Idéogramme X, Y - Maison Lulu. Idéogrammes dans la Neige

Date du document : 1974

Maison Lulu est ce recueil de 1974 construit autour de l’Asile de Maître Jean (où traînent entre autres Tatie Marguerite, Fernande du Phœnyx et l’ignoble infirmière Ovarine…), et du Cimetière de la Chartreuse, entrée discrète du Pays des Morts. Le sergent Newton et le lieutenant Copernic sont là avec leur Thunderbird orangée, qui mènent l’enquête à propos des idéogrammes fourchus buissonnant à travers une grande partie du monde. Le premier chapitre en a été jadis publié dans la revue Le Grand Os n°2.

NDLR

Idéogramme X, Y

Publié le 26 décembre 2011 dans document OGR photographie edition

Le Bief de Bourran - Ligne des Gras

Date du document : 1989 & 1996

Et voilà ce qu’en dit Nycéphore :
“Quatre heures du matin, l’été, nuages dans la rivière. Profiter au maximum des espèces qu’on a : l’ombre, les jalousies, le Katalpa… l’eau enfin distribuée si amoureusement ; défaire l’engoncement dramatique, avant Midi !
L’Enfance côté du trottoir dans ses villes, nouvelles antiennes : ses objets successifs devant soi. Rue Verte, sous le marronnier rose, assis sur le banc des douze ans, et de là multitudes de scènes : dans chacune je m’assois et je suis. Merles, fracas des sensations ! Chèvrefeuille, abîme insondable ; si nous ne pouvons rien savoir de l’énigme, disons-la, simplement, stagnons, auprès des essences. Poésie : retenue, celui qui ment tire l’odeur des roses vers la prose, vous savez ?
Moïse de bois doré sans être furieux, formidables senteurs : arums au printemps, proches du fenouil, mimosa des morts à Saint-Augustin, avec l’Idiote dans l’Église. Bonheur incompréhensible absolu (compression atroce des vitraux ; puis vitraux de nouveau dispersés au ciel, aux champs, aux temps), liseron sans odeur de la Préservation : les orgues de Dieu canonnent quand les moissons !
Ils canonnent les rues du Cancéra, du Pas-Saint-Georges, près de chez Nénette et Norbert Perez, devant les tissus Bordenave, chez Maïté (de Manolo), la rue Maucoudinat (suivante à gauche, son puits de Bahutiers, sa Truye qui file), rue Buhan, rue des Boucheries où bouchers, tripiers et crabiers bombardent le bar-tabac rouge de Saint-James de bestes mortes, trippes, laveures, bouillons puants et chairs filantes en contrebas de l’éblouissement du soleil et du courant d’air frais conjugués sous la Grosse Cloche de Saint-Éloi où Siona chante La Juive.

lire la suite…

Ce texte fut jadis dédié à Bernard Manciet avec lequel il y eut une brêve correspondance, et publié dans une feuille locale de Bordeaux.
I. Revay

Publié le 2 octobre 2011 dans document Cosmologie Onuma Nemon texte

Brouillon 437. - Suite Réseau Zéro.

Date du document : 1976

Brouillon résiduel d’une suite probable (assez longue : ici p. 437) de l’épopée de Martin Zoo Outis, dont un récit : CylindreObscur, figure dans OGR, version maigre.

Cette suite abandonnée était surtout fourmillante de plans, presque à chaque page.

I. Revay

Brouillon 437.

Publié le 29 septembre 2011 dans document HSOR texte

Brouillon - Vrac Didier

Date du document : Aucune date

“Embryons humains : les nouveaux esclaves
Produits en masse et conservés in vitro en attente d’être livrés
Par Dieu le Père Papa Pantalon ;
Produits innommés
Voués à une non-naissance.
Ena milo melomon
Bruit de fiacre du levantin
(Elle attendait le train de Topeka),
Four Courts 1922.
Peut-être ici est-ce en sortant qui je suis ?

Sur l’autre bord : suspension artificielle de la mort,
Élimination des plus faibles.
Au-delà : l’apoptose
Et la reprogrammation du noyau :
Est-ce un homme cette levure ?

On n’est dans la nuit que la vomissure du ripailleur.
Qui engendra quoi dans la Trinité :
Plus d’odeur, d’auteur… comment ont-ils pu deviner ?

Sed aureis furculis ;
Noms de mon enclos sans trouée,
Écriture de coins et recoins,
Éclats de la douleur assourdis.
Je suis la réalité fusible
Et le vent du Sud casse les roses,
Langue de mandarin dans une gueule poundissante.
C’est est fini du Bouddha,
On ira aux Enfers pour aider les autres
Où l’on trouve autant de roses qu’on peut offrir,
Où l’abuelo me mord la main par amour.

Enfers de Dante, des Hindous, de l’Abbé Dubois ;
Nagez dans l’étang rempli d’urine de chien et de morve !
Inertie paisible de la stagnation,
Jouissance de l’anéantissement dans le Tout :
Ne jamais renaître !”

*

Oh ! Quelle horreur d’avoir Marie pour femme !
Et le bulletin seul du premier trimestre
Avec des notes autour de 11.

Ce texte fait partie dans les archives du vrac d’un dossier sur Didier. S’agit-il d’une esquisse de Pr’Ose reprise ailleurs ? Nous ne le savons pas.

I. Revay

Publié le 20 septembre 2011 dans document HSOR texte

Le 12 Septembre

À revoir les attentats du 11 septembre à l'occasion de leur commémoration : toujours la même sidération, malgré le fait d'avoir vu et revu ces images des milliers de fois et malgré l’épaisseur des médias, la connerie des speakers, etc. : le mille-feuilles aurait-il gardé la crème de l’émotion immédiate du crime à cause de la symbolique millénariste et du jamais-subi dans une Amérique intouchable ?
C’est inaugural, comme Christophe Colomb et comme l_’Hombre_ sans Homme d’Hiroshima ou comme l’émotion ressentie au surgissement vif d’une saison qu’on célèbre (l’automne, en particulier), dans un lieu où elles sont particulièrement “tranchées”. Sagesse de l’émotion.
En réalité ça ne vient pas de ça mais de l’incarnation de l’horreur, d’être renvoyé par le film au regard des passants, à leur visage horrifié, d’entendre le “Oh ! My God !”, de voir la course éperdue et tâtonnante du filmeur… Puis grâce à l’efficacité du calcul médiatique de Benladen (les 17 minutes entre l’attaque de la première et de la deuxième tour ayant permis de bénéficier de l’arrivée d’équipes professionnelles), ces réactions sont d’autant plus sensibles et rentrent d’autant plus dans le champ de la compréhension. On reçoit en direct le décalage entre la vision et la compréhension, comme lorsqu’on assiste à un accident dont on est partie prenante.
Autre chose remarquable : la beauté du couple Obama. Ça se distingue, chez les gouvernants. Ils font aussi fort que les Kennedy, comme on dirait dans Ciné-Monde (ou dans Le Figaro, ou Le Nouvel Observateur ou Libé, puisque c’est désormais la même idéologie).
Sûrement que les Tours sont devenues la scène inaugurale pour certains comme le film d’Abraham Zapruder le fut pour De Lillo (qui du reste a écrit également L’Homme qui tombe.)

Sans chercher à s’interroger sur les 111 jours qu’il reste avant la fin de l’année, la Onzième arcane du tarot, c'est La Force : l’âme qui dompte un lion, dirait l’ami Vivien Isnard, au moins aussi numérologue et astrologue que peintre.
Le 12 c’est le renversement du Pendu, et c’est aussi L’Homme qui tombe. Et pour le 13, c’est-à-dire demain et L’ombre du Mat, on se réservera la lecture de Vendredi 13 de Goodis, même si ça par malchance ça tombe un mardi, en attendant des divertissements nucléaires pour faire mieux que l’exploit de trois mille morts grâce à une fourchette.

O. N.

Publié le 12 septembre 2011 dans billet

Innaritu !

Amours Chiennes de Maucaillou ?
Belle surprise ce matin en revoyant le film Amours Chiennes ! d’Innáritú. (Mexique. 2000.), qui m’a fait penser lointainement à votre façon de construire Crampes, le recueil sur les Gitans que vous m’aviez donné à lire à propos du texte de Foucault paru dans Les Cahiers* sur La Vie des Hommes Infâmes.
Y compris l’exergue à propos de l’oubli. (“À Luciano. Parce que nous sommes aussi ce que nous avons perdu.”)
Le film est construit par contiguïtés, comme Short Cuts, jusqu’à l’accident qui fait coexister les différents types et milieux sociaux jusque là dans des continents séparés. Il rassemble des existences contingentes et séparées dont le seul moment de nouage est un accident. Et, aussi curieux que ce soit, les lignées qui précèdent l’accident se défont à la suite de celui-ci pour retomber en simples lignes. Une seule fois ce n’est pas une lignée se refait, mais une tribu qui se forme, transversale : le père retrouve sa petite fille après des années en prison, une vie de guerillero puis de mercenaire, comme les chiens tueurs, les chiens de combat sous l’emblème duquel le film est placé. Sinon tout y est : Abel et Caïn, les deux frères prêts à se descendre. Là-dedans, tout le monde s’entre-déchire.
Et les deux de l’apothéose finale (chien noir & guerillero) sont les pires. Pas les pères. Ce film est l’histoire d’une métamorphose du guerillero en père sauvage et du chien Coffee au chien Noir. Mais ce n’est pas l’apothéose du père ; c’est une transformation contingente en dehors de la famille : comment grâce au sang versé refaire des liens frais, neufs. Il ne sagit pas de revenir à un “Bien” forcément précédent, et qu’on aurait quitté.
C’est après avoir agonisé que le chien noir renaît, toujours aussi meurtrier, sauvé par le mercenaire, égorgeant ses chiens : ce qu’il avait de plus cher après sa fille. La leçon est là : c’est faute de chiens que le père retrouve sa fille.

J. F. Martin. Bordeaux

Note* : Il s’agit des Cahiers du Chemin.

Publié le 10 septembre 2011 dans billet