Lulu & Janine - Les Maigres Tendres
Date du document : 1946

Date du document : 1946
Date du document : 1972
Ce texte a été repris dans la partie Schola de l’Ourcq des États du Monde (Ligne des Escholiers Primaires. Ligne de Didier. Saison de la Terre. )
« Toutes deux sont aimantées par la clairière vers ce presbytère qui date d’avant la Révolution : CH. avec son hoquet sur le chaos de ses verbigérations, et L. Après un long piétinement autour du puits comblé de barreaux de chaises pris d’un désordre fourchu, cela nous semble un entassement au moins aussi insubmersible dans l’esprit amiral, une impossibilité esthétique de liens, de passages, d’adoucissements, que le vrac de notre arrivée dans cette situation. Notre rencontre à trois est aussi brute que cet hétéroclite-là, pensées de petits bois griffus et impraticables ; la parole qui aurait pu nous lier a fait défaut, et le hoquet monstrueux de CH. nous interdit toute tentative. Après le passage de la ligne de crête calcinée, nous nous sommes retrouvés au hasard des souffles des rues, puis au fond du couloir de la Vallée, dans les manies qui nous emportent, moi abruptement au bord de ces toutes deux viandes, qui ne sont pas sœurs. »
Le temps d’extase de la cantatrice, l’élancement des reins dans la reprise du morceau, la visite inattendue et bavarde, le vol de la claque dans les dorsaux de l’haltérophile et sa conséquence ici à plat, voilà qui est agréable à qui sait parler par métaphores.
Mais ce n’est pas dans cette sorte de roman absolu que nous abonderons, hélas !
Date du document : Entre 1991 et 2000
Avec ces Reliefs de Cartes, qui sont de simples notations, s’achève le recueil des Cartes à propos de la Cosmologie. Et pour ce qui est du volume global de HSOR, en dehors des Journaux et Récifs de Voyage, qui ne sont pas destinés à la publication, il restera à publier deux entretiens : La Pièce est Enfumée, et Une soirée chez les Tristram.
I. Revay
Date du document : 2006
À Propos du Roman
— La littérature peut-elle être encore pensée en terme d’évolution, de révolution ? Autrement dit, face aux impératifs commerciaux qui tendent, semblent-il, à la niveler en la réduisant, par exemple, à ne plus ressortir qu’au seul genre du roman, reste-t-elle cet espace (que l’on dit sacré) de liberté, ce lieu de tous les possibles ?
— Le Roman, je l’ai fréquenté en trois temps : de façon traditionnelle dans Roman en 1968 (c’était un pari fait avec un groupe d’anciens lycéens). De façon déja désintégrée avec Tuberculose du Roman en 1972, et enfin en 1984 avec Je suis le Roman Mort qui en signale l’éparpillement.
etc.
Publication : Enquête sur le Roman. Éditions le Grand Souffle
Date du document : 1989 et 1992
[……………]
“Nicolaï : “Nous étions en attendant Nicolas en train d’écouter la causerie de Sévèrimus à propos du Poor Arthur et de ses emprunts volontaires à Daudet, dans un café, à l’angle de La Samaritaine et du Pont-Neuf adorés, dans ces temps où l’on redoute la douleur de l’orage sur les bois œuvrés (ceux-là mêmes où le premier imbécile gueule dans la forêt, alors qu’une immense vapeur s’élève et arrose la surface des Temps : “Alors, Éole, gros sac !” et puis aussitôt ensuite avachi dans le fondement de sa voiture: “Tiens ! pour le vent ! Tiens ! pour le soleil !”) autant qu’on déverse ensuite le petit jour du rabbin de l’Ancien Testament caché derrière la porte des chiottes !
(Le “Café de l’Univers” et devenu l’Univers Rimbaud. Chaque phrase de lui est prise sur un méridien, dont la possibilité infinie des sources jaillit. Barque devant le Moulin, rivalité du Collège et de l’Institut, mouche latine bombinante et sacrée. Café plein d’Écho. Saint-Sépulcre. On y boit du moka d’Éthiopie ; noir comme le Diable et velouté comme un Ange ; on ignore les mélanges crémeux comme la robe des capucins.)
Nycéphore : “Maintenir l’énigme contenue, concentrée, terrible, du dehors-dedans, voilà le grand mérite de La Samaritaine ! Du mélange de l’éclairage artificiel et de la lumière naturelle, du néon coulant ses sirops sous la pluie, de la mousson catastrophique des stigmates illuminés, que sont ces traits d’éclair à deux ou trois fractures successives.
Prendre et induire la foudre, la canaliser, capter cette puissance de l’éclair, de l’angoisse du petit jour adolescent, l’incertitude du cauchemar et de la veille ; réussir dans le travail colossal d’une formidable forme, un creuset géant, d’un moule divin, à réunir tout ça !
Et à présent, le jour baisse atrocement dans toute la ville où tombe un brouillard noir, une pluie de suie fine ; en dix minutes, la nuit est là, charbonneuse des débuts de l’Industrie, jamais profondément dite, sinon par Rimbaud. Puis vient le déluge fracassant équinoxial, incoercible !
Un Chanteur (la table à côté) : «— Je vais vers la Lessive ; Elle a pas de rien jusqu’aux genoux !»
*
«— Vous vouliez qu’on sorte d’ici, dit Sévèrimus l’Homme-Pie à Nicolas à présent installé à sa table du “Café de l’Univers”, face au Pont des Mariages Secrets du Square du Vert Galant ! Regardez l’horrible crachin froid : on se croirait tout à coup en Hiver !
— L’Univers a tourné !
— D’ici qu’on traverse pour que vous achetiez vos pigments et du noir vignette, cela vous fera comme un trou gelé sur le crâne, et vous serez ensuite bon pour une horrible migraine jusqu’au soir, ou, comme dit Lawrence, “un craquèlement de tout l’être sous la tension des vagues douloureuses roulant de la colonne au cerveau jusqu’au moment où l’aube blanchit les fentes du hangar.”
Il en profita pour me déballer sa théorie des correspondances intertextuelles (il avait étudié chez Kristeva, à Jussieu : vent froid et angines phonématiques !) et des emprunts éventuels de Rimbaud chez Daudet, dans Le Petit Chose, pour les Intimités d’un Séminariste.
Date du document : 2010
Reclus
Je pressens la jouissance du Mort, du disparu, comme un joyau absolu, de façon à la fois fulgurante et labile, instable et aussitôt évanouie qu’approchée. Ces papillons de certitude n’ont rien de morbide et volètent dans l’air joyeux des Adolescents* et de toutes les fêtes baroques de la Cosmologie*, car c’est le propre de l’Inscription, cette catégorie à définir et ce territoire à défendre tout à fait en dehors de la culture et de l’art.
Je ne suis pas un artiste car je n’ai jamais eu d’atelier ; je ne suis pas non plus un écrivain : rien qui me débecte autant que ce milieu-là (particulièrement en France aujourd’hui), ses truies, ses danseurs mondains, ses plagiaires, ses sociologismes et ses livres qui ne sont jamais que les cendres de la vie, au mieux un reportage correct.
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Publication : D’après modèle. Denis Laget et pratiques contemporaines
Date du document : Octobre 2009
Il y a une nonchalance dans la vidéo, celle qui sans doute exaspère lorsqu’elle devient maniérisme, mais il y a surtout comme le tapis du temps qu’elle retire sous le pas des acteurs, comme pour passer de l’existence à l’essence, comme pour creuser ce qui d’habitude ne jouit que dans son emportement.
Le cinéma c’est l’art du mouvement, l’émotion première du saisissement de la vie en fuite, avec les fabuleux débuts de la chronophotographie, la vie même en train de naître sur la pellicule grâce à ce spasme, cette saccade de la griffe, diastole et systole, obturation et lumière. Au contraire, dans son lisse non fractionné, la vidéo creuse le temps, l’évide, pouvant tomber tout aussi bien dans la nuit et dans la vacuité. L’acteur est sur un tapis roulant : il court sur place.
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Commentaire de plusieurs œuvres d’une jeune artiste de Marseille, entre autres vidéaste, qui a travaillé avec Didier Morin.
NDLR
Publication : Amélie Derlon
Date du document : 2009
Biographie et non Autobiographie
L’autobiographie, c’est la façon d’éprouver dans un corps la vérité du monde. Ce n’est certes pas l’anecdote, ni les aventures du personnage de la carte d’identité, totalement fictif. ON n’a jamais existé ailleurs que sous un nom d’emprunt. Tous les papiers étaient faux, sans qu’il y ait même d’origine à la question. J’en pars, c’est une lancée, pas un aboutissement. S’il y a une individualité qui se constitue, c’est par l’écriture elle-même. C’était déjà le projet de Montaigne. L’auteur est produit par l’écriture de la Vie : non par son point de départ, mais par son point d’arrivée, son résultat. Il n’y a personne au départ. Il y a Onuma Nemon à l’arrivée.
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Date du document : 1986 pour le feuilleton Tristram et 2008
Prière d’Insérer
Des écrivains disparus c’est évident que nous avons perdu la subtilité de l’air que battait leur langue, autant que la qualité de l’ombre de l’auberge de l’Ours, dans Southgate Street à Exeter ; et nous ne les connaîtrons jamais plus.
Cette perte est irrémédiable, vieux frère ! L’érudition peut en instruire le procès mais certainement pas en retrouver la saveur. Que veut dire pour nous, comme frémissement du corps aujourd’hui “l’aube aux doigts de rose”? Du moins il nous en demeure la beauté emblématique.
Or si nous avons fini par admettre parfois des deuils antiques depuis le fond de “la nuit zoologique”, nous hésitons devant de plus proches.
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Date du document : 2008
De la dévoration du frère au trois
Après le deuil d’un frère, la Cosmologie Onuma Nemon s’est mise en place très tôt (même si elle s’est beaucoup modifiée dans son territoire et dans ses noms) dès l’enfance, en même temps que l’apprentissage de l’écriture, en 1954, de façon totalement immédiate, primaire et inconsciente, par une écriture à deux mains, la plus littérale qui soit, le frère resté vivant écrivant à la place du mort de sa belle écriture et de sa main droite, et pour lui-même d’une main gauchère forcée.
— Cela s’est cristallisé à l’adolescence, au moment des premiers travaux radiophoniques, sous forme d’un délire mystique, dans le surgissement de Cinq Continents : celui des campagnes, le maritime, celui de l’intérieur des maisons, celui de l’extérieur des cités, et enfin l’enfer, ramassant ce qui ne pouvait loger dans aucun autre.
— En même temps que ces Continents primitifs, une ébauche à pris corps de la Cosmologie actuelle sous la forme de Logres, pays des Ogres et territoire d’Arthur chanté par Calogrenant et défendu par Lancelot.
Ce texte a été placé en 2008 sur le site de François Bon en même temps que l’édition numérique de la première partie de Pr’Ose ! etqu‘une présentation de la Cosmologie par François Bon.
NDLR
Lulu est ici à droite, quelques mois avant sa mort, avec sa copine Janine à gauche. On se reportera à l'historique des Tribus, pour les détails.
NDLR