maria d’un Domini_, de la même longueur._ I. R.
24. Asile
Haine du draconcule au fond des établis ;
Puis en sortant devant les terrasses : gentianes,
Surprises des pensées aux souffles affaiblis,
Apodes hors des crasses à ramper. Ô campanes ! [………………………………………………]
Date du document : 1965
Ce poème de 91 vers fait pendant à Prière Acceptable dans le Livre Poétique de Nicolaï. I. Revay Noël
Arrière les Lucifériens,
Saprémie de poisons putrides !
Dans les sentes de cuir humide
On se désoriente d’un rien.
On vient de choisir le sapin
Bien loin des parcs à escargots
Chez Gootfried, le Tristan des Goths,
En Alsace, avec des grappins
etc.
Date du document : 8 Février 1965
Ce poème fait pendant chez Nicolaï au poème Ombres_, du même nombre de vers._ I. Revay
28. Isba Nicolas
De mon veston, levée la poudre,
Lançant mon couteau au soleil
Sur le chemin qui nous voit sourdre
Quand j’aurai beaucoup faim d’orseille.
Date du document : 1965
Ce poème de 18 vers fait pendant chez Nicolaï au poème Description d’un couple correct_, également de 18 vers._ I. R.
23. René
J’écris assis dans mon cercueil ; les morts vont vite !
Aux prés fleuris les Alpes du Bel Enfer.
Ressac et sursaut, et berceau, et sacre ;
Chaucer en route pour Canterbury.
La vie me sied mal ; la mort m’ira mieux,
Ganglions d’aisselle, prune murmurée ;
Les joies énormes dans les ombres secrètes ;
Mottes de terre de Caïn.
Date du document : 1965
21. Écoles !
O le temps laborieux, l’ombre de l’écriture
Mauve passée au blond futur des confitures !
Il avait son étoile et sa carte, et enfin :
Elle, au vent bleu devant la barrière en bois fin !
Si vous montez soudain l’escalier sous la voûte,
Vous meurtrit en plein front l’odeur du sang, les croûtes.
De loin on reconnait la trouée dans ses mains
(Il éprouve un défaut de langue, c’est certain.) ;
Donnez-lui à baffrer la pisse sur du pain !
Date du document : 1972
Ce texte a été repris dans la partie Schola de l’Ourcq des États du Monde (Ligne des Escholiers Primaires. Ligne de Didier. Saison de la Terre. )
« Et toi, qu’est-ce que tu crois qu’il fait là-dedans ? dit Smilet.
— Est-cccccccccccccccce que j’chsais ! » dit CH.
John continuait à marcher en avant-garde, et CH et Smilet étaient restés à l’arrière, à discuter.
« Qu’est-ce que tu crois qu’c’est, cette volonté de couper à travers prés?
— … …
— C’t’une métaphysique du crime. On peut le suivre dans son mouvement, c’est tout. C’est pas à cause de John que tout est dans la colle. I_l est le seul à être vraiment dans le temps_ ! C’est une phrase courte qu’il scande dans sa marche sans le savoir. S’i s’arrêtait, j’suis même plus sûr qu’il existerait ! Gamin, il disparaissait dans le charbon des trains. I fait partie de la mécanique de nos bagnoles, tu vois ! À conduire sa Terraplane d’une main et à tirer de l’autre. Rien n’obligeait vraiment à ce qu’il soit là. Aucune Histoire des Etats traversés ne prédispose à ça ; il est passé tangent à chacun. C’est pour çà, qu’i veut qu’on aille de plus en plus vite.
— Ch’sais pas, moi, dit CH. Ch’suis plutôt du genre sensible !
Date du document : 1972
Ce texte a été repris dans la partie Schola de l’Ourcq des États du Monde (Ligne des Escholiers Primaires. Ligne de Didier. Saison de la Terre. )
« On ne peut pas avancer comme ça sans progrès, dit John.
— Co-co-comment ça demande CH. ?
— Cent trente six moins cinquante-sept, soixante dix-neuf. (Elle avait déjà pillé deux banques). Comme un enfant de sept ans. Ça va pour les curés, pas pour nous ; c’est le jugement, qui compte.
— On pouvait pas partir d’ailleurs que du milieu du pré, dit L., puisqu’on y était ; ni aboutir autre part qu’ici. Pour se repérer jusqu’au bord du lac, ensuite, ça, c’est une autre histoire !…
— Co-co-comment ça i s’appelait, le gars ?
— Manvantara, un truc comme ça. Leurs familles, c’est d’un compliqué !
— Si vous m’aviez laissé tirer un peu du lait de cette vache, au moins ! »
[………………………]
Date du document : 4 janvier 1965
Ce texte, comme tous ceux des Livres Poétiques font partie des Livraisons réalisées par Tristram & Dao dans les années 1990.
I. Revay
A. Prés
[…………………………………]
*
Ils sont sortis des trous d’orage,
Sanglants de crimes furieux
Sur les verts prés hantés de rage
Et grouillants de vers jusqu’aux cieux.
Les chemins sont pleins de grouillis,
De grouillements de plantations ;
Des espèces dans le brouillis
Naissent par les exaltations.
Date du document : Décembre 1964
15. Hypostase
Dans le cercueil d’Hypostasie
Des chérubins brillent de hargnes ;
Lambeau, je bruis de l’Allemagne
Et dépasse des hérésies.
D’où portes-tu cette oriflamme
Issue d’un mort qui croirait digne
(On guette au coude, on sort les lames !)
D’laisser l’Empire au fils d’un cygne ?
Nous livrons ici la deuxième page d’un long poème de l’Auteur, “Hypostase”, auquel fait pendant “Lueur” de Nicolaï.
I. Revay
Date du document : 1964
Texte déjà publié en 1966, puis en 1991 dans le cadre d’un ouvrage consacré à J.-N.-A. Rimbaud.
I. Revay
14. Notre Dame en Brouillon
Ciel pâle où je descends, je passe, plus de fleurs,
Bas, au-delà de la Place Ducale, en boue
Je crois qu’on reste fort par les yeux, pas de joue ;
Ombre d’église d’or et d’eau crue, ses rumeurs
Vertes dans le barrage à l’embarras gastrique ;
Mais je reste debout, moi fumeur de sapin,
Pauvre hêtre aux durées croustillantes de trique,
Qui ne fait que mâcher sa tête dans son pain !
Voir ! Plutôt les constats. La voie ferrée. Dioscures,
Laissez-moi reposer doth dépend à l’esprit,
Malgré toi ! Son dos vient à plat que ces fumures
Dans une obscurité orangée de crédit !
Date du document : 1964
13. Plaine
À quelle faim terrible au soir il répondait :
« Je n’aurai désormais de noire que la chère
Foi donnée répandue à la plaine en jachère ! »
Lançant de sa main pure et digne quelque dé.
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