Inventaire
Compact de Maurice Roche - Édition en couleurs de 1997
Date du document : 25 Janvier 1995
Il s’agit ici de la première maquette des 85 premières pages composées par la maison d’édition La Petite École, qui a co-produit et co-édité avec Tristram la première version historique de Compact en couleurs tel que Maurice Roche avait souhaité pouvoir le réaliser depuis 1966. La conception graphique était de Anne Drucy.
Chasse Duchamp - Chasse de Pâturage à moutons
Date du document : 2010
Dans un souci de scansion acupuncturale des campagnes, le collectif DAO a décidé à la suite des intempéries récentes de drainer champs, ruisseaux, canaux et sentiers de montagne. En réponse à l’urinoir urbain, on remarquera que la chasse, opérant une révolution complète, se retrouve parfaitement à l’endroit.
Crise(s) de la Poésie, Poésie(s) de la Crise - Gérard Noiret
Date du document : Janvier 1978
Pierre l’Hermitte - Ligne des Orphelins Colporteurs. Hiver. CM1
Date du document : 1980
Le texte qui suit ainsi que le pdf sont des états préliminaires et non définitifs.
NDLR. Imprégnation dans l’ombre des tableaux.
Tandis que le vent rabat la fumée de nos cheminées sur le ciel gris de neige et le fond des sapins, j’absorbe cette vue avec la même nécessité d’imprégnation que celle qui existe à partir d’un texte historique ou dans toute autre forme de récit. Seul le poème offre une plus grande succession fragmentée de climats ; la force d’incantation d’un poème comme “Les Chasseurs”, par exemple, est colossale et n’a rien à voir avec un jeu littéraire ou une astuce verbale.
Ainsi vont les rêveries d’un enfant au fond d’un grenier à partir d’archives familiales, ou les constructions historiques qu’on se fait, les histoires deux, ces curieuses imprégnations à partir des récits entendus en classe et des livres d’Histoire lus.
Grâce à ma maîtresse, Mlle Angélique j’ai ainsi pu assister à la Saint-Bartélémy en la replaçant autant à Saint-Michel qu’à Saint-Augustin, j’ai construit mes premiers récits de cape et d’épée et surtout j’ai participé à l’exaltation des Enfants Croisés qui sont venus me rendre visite la nuit.
Ils se situaient essentiellement du côté du Maucaillou ; tout le Moyen-Âge était là et rayonnait tout autour de la maison du bourreau jusqu’aux Halles des Capucins
*
Pierre L’Ermite & Robert Darbrisseau : les Vues
Pierre l’Ermite prépare la boucle métaphysique, ne cherche plus ce qu’il en serait du mal métaphysique comme avant lui les bandes de pélerins en marche contre les juifs d’Allemagne, anéanties par les Hongrois, avec leurs rares survivants sur la rive asiatique du Bosphore, les Croisades ne seront plus des guerres saintes pour des conversions forcées des infidèles ; à présent il fouille toujours l’énigme du monde mais du moins ne cherche plus à la résoudre ; il vise, comme les enfants qui sont venus habiter dans la petite maison avec lui (dans les marais cernant l’Abbaye Sainte-Croix d’où ils touchaient la dîme jusqu’à Soulac et la pointe de Grave avec les joncs, les dunes et les prés salés), au Nirvana, à l’inexistence, au vide, au monde blanc de l’absence d’objets ; il aspire à être un zéro, à une néantisation de la parole et surtout de son écriture de copiste et d’enlumineur dans La Petite Louverie, et dans ce repos des Dieux la petite fille se souvient de la cachette qu’elle avait sous l’escalier tournant de bois, du grand salon ouvrant à droite de la porte avec sa cheminée géante et ses carreaux de céramique simple à motifs blancs comme dans l’entrée ; en face : de la toute petite cuisine et du rebord de l’étroite fenêtre où ils avaient l’habitude de voler le gâteau en train de refroidir depuis le champ derrière, peu vaste, et pourtant déjà si fatiguant à faucher pour l’Ermite ; d’une débauche de la Pensée en mauvaise énergie autour de la myriade de poires mortes ; ils se souviennent de la salle de bains bleuâtre dans un renfoncement très humide (couche de plomb jamais mise contre tout ce mur du Nord, laissant les champignons proliférer ; dans la cuisine aussi), avec ses carrés de liège autour du miroir ; de la cruche penchante et du lavabo où elle n’avait pas le droit de sauter, petite, par risque d’arracher celui-ci, fragilement fixé au mur ; de sa porte donnant sur le garage où se trouvait la machine typographique à platine Effel, la Chrysler rouge, le sac de frappe, toutes les casses de caractères Garamond et Plantin, garage ouvrant largement sur le grand pré bienheureux d’aujourd’hui en fleurs avant Pâques où des bouquets d’oiseaux chantent et piailleront jusque tard dans la nuit en écoutant les voix d’Emily Dickinson au coffre secret, de George Eliot, la fille du charpentier, d’Elizabeth Browning… Au début, elle avait pensé que l’Ermite Loutier souhaitait imprimer un “journal d’enfermement”, le narrateur devenant de plus en plus fou - et radical dans son énoncé - jusqu’au crime de tuer le Destin et l’Indifférence, couple maudit, car il veut une constance, un monoton Kleinien ; il a toujours refusé que les siens meurent, il se ferait maffioso auprès de Dieu pour cela, il veut maîtriser le monde jusqu’aux moindres climats,
or voici le Loutier qui fait des philtres avec les foies :
article offert à chaque tête ! toutes les têtes
sont sur l’immense étal, les offres liées dessus ;
prédominance des rouges ; le serreux les range et les fait dormir
alignés dans la paille du grenier d’où le condamné à brûler
doit à tout prix se relever,
mais tout est clos ;
grosses perles à son front ;
abattre le loup-garou d’une balle bénite,
il le faudra ! soi-même vêtu de leurs peaux ;
un certain foulage de sauvagine à la nuit tombée ;
de ces façons funéraires…
mais qu’est-ce cette toison qui flambe
et ne s’arrache plus ? ! je courrai, je courrai
me jetant à la gueule des chevaux gabelous
excité par les faux sauniers, peut-être femme !
le loup apprivoisé dévore le manteau du Maître
sur sa charrette
(quantité d’argent de l’ouverture des chiens)
et le Maître en travers,
au soleil,
au jardin des Moines,
en ombres sur les trous des prés, tandis
que Messieurs les loups précités font concert : Madame
des Taillis du Taillan (ils en ont tué six,
mangé quatre et massacré dix) ; Monsieur
à la Croix de Majou, et les voix des louveteaux en chœur ;
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Le Vivant de Demain - Shijing
Date du document : 1984
Texte paru dans le recueil collectif des éditions Verticales “Qui est Vivant ?” paru en février 2007.
À Jean Schatz, Président de l’École Européénne d’Acupuncture, et qui persiste chez les Morts.
Le génie du Cœur consiste à rester vivant.
La respiration une fois reprise, alors que le soldat Vincentelli vient d’écrire à sa petite fille dans la fougère fraîche et les campanules, il faut repartir courant de nouveau, barda au dos. Seule l’ivresse des fougères dans les petites lunules du dernier soleil ; cette contradiction digne de la quadrature du cercle : comment le soleil peut-il produire son contraire en quantités vibrantes.
À peine a-t’il fini qu’Oniès, Quiès et Boltès sont déja dans la pente, vive allure : toujours les mêmes à nous devancer que jadis, cuisiniers gorgés de la crême du veau blanc et rose, bondissant sur les rochers à pic, pami les merveilleux scandales du sperme d’automne.
(“Mon Papa, J’ai découvert le faux Corot de Dublin en même temps que Sennelier, les marchands de pigments d’ôcres purs et d’outremer luxueux, de belles toiles tendues pour le paysage et de beaux panneaux en tondo, Quai Malaquais, dans un désordre de craies sensibles.”)
Et Frantz Marc tué à Verdun le 4 mars 16 ! Avec lui meurent le petit cheval bleu et les trois chats. William Morgner meurt en Russie en août 17. Macke est tué sur le front de Champagne en septembre 1914. Avec lui disparaît Pierrot dans l’orage. Krichner tuberculeux et “dégénéré” se suicide en 1938.
Il lui a écrit “Je crois qu’il y a une roche du désespoir, qui n’a rien à voir avec les conflits en cours. On peut la meuler sans s’en rendre compte ici ou là, selon comme le météorite tourne, mais la douleur de la carie réapparaît violemment la nuit !”
Quand il est passé à Bruges, il lui envoya ce poème imprimé sur une carte de l’Hospice Saint-Jean :
“Bandelettes d’elle je veux
À l’avance
Vous que voulez, du vivant ?
Aïno,
Le quai de Saint-Pierre.
Je voulais d’elle, en débord.
Ah ! J’arrivais, j’étais bon !
Dors, dors, mon petit enfant,
T’es mort ;
Pourquoi ce bond dans mon corps ?”
Ainsi il déjouait la ruse du cauchemar où la mère alerte et panique l’enfant en craignant les pourceaux de son avenir, montée des monstres qui se révèle à l’oppression soudaine du Poumon, aux sursauts cardiaques !
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Chaos - Ligne du Chaos
Date du document : 1980
Courant
Qu’est-ce que ça doit être vraiment et par où sortir ? Je lis pendant que j’agonise sur une caisse renversée de charbon, dans les soutes, avec le tangage horrible de cette caisse oblongue ; tandis que versé cassé et caché parmi les tonneaux (plutôt derrière), explose le récit court de cette condamnée qui va aboutir tout à l’heure sur l’établi de l’Abuelo (chef de la Tribu des Maigres de Cuir) : tension constante dans la seule énumération des actions.
Avec le langage de qui se trouve ainsi muscles à vif avant la décapitation et les autres tortures, écorchée sur le ponton, plongée jusques là les deux tiers de l’année dans l’Hiver, le désordre et la vomissure, avec l’alcool pur en permanence versé sur ses muscles et notamment les pectoraux et les quadriceps abondants. Voilà cette condamnée verdâtre de teint, démise, disfonctionnant, bientôt défunte, défaite et secouée.
La caisse oscille et sur les bords verse son contenu, se rend ; les flots tourbillonnent autour du navire, du lit, de la charrette et de la cave en même temps. Pendant que j’agonise je lis sur le pont et ça me donne une nausée terrible, les sinus remplis de civilisation, l’amertume des lippes, le dégoût de tous les enseignements jusqu’à me retrouver absolument seul, écœuré de la Mort même dans sa lenteur.
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L’Image dans le Dortoir - Les Orphelins. Ligne de Lydou & Jean
Date du document : 1984
Nuque de Florence - Les Adolescents. Aube & Nany. Académie
Date du document : avant 1984
Onuma : Portrait Noir
Date du document : après 1984
Brouillon de pluie - Récifs de Voyage
Date du document : 1969
(Brouillon de pluie)
On nommera comme il faut la pluie
A barres creuses;
La même courbe aponctue
Ce germœuf à la carrée,
Ces cours qu’on trisse
Et l’allieu à propre le french-ship.
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Béatrice de Beauce - Les Adolescents. Hill et Joyelle. Terre 4
Date du document : 1984
Pour son projet sur les Enfants Croisés, Jean s’était largement inspiré des Portes du Paradis d’Andrzejewski, livre que lui avait fait connaître Lydou en même temps que Cendres et Diamant ; il avait vu également les deux films de Wajda qui en avaient été tirés. Il avait donc demandé en novembre 1975 à Tourangeau et Don Jujus de venir l’aider pour les repérages à Tours, bien qu’il ne les aimât guère, car ils étaient natifs de ce pays de marais et pourraient l’aider à se dépêtrer des miasmes.
Tourangeau surtout possédait une aimable demeure tourangelle située sur les bords d’un affluent de l’Indre au centre d’un domaine de cinq cents hectares, dont une partie des granges pouvait être aménagée en studio, avec un pavillon des Quatre-Saisons vitré de rouge, de bleu, de jaune et de vert, pour abriter les accumulateurs, les dynamos, les projecteurs, tout le matériel électrique et toute la régie.
Il y avait paraît-il des traces de passage des Enfants Croisés depuis Vendôme, du côté du Dolmen de La Roche aux Fées et de la Colonie Pénitentiaire de Mettray ; certains étaient passés par Château-la-Vallière et la route du Mans et d’autres étaient venus de Beauchêne, du Plessis-Puçay, du Thouard ou encore de Chastillon sur Indre.
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Hata-Yoga - Le Bêtisier
Date du document : Toussaint 1957
SGDL 1 - Le Bêtisier
Date du document : 1976
Le Don d’Écrire - Le Bêtisier
Date du document : Novembre 1957
Dupin-Lupin : le Triangle d’OR - Les Grands Ancêtres. Lignes d’Ossip et de Don Qui Domingo
Date du document : 1917
Élément à propos de la recherche d’Ossip en Russie par Don Luis Perenna et du lien de ce dernier avec l’héritage de Colomb par Don Qui.
NDLR
Cabrero - Les Maigres Tendres
Date du document : 1946
Cabrero, qui devint un bon boxeur professionnel, était le compagnon de Lulu. On se reportera à l’historique des Tribus, pour les détails. NDLR
Lulu & Janine - Les Maigres Tendres
Date du document : 1946
Lulu est ici à droite, quelques mois avant sa mort, avec sa copine Janine à gauche. On se reportera à l’historique des Tribus, pour les détails.
NDLR
Intermède CH 3 - Tuberculose du Roman
Date du document : 1972
Ce texte a été repris dans la partie Schola de l’Ourcq des États du Monde (Ligne des Escholiers Primaires. Ligne de Didier. Saison de la Terre. )
« Toutes deux sont aimantées par la clairière vers ce presbytère qui date d’avant la Révolution : CH. avec son hoquet sur le chaos de ses verbigérations, et L. Après un long piétinement autour du puits comblé de barreaux de chaises pris d’un désordre fourchu, cela nous semble un entassement au moins aussi insubmersible dans l’esprit amiral, une impossibilité esthétique de liens, de passages, d’adoucissements, que le vrac de notre arrivée dans cette situation. Notre rencontre à trois est aussi brute que cet hétéroclite-là, pensées de petits bois griffus et impraticables ; la parole qui aurait pu nous lier a fait défaut, et le hoquet monstrueux de CH. nous interdit toute tentative. Après le passage de la ligne de crête calcinée, nous nous sommes retrouvés au hasard des souffles des rues, puis au fond du couloir de la Vallée, dans les manies qui nous emportent, moi abruptement au bord de ces toutes deux viandes, qui ne sont pas sœurs. »
Le temps d’extase de la cantatrice, l’élancement des reins dans la reprise du morceau, la visite inattendue et bavarde, le vol de la claque dans les dorsaux de l’haltérophile et sa conséquence ici à plat, voilà qui est agréable à qui sait parler par métaphores.
Mais ce n’est pas dans cette sorte de roman absolu que nous abonderons, hélas !
À propos du Roman
Date du document : 2006
À Propos du Roman
— La littérature peut-elle être encore pensée en terme d’évolution, de révolution ? Autrement dit, face aux impératifs commerciaux qui tendent, semblent-il, à la niveler en la réduisant, par exemple, à ne plus ressortir qu’au seul genre du roman, reste-t-elle cet espace (que l’on dit sacré) de liberté, ce lieu de tous les possibles ?
— Le Roman, je l’ai fréquenté en trois temps : de façon traditionnelle dans Roman en 1968 (c’était un pari fait avec un groupe d’anciens lycéens). De façon déja désintégrée avec Tuberculose du Roman en 1972, et enfin en 1984 avec Je suis le Roman Mort qui en signale l’éparpillement.
etc.
Publication : Enquête sur le Roman. Éditions le Grand Souffle
Rimbaud & Daudet - Hommage à Cabaner !
Date du document : 1989 et 1992
[……………]
“Nicolaï : “Nous étions en attendant Nicolas en train d’écouter la causerie de Sévèrimus à propos du Poor Arthur et de ses emprunts volontaires à Daudet, dans un café, à l’angle de La Samaritaine et du Pont-Neuf adorés, dans ces temps où l’on redoute la douleur de l’orage sur les bois œuvrés (ceux-là mêmes où le premier imbécile gueule dans la forêt, alors qu’une immense vapeur s’élève et arrose la surface des Temps : “Alors, Éole, gros sac !” et puis aussitôt ensuite avachi dans le fondement de sa voiture: “Tiens ! pour le vent ! Tiens ! pour le soleil !”) autant qu’on déverse ensuite le petit jour du rabbin de l’Ancien Testament caché derrière la porte des chiottes !
(Le “Café de l’Univers” et devenu l’Univers Rimbaud. Chaque phrase de lui est prise sur un méridien, dont la possibilité infinie des sources jaillit. Barque devant le Moulin, rivalité du Collège et de l’Institut, mouche latine bombinante et sacrée. Café plein d’Écho. Saint-Sépulcre. On y boit du moka d’Éthiopie ; noir comme le Diable et velouté comme un Ange ; on ignore les mélanges crémeux comme la robe des capucins.)
Nycéphore : “Maintenir l’énigme contenue, concentrée, terrible, du dehors-dedans, voilà le grand mérite de La Samaritaine ! Du mélange de l’éclairage artificiel et de la lumière naturelle, du néon coulant ses sirops sous la pluie, de la mousson catastrophique des stigmates illuminés, que sont ces traits d’éclair à deux ou trois fractures successives.
Prendre et induire la foudre, la canaliser, capter cette puissance de l’éclair, de l’angoisse du petit jour adolescent, l’incertitude du cauchemar et de la veille ; réussir dans le travail colossal d’une formidable forme, un creuset géant, d’un moule divin, à réunir tout ça !
Et à présent, le jour baisse atrocement dans toute la ville où tombe un brouillard noir, une pluie de suie fine ; en dix minutes, la nuit est là, charbonneuse des débuts de l’Industrie, jamais profondément dite, sinon par Rimbaud. Puis vient le déluge fracassant équinoxial, incoercible !
Un Chanteur (la table à côté) : «— Je vais vers la Lessive ; Elle a pas de rien jusqu’aux genoux !»
*
«— Vous vouliez qu’on sorte d’ici, dit Sévèrimus l’Homme-Pie à Nicolas à présent installé à sa table du “Café de l’Univers”, face au Pont des Mariages Secrets du Square du Vert Galant ! Regardez l’horrible crachin froid : on se croirait tout à coup en Hiver !
— L’Univers a tourné !
— D’ici qu’on traverse pour que vous achetiez vos pigments et du noir vignette, cela vous fera comme un trou gelé sur le crâne, et vous serez ensuite bon pour une horrible migraine jusqu’au soir, ou, comme dit Lawrence, “un craquèlement de tout l’être sous la tension des vagues douloureuses roulant de la colonne au cerveau jusqu’au moment où l’aube blanchit les fentes du hangar.”
Il en profita pour me déballer sa théorie des correspondances intertextuelles (il avait étudié chez Kristeva, à Jussieu : vent froid et angines phonématiques !) et des emprunts éventuels de Rimbaud chez Daudet, dans Le Petit Chose, pour les Intimités d’un Séminariste.
Denis Laget. Fétiche et Reclus - Fortiche ou Forclos ?
Date du document : 2010
Reclus
Je pressens la jouissance du Mort, du disparu, comme un joyau absolu, de façon à la fois fulgurante et labile, instable et aussitôt évanouie qu’approchée. Ces papillons de certitude n’ont rien de morbide et volètent dans l’air joyeux des Adolescents* et de toutes les fêtes baroques de la Cosmologie*, car c’est le propre de l’Inscription, cette catégorie à définir et ce territoire à défendre tout à fait en dehors de la culture et de l’art.
Je ne suis pas un artiste car je n’ai jamais eu d’atelier ; je ne suis pas non plus un écrivain : rien qui me débecte autant que ce milieu-là (particulièrement en France aujourd’hui), ses truies, ses danseurs mondains, ses plagiaires, ses sociologismes et ses livres qui ne sont jamais que les cendres de la vie, au mieux un reportage correct.
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Publication : D’après modèle. Denis Laget et pratiques contemporaines
Amélie Derlon
Date du document : Octobre 2009
Il y a une nonchalance dans la vidéo, celle qui sans doute exaspère lorsqu’elle devient maniérisme, mais il y a surtout comme le tapis du temps qu’elle retire sous le pas des acteurs, comme pour passer de l’existence à l’essence, comme pour creuser ce qui d’habitude ne jouit que dans son emportement.
Le cinéma c’est l’art du mouvement, l’émotion première du saisissement de la vie en fuite, avec les fabuleux débuts de la chronophotographie, la vie même en train de naître sur la pellicule grâce à ce spasme, cette saccade de la griffe, diastole et systole, obturation et lumière. Au contraire, dans son lisse non fractionné, la vidéo creuse le temps, l’évide, pouvant tomber tout aussi bien dans la nuit et dans la vacuité. L’acteur est sur un tapis roulant : il court sur place.
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Commentaire de plusieurs œuvres d’une jeune artiste de Marseille, entre autres vidéaste, qui a travaillé avec Didier Morin.
NDLR
Publication : Amélie Derlon
Réponse à Menstyle - Biographie et non Autobiographie
Date du document : 2009
Biographie et non Autobiographie
L’autobiographie, c’est la façon d’éprouver dans un corps la vérité du monde. Ce n’est certes pas l’anecdote, ni les aventures du personnage de la carte d’identité, totalement fictif. ON n’a jamais existé ailleurs que sous un nom d’emprunt. Tous les papiers étaient faux, sans qu’il y ait même d’origine à la question. J’en pars, c’est une lancée, pas un aboutissement. S’il y a une individualité qui se constitue, c’est par l’écriture elle-même. C’était déjà le projet de Montaigne. L’auteur est produit par l’écriture de la Vie : non par son point de départ, mais par son point d’arrivée, son résultat. Il n’y a personne au départ. Il y a Onuma Nemon à l’arrivée.
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Parcours
Date du document : 2009
1948 : Naissance à Cuba.
1954 : En même temps que l’écriture la Cosmologie se met en place, de façon totalement secrète.
1966 : Études de photographie, marqueterie, reliure, préparation au travail de bibliothécaire avant le choix définitif vers les arts plastiques.
De 1966 à 1968 : Production d’émissions radiophoniques hebdomadaires nocturnes avec un collectif dont les travaux sont manifestés de façon anonyme, sous plusieurs surnons, ou attribués de façon indifférente aux uns ou aux autres ; et création du premier café-théâtre de province.
Premiers essais dramatiques (sous l’influence de Jean Vauthier, rencontré alors). Représentations d’Arrabal, Gripari, Obaldia, et montages poétiques autour de la Beat Generation, le Dadaïsme, Cendrars, etc.
Travaux d’assistant-décorateur avec Andréou sur le Don Quichotte de Paisiello. Participation à Sigma (Bordeaux), et à des travaux dans le cadre du tout nouveau Service de la Recherche situé alors Centre Pierre Bourdan à Paris. Rencontres de Loys Masson et surtout Robert Ganzo. Travail hermétique.
En dehors de ça happenings, travaux de décoration théâtrale en Andalousie.
La Cosmologie se cristallise sous forme d’un délire mystique et se constitue en Cinq Continents, mais demeure une élaboration secrète.
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L’Exaltation, le Magnéto - Lettre à Dominique Poncet
Date du document : 2005
(Lettre à Dominique Poncet. 2005.)
Cher Dominique,
À propos de l’exaltation et de la chasse (les deux sont liées !), pour poursuivre ce que je disais à Veinstein, j’utilise surtout la course, le sac ou la corde sur des temps d’une heure et plus. Didier du reste a réalisé, en 75 ou par là un des premiers enregistrements au sac de frappe, d’une telle durée, en sous-sol de béton, avec un son très métallique.
Lorsque je cours j’emporte souvent avec moi une liasse de feuillets écrits, et c’est seulement vers la fin, quand le cœur est prêt à exploser (midi, été : moment et saison du cœur), que je relis cela littéralement sur les hauts-plateaux ou à travers les pentes diagonales, entre l’horreur des Nuits et la Neige du jour. Les morceaux qui ne sont pas assez tendus tombent d’eux-mêmes. Puis je reprends l’ensemble la plupart du temps au magnétophone de poche, cette fois-ci en marchant. Quand je ne cours pas (“katas, sac, corde” suivant les saisons), je travaille aussitôt “dans la foulée” de l’entraînement : le corps “entraîne” l’écriture. Mais la nouvelle diction doit être reprise à son tour par l’écrit, car la voix et l’exaltation ne sont pas une preuve d’efficacité, de même que le bonheur d’écrire ne prouve rien de la qualité de l’écriture, comme disait à peu près Gracq. En tout cas, il y a une cadence, une prosodie explicite.
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Comment Vous Dites ? - Projet Radio-Crâne Nocturne
Date du document : 2003
— Le projet radiophonique O N ! est une des Extensions de la Cosmologie Onuma Nemon, liée à ses aspects polygraphiques et polyphoniques, au même titre que la monstration de quelques travaux plastiques originaux, la réalisation d’une ou deux “Machines Conjuratoires”, sculptures ou dispositifs de grande taille, ou les lectures publiques sans auteur faisant intervenir voix et images vidéo et cinématographiques.
— Pour cela il est essentiel qu’il puisse être réalisé au moment de la parution de l’ouvrage. Car il permet, comme le C. D. par une sorte “d’écoute optique” (Stephen Heath) une “méthode de lecture” de la structure éclatée du texte.
— Les “Nuits” seront un travail spécifique pour la Radio. Les extraits choisis sont inédits, et ne font pas partie du volume publié par les Éditions Verticales. Ils consistent dans un Monologre de La Grosse, elle-même sautant d’un registre à l’autre, changeant sans cesse de ton (on peut éventuellement utiliser plusieurs voix), mais permettant du moins, dans cette “unité” de rassembler et de “tenir ensemble” (comme la ficelle de Gutemberg autour du pavé de composition qui empèche le texte de “retomber en pâte”) des éclats issus de diverses émissions des années 50-60.
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Des radis de Bègles à la Rosière de Pessac - Freud. Introduction à la psychanalyse
Date du document : 1916. Traduction française S. Jankélévitch. 1922
Et de Cendrars, dans L’Homme Foudroyé :
(à propos des surréalistes)
“Je n’aimais pas ces jeunes gens que je traitais d’affreux fils de famille à l’esprit bourgeois, donc arrivistes jusque dans leurs plus folles manifestations.”
(à propos de Charles-Albert Cingria et par extension de Gide)
“Ah ! Ces pédérastes (1), le pauvre et génial raté !”
(1) “Pour la définition de ce terme voir les pages 671 et 672 du Journal d’André Gide (Bibliothèque de la Pléïade. N.R.F. Paris 1941). Oh ! Chochote, que de mensonges, de complaisances, de clichés, d’hypocrisies, de crises de nerfs, de vantardises, de poses, de vanités, de larmes de crocodile, d’esthétisme, d’art, de morale dans ce journal intéressé tenu par un hystérique qui écrit devant son miroir : « Chaque pensée prend un air de souci dans ma cervelle ; je deviens cette chose laide : un homme affairé. » (page 195).
Je sors ahuri de cette lecture de 1332 pages comme si j’avais relevé les inscriptions de 1332 pissotières de Paris que sont les chapelles littéraires. André Gide : le maquereau des grands hommes. Il lui faut tout le Panthéon : Goethe, Shakespeare, Dostoïevsky, Stendhal l’Égotiste et l’exemple du Journal des Goncourt pour le mettre en train ; mais quand il y est, il enfilerait le piano, et vous le place. Quel maniaque !”
Geneviève Vivian
Des Nouvelles de Pol’O - Le Bêtisier
Date du document : 7 Décembre 1998
Peu avant ce courrier, Sylvie Martigny, Onuma Nemon et Jean-Hubert Gailliot avaient publié dans Le Monde un article critique à propos de la NRLG (que l’on trouverai ici ainsi que le texte original non “réduit”), pour en dénoncer le formalisme sous des enjoliveurs prestigieux.
Il faut préciser que P. O. L. avait été averti de l’article par Gailliot qui avait largement raboté les aspects les plus violents du texte original. Et que par sa tendance à avoir toujours le cul entre deux chaises (et les appendices qui pendent ?) Le Monde avait cru bon de contrebalancer cet article critique par une défense un peu mièvre du si bien nommé Kéchichian. Toutefois P. O. L. renvoya aussitôt les volumes des deux auteurs (pour O. N. il s’agissait de Tuberculose du Roman et pour Gailliot sans doute de La Vie Magnétique ?) qui avaient été acceptés. Au téléphone P. O. L. précisa qu’il ne saurait accepter les textes d’écrivains qui critiquaient d’autres auteurs de la maison.
O. N. lui fit remarquer que cela soulignait l’aspect d’écurie (pire que l’école et à l’opposé de tout mouvement) de ses protégés, pour craindre la moindre contradiction et un texte plutôt tendre, par rapport à des distributions de baignes à la Cendrars, lui véritable homme de mouvement, mais P. O. L. maintint son refus.
Etc.
Marc Bohor.
Labyrinthe 4 - Ligne de Nicolaï. Terre. L'homme du Labyrinthe
Date du document : Après 1984
Je me suis rendu compte que LE CONDUCTEUR était là : il avait jamais quitté le navire, il filait son sillage. À dix ans de distance il avait suivi le même personnage, l’avait repris de deux points de vue différents : une fois à Paris, une fois à New-York, dans les mêmes ivresses de haine sur lui, parmi toutes les raclures à réduire, à achever dans l’étouffement, .
Lui n’avait aucune importance ; il n’était que prétexte à écrire. Il était là sous deux noms différents mais c’était bien le même : le même manteau, le même faciès abruti. C’est comme si je lui avais tiré dessus par deux encoignures.
Je suis toujours satisfait de ça comme d’Épistaxis, ce texte qui est apparu tout d’un coup de nulle part, et qui venait en définitive se loger dans la Cosmologie, lancer une dérivation, un chapitre qu’on avait pas écrit, resté en blanc, un endroit oublié, une friche.
Ce CONSTRUCTEUR qui travaille en nous est toujours fascinant. Le diamant avait sauté au-dessus ce sillon manquant ; et le voilà aujourd’hui bien en place dans son ensemble gravé, grave.
La complétude : non. Il restera des tonnes de reprises par-tout : les misérables ont souvent des costumes rapiécés ; trop de carences, des caries ; idem en syntaxe, en apprentissage des beaux immeubles. Mais pas du manque. Ça on le laisse aux poètes astringents, à toutes les crevures de suivistes, aux bavards carrés qui ont plein du réel dans la gueule et qui disent qu’il lui faut des manques. Lacan aussi le disait et les archidiacres, tous les nantis que le manque fascine autant que les désastres et la pauvreté. Or le trou ne manque à personne ni de rien (dans l’Enfer de Coluche, les bouteilles ont des trous et les femmes n’en ont pas plus que le réel).
Mais du moins on a rangé ce morceau de bois, ce débris tombé de la raboteuse. Je l’ai replacé sous le Tas, sous la verrière de l’Atelier, parmi les autres madriers. Et surtout les autres petits bouts de ligots quelconques dont on faisait d’improbables sculptures, dans la sciure et le son.
On se disait : “Où est-ce que cette hémorragie va bien pouvoir nous entraîner ?” Qu’est-ce encore que cette foutue digression, quand c’est donc qu’on va finir par marcher droit ? Encore une façon de rien finir, de tout remettre (mais à qui ?)
Au contraire. Tout s’emboîte. Parfaitement. Alors pourquoi on irait réclamer d’être l’auteur ? Responsable civil, oui, ça, certes. Mais dans les fariboles, les fanfrelas, les guipures, tout cet amusement ?
Cette baudruche de Breton dans sa navrance qui voulait mettre son cachet sur l’inconscient, le légitimer. Ou Connard le Barbant qui voulait être roi du Port et qui passa (enfin !) un peu chez les fous, histoire de lui aplatir la bite qu’il avait déjà molle, aux neuroleptiques. Repris en maison de repros : là où on photocopie la dinguerie, gagné par sa diarrhée mentale.
Un auteur : l’autreu. Et sinon l’autruche. Qui triche.
L’Autre, avec un grand A, celui qu’on détestait le plus dans la Tribu (surnom populacier, rien à voir avec la psy), le salopard de l’étage au-dessous, qui nous préparait des embûches, précipitait le malheur. Il en a fait des petits morceaux, il a rancardé des misères, il en est responsable par bien des endroits.
Tant qu’on atteint pas à cette démesure ça n’existe pas.
Des figures aussi ont surgi dans l’envers de plusieurs dessins, les retournant, mais pas dans le sens historique de Kandinsky, plutôt dans celui de Tex Avery (retrouner ?). Menant une main étrangère, et reconnaissable à sa sagacité, à son soin dans les zones intermédiaires, créant des ponts et des passages, dans le ma.
O. N.
ndlr : pas de date