Amélie Derlon

Date du document : Octobre 2009

Il y a une nonchalance dans la vidéo, celle qui sans doute exaspère lorsqu’elle devient maniérisme, mais il y a surtout comme le tapis du temps qu’elle retire sous le pas des acteurs, comme pour passer de l’existence à l’essence, comme pour creuser ce qui d’habitude ne jouit que dans son emportement.

Le cinéma c’est l’art du mouvement, l’émotion première du saisissement de la vie en fuite, avec les fabuleux débuts de la chronophotographie, la vie même en train de naître sur la pellicule grâce à ce spasme, cette saccade de la griffe, diastole et systole, obturation et lumière. Au contraire, dans son lisse non fractionné, la vidéo creuse le temps, l’évide, pouvant tomber tout aussi bien dans la nuit et dans la vacuité. L’acteur est sur un tapis roulant : il court sur place.

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Commentaire de plusieurs œuvres d’une jeune artiste de Marseille, entre autres vidéaste, qui a travaillé avec Didier Morin.

NDLR

Publication : Amélie Derlon

Publié le 1er août 2010 dans document DAO texte

Réponse à Menstyle - Biographie et non Autobiographie

Date du document : 2009

Biographie et non Autobiographie
L’autobiographie, c’est la façon d’éprouver dans un corps la vérité du monde. Ce n’est certes pas l’anecdote, ni les aventures du personnage de la carte d’identité, totalement fictif. ON n’a jamais existé ailleurs que sous un nom d’emprunt. Tous les papiers étaient faux, sans qu’il y ait même d’origine à la question. J’en pars, c’est une lancée, pas un aboutissement. S’il y a une individualité qui se constitue, c’est par l’écriture elle-même. C’était déjà le projet de Montaigne. L’auteur est produit par l’écriture de la Vie : non par son point de départ, mais par son point d’arrivée, son résultat. Il n’y a personne au départ. Il y a Onuma Nemon à l’arrivée.

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Publié le 29 juillet 2010 dans document HSOR texte

Parcours

Date du document : 2009

1948 : Naissance à Cuba.
1954 : En même temps que l’écriture la Cosmologie se met en place, de façon totalement secrète.
1966 : Études de photographie, marqueterie, reliure, préparation au travail de bibliothécaire avant le choix définitif vers les arts plastiques.
De 1966 à 1968 : Production d’émissions radiophoniques hebdomadaires nocturnes avec un collectif dont les travaux sont manifestés de façon anonyme, sous plusieurs surnons, ou attribués de façon indifférente aux uns ou aux autres ; et création du premier café-théâtre de province.

Premiers essais dramatiques (sous l’influence de Jean Vauthier, rencontré alors). Représentations d’Arrabal, Gripari, Obaldia, et montages poétiques autour de la Beat Generation, le Dadaïsme, Cendrars, etc.

Travaux d’assistant-décorateur avec Andréou sur le Don Quichotte de Paisiello. Participation à Sigma (Bordeaux), et à des travaux dans le cadre du tout nouveau Service de la Recherche situé alors Centre Pierre Bourdan à Paris. Rencontres de Loys Masson et surtout Robert Ganzo. Travail hermétique.

En dehors de ça happenings, travaux de décoration théâtrale en Andalousie.

La Cosmologie se cristallise sous forme d’un délire mystique et se constitue en Cinq Continents, mais demeure une élaboration secrète.

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Publié le 28 juillet 2010 dans document HSOR texte

L’Exaltation, le Magnéto - Lettre à Dominique Poncet

Date du document : 2005

(Lettre à Dominique Poncet. 2005.)

Cher Dominique,
À propos de l’exaltation et de la chasse (les deux sont liées !), pour poursuivre ce que je disais à Veinstein, j’utilise surtout la course, le sac ou la corde sur des temps d’une heure et plus. Didier du reste a réalisé, en 75 ou par là un des premiers enregistrements au sac de frappe, d’une telle durée, en sous-sol de béton, avec un son très métallique.
Lorsque je cours j’emporte souvent avec moi une liasse de feuillets écrits, et c’est seulement vers la fin, quand le cœur est prêt à exploser (midi, été : moment et saison du cœur), que je relis cela littéralement sur les hauts-plateaux ou à travers les pentes diagonales, entre l’horreur des Nuits et la Neige du jour. Les morceaux qui ne sont pas assez tendus tombent d’eux-mêmes. Puis je reprends l’ensemble la plupart du temps au magnétophone de poche, cette fois-ci en marchant. Quand je ne cours pas (“katas, sac, corde” suivant les saisons), je travaille aussitôt “dans la foulée” de l’entraînement : le corps “entraîne” l’écriture. Mais la nouvelle diction doit être reprise à son tour par l’écrit, car la voix et l’exaltation ne sont pas une preuve d’efficacité, de même que le bonheur d’écrire ne prouve rien de la qualité de l’écriture, comme disait à peu près Gracq. En tout cas, il y a une cadence, une prosodie explicite.

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Publié le 28 juillet 2010 dans document HSOR texte

Comment Vous Dites ? - Projet Radio-Crâne Nocturne

Date du document : 2003

— Le projet radiophonique O N ! est une des Extensions de la Cosmologie Onuma Nemon, liée à ses aspects polygraphiques et polyphoniques, au même titre que la monstration de quelques travaux plastiques originaux, la réalisation d’une ou deux “Machines Conjuratoires”, sculptures ou dispositifs de grande taille, ou les lectures publiques sans auteur faisant intervenir voix et images vidéo et cinématographiques.
— Pour cela il est essentiel qu’il puisse être réalisé au moment de la parution de l’ouvrage. Car il permet, comme le C. D. par une sorte “d’écoute optique” (Stephen Heath) une “méthode de lecture” de la structure éclatée du texte.
— Les “Nuits” seront un travail spécifique pour la Radio. Les extraits choisis sont inédits, et ne font pas partie du volume publié par les Éditions Verticales. Ils consistent dans un Monologre de La Grosse, elle-même sautant d’un registre à l’autre, changeant sans cesse de ton (on peut éventuellement utiliser plusieurs voix), mais permettant du moins, dans cette “unité” de rassembler et de “tenir ensemble” (comme la ficelle de Gutemberg autour du pavé de composition qui empèche le texte de “retomber en pâte”) des éclats issus de diverses émissions des années 50-60.
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Publié le 28 juillet 2010 dans document HSOR texte

Des radis de Bègles à la Rosière de Pessac - Freud. Introduction à la psychanalyse

Date du document : 1916. Traduction française S. Jankélévitch. 1922

Et de Cendrars, dans L'Homme Foudroyé :
(à propos des surréalistes)
“Je n'aimais pas ces jeunes gens que je traitais d’affreux fils de famille à l’esprit bourgeois, donc arrivistes jusque dans leurs plus folles manifestations.”
(à propos de Charles-Albert Cingria et par extension de Gide)
“Ah ! Ces pédérastes (1), le pauvre et génial raté !”
(1) “Pour la définition de ce terme voir les pages 671 et 672 du Journal d’André Gide (Bibliothèque de la Pléïade. N.R.F. Paris 1941). Oh ! Chochote, que de mensonges, de complaisances, de clichés, d’hypocrisies, de crises de nerfs, de vantardises, de poses, de vanités, de larmes de crocodile, d’esthétisme, d’art, de morale dans ce journal intéressé tenu par un hystérique qui écrit devant son miroir : « Chaque pensée prend un air de souci dans ma cervelle ; je deviens cette chose laide : un homme affairé. » (page 195).
Je sors ahuri de cette lecture de 1332 pages comme si j’avais relevé les inscriptions de 1332 pissotières de Paris que sont les chapelles littéraires. André Gide : le maquereau des grands hommes. Il lui faut tout le Panthéon : Goethe, Shakespeare, Dostoïevsky, Stendhal l’Égotiste et l’exemple du Journal des Goncourt pour le mettre en train ; mais quand il y est, il enfilerait le piano, et vous le place. Quel maniaque !”
Geneviève Vivian

Des radis de Bègles à la Rosière de Pessac

Publié le 27 juillet 2010 dans document DAO texte

Des Nouvelles de Pol’O - Le Bêtisier

Date du document : 7 Décembre 1998

Peu avant ce courrier, Sylvie Martigny, Onuma Nemon et Jean-Hubert Gailliot avaient publié dans Le Monde un article critique à propos de la NRLG (que l'on trouverai ici ainsi que le texte original non “réduit”), pour en dénoncer le formalisme sous des enjoliveurs prestigieux.

Il faut préciser que P. O. L. avait été averti de l’article par Gailliot qui avait largement raboté les aspects les plus violents du texte original. Et que par sa tendance à avoir toujours le cul entre deux chaises (et les appendices qui pendent ?) Le Monde avait cru bon de contrebalancer cet article critique par une défense un peu mièvre du si bien nommé Kéchichian. Toutefois P. O. L. renvoya aussitôt les volumes des deux auteurs (pour O. N. il s'agissait de Tuberculose du Roman et pour Gailliot sans doute de La Vie Magnétique ?) qui avaient été acceptés. Au téléphone P. O. L. précisa qu’il ne saurait accepter les textes d’écrivains qui critiquaient d’autres auteurs de la maison.

O. N. lui fit remarquer que cela soulignait l’aspect d’écurie (pire que l’école et à l’opposé de tout mouvement) de ses protégés, pour craindre la moindre contradiction et un texte plutôt tendre, par rapport à des distributions de baignes à la Cendrars, lui véritable homme de mouvement, mais P. O. L. maintint son refus.

Etc.
Marc Bohor.

Des Nouvelles de Pol’O
Des Nouvelles de Pol’O

Publié le 9 juillet 2010 dans document HSOR texte

États de veille. Radiophonie - Livre de Nycéphore

Date du document : 1969

Texte destiné à la radio dont la seconde partie a été perdue (on a rajouté le commentaire de cette perte, pris ailleurs, à la fin).

Marc Bohor

états de veille 1969
(paysages aperçus sous les paupières)

I.
Désormais on prendra des bains de sable.
Tout d’abord des animaux familiers ; puis le paysage devient féérique sous des pluies d’étincelles, douces manières d’amusement, traversées de tombes aimables, pâleurs roses, chutes liquides, coussins fadasses. Plus au fond : crépitements rouges, apparitions d’or et de teintes pailles, fulgurations oranges, motifs crémeux, mosaïques de carreaux bientôt en décomposition ; puis ces ensembles sont bientôt soufflés par les courants d’air frais de la soirée malgré les dispositions équilibrées balancées de part et d’autre d’axes médians, eux-même rapidement délités, filant, et le tout est repris sous la lancée statique d’arcs-en-ciel, ensuite diffusés sous forme de voix, d’ondulations de sang, de poussière bleue, quantité invraisemblable de formes parmi lesquelles jaillissent des bulles d’or avec des sons stridents.

À présent ce sont des champignons avec des sillons comme enduits de pommade, des serpentins colorés qui traversent et balaient l’espace de l’œil à travers des tissements de brume.

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Publié le 6 juillet 2010 dans document OGR texte