Alumbrados. La Rábida - Ligne de Don Qui Domingo
Date du document : 1991
Date du document : 1991
Date du document : 1992
Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.
Christo Foro
Déjà Christ lui-même, et cheminant pauvre avec son fils Diego, cassant la glace ou jetant les cendres dans le vide, construisant de mini-tactiques de guérillas contre la Dépression (sortir dans le froid, rencontrer son corps, rendre visite à un marin de Moguer pour retrouver sa voix), et tombant à genoux sur les marches du monastère et couvent de La Rábida, implorant de l’eau et du pain pour son fils et demandant à être reconnu dans ses folles aspirations.
Et l’étant enfin grâce à Juan Perez le prêtre-ouvrier-mécano (vie ordinaire et limitrophe) et à ses courriers vers Isabelle. Et cette expansion de Noël reconquit Grenade. Mais si un écuyer ne l’avait pas rattrapé au Pont de Pinos, l’Amérique n’existerait pas.
Marco Polo a regonflé le disque de Macrobius et les moines eux-mêmes arrondirent la Terre en dépit des Rois Catholiques.
Christo a vu les photos qu’il a rapportées de Cipangu et les idéogrammes de Cambalu ; c’est depuis Sagres que les limites du monde ont reculé.
Et toutes les flèches différentes volent pour se confondre dans le même horizon : Herman, Cortès, Francisco Pizarro, Vasco Nuñez Balboa, Alvarado : il s’agit de prendre l’Islam à revers avec l’aide du “Prêtre Jean”, à moins qu’il ne s’agisse déjà d’Arthur, en Abyssinie.
Date du document : Décembre 2007
Sphère Biographique. La Fin.
O. N. est né en 1948. Origines : Cuba, Andalousie, Tziganes.
1954 : En même temps que l’écriture, la Cosmologie se met en place, de façon secrète.
À partir de 1966 On fait des études de photographie, marqueterie, reliure, et se prépare à devenir bibliothécaire avant de se diriger vers les arts plastiques.
De 1966 à 1968 On est producteur d’émissions radiophoniques et crée le premier café-théâtre de province où On expérimente ses premiers essais dramatiques (sous l’influence notamment de Jean Vauthier, qu’On rencontre alors), et où ont lieu des représentations d’Arrabal, Gripari, Obaldia, et des montages poétiques autour de la Beat Generation, le Dadaïsme, Cendrars, etc. On est assistant-décorateur d’Andréou sur le Don Quichotte de Paisiello et participe à Sigma (Bordeaux), mais également à des travaux dans le cadre du tout nouveau Service de la Recherche situé alors Centre Pierre Bourdan. En dehors de ça happenings. Travaux de décoration théâtrale à l’étranger. La Cosmologie se cristallise sous forme d’un délire mystique et se constitue en Cinq Continents, mais reste une élaboration secrète.
Date du document : 1978
“Il va réveiller la fille !” elle entend. Elle se souvient de sa mère disant cela une nuit où Jean-Paul s’était mis à pleurer.
Mais non elle ne dort pas. Elle a deux ans à peine et elle entend qu’on parle d’elle et elle l’entend lui, qui pleure.
C’est son premier souvenir, clair, net, précis. Ils dorment tous les quatre dans la même chambre.
Aube est dans un lit de fer forgé peint en blanc, habillé d’un tissu bleu sur lequel elle regarde, lorsque le jour se lève ou pendant les siestes, les petits motifs rouges et jaunes cernés de filets noirs.
Elle y voit des balles, des ballons. Il y a des chiens aussi, quelques oiseaux, des poissons.
Date du document : 1978
11 000 mètres d’altitude. 900km/heure. Passage le long du cercle polaire, soleil de minuit, nuit pincée entre la lumière du couchant et celle du levant. Intense humidité stagnante. Nuit. Shinjuku.
Aube écrivait à Monique (qui aurait dû venir) que son expo à Tokyo le 26 août faisait partie de “Femmes et Histoire”. Mr Yamagishi lui offrait le luxe de montrer des morceaux de peau et de chair dans une galerie. “Les femmes ont créé 52% de toutes les formes de pensée humaine ; que les hommes assument au moins les 48% qui leur restent !” Elle avait envoyé un télégramme à l’ambassade de Russie Bd Lannes pour le soutien des femmes russes en lutte comme elle en enverrait quatre ans plus tard encore pour éviter le séjour en camp à Nathalia Lazareva. À Shigel elle avait dit : “You are not living in my body.” et “J’ai le droit de briser l’ordre des chapitres.”
À Tokyo elle fit de l’Ikebana avec Yemoto et d’autres Senseï ; mais tous ces Senseï et ces dames très courtoises de la bourgeoisie l’agaçaient comme un rebrousse-poil électrique sur un pelage de chat. Elle avait amené de la poudre de cacao Van Houten et du sucre en poudre pour leur faire des crèpes comme ils aimaient quand ils logeaient chez elle rue de Lancry pour des stages à Paris, avec Sankai Juku. En sortant dans la rue elle avait parlé avec un jeune garçon qui faisait partie d’un groupe politique contre la bombe atomique. Dans la rue elle acheta tout un tas de coupes, de bols et de baguettes. “Les choses, quand elle sont juste perçues, ne sont pas encore cochées.” Plutôt le futur pour son texte de présentation : “Les traversées des apparences se feront là, à travers ce gris.”
Date du document : Décembre 2007
Date du document : Décembre 2007
Date du document : Été 2004
Date du document : 1978
Date du document : 1978
Ce texte figure dans Quartiers de ON ! paru en 2004 aux éditions Verticales, augmenté de ses étoilements plastiques, inserts et éléments sonores.
Alumbrados
Y’avait d’abord eu le clayon* (*éclaircissons clayon : c’est comme un layon dans la ville, la fraîcheur soudaine des forêts aux grands fûts, devenue sensible dans la profondeur des vieilles rues espagnoles ou bien à Bruges) poussiéreux de l’Aube, ce cliquetis de la matinée dans le crâne au sommet du chemin duquel le cycliste, de très loin, paraissant immobile, semblait, avec les rayures circulaires rouges et vertes de son maillot, un bouchon de liège de pêche oscillant dans les ondes d’air chaud.
Elle leur dit, face aux légères effluves des marécages autour de la Rábida, pour le petit déjeuner si plantureux, silhouette des moines tressautant de parodie à travers les herbages (“qui s’avançaient trottinant et boitillant, sautillant et fôlatrant”), retroussant leur robe avec une consommation féminine (“pour jouer à saute-mouton, se cramponnant les uns aux autres, secoués d’une hilarité épaisse et fausse, se donnant des tapes sur le derrière, riant de leurs grossières malices, s’interpellant entre eux avec des surnoms familiers, chuchotant deux par deux, la main devant la bouche”), chacun d’entre eux traçant de sa voix séparée à travers le vent fort des algorithmes à partir de la théorie esthétique de saint Thomas, l’un tout à la vue de l’espace, l’autre tout à l’ouïe du temps, et cætera… ceci :