Apothéose des Classeurs - Livre Poétique de Nycéphore 1964-1984 Poème n°36

Date du document : Décembre 1965

36. Apothéose des Classeurs

Je vois les Classeurs d’ici faire ;
Ce sont des guelfes, dont les palmes
Sont bleues ; armés de leur calame,
Ils sont bourreaux de Lucifer.

Macrobe est parmi eux ; Saturne,
Sénèque, et le vieillard Gaïus ;
Ils ont des formes de théâtre ;
Ils s’entretiennent tous les quatre,
Et parfois se lèchent l’anus.*

Ils classent de petites choses,
Des soucis, puis, de loin en loin
Des fragments, des gueules de roses,
Des nappes de sang, et du foin.

L’un d’eux, venu de Forêt Noire,
En Octobre, pour traverser
Sur l’arête, puis par la foire,
Vient ici pour tout renverser.

Un Autrichien gauche du Rhin
Exécute quelques calculs,
Pris d’assaut par des échecs nuls,
Reconnaissant qu’il n’est plus rien.

Classant soixante-dix couronnes
Du Un septembre Sept-Cents Quinze,
Les cahiers écrits par les Faunes
Sur leur méthode, et sur leur sinze.

Certains, aux clartés de l’Époque
Forment des spectres empoisonnés ;
Claudius est là ; voilà sonner
Les cloches, et pour Duncan les cloques !

etc.

Ce poème a déjà été publié en 1966 dans Saint-Michel & Saint-Augustin, un fascicule littéraire bordelais, puis dans les “livraisons” du Livre Poétique par Tristram-Dao dans les années 80.

Publié le 23 mars 2010 dans document OGR texte