Ce texte fait partie des Cartes de la Cosmologie, relevées régulièrement.À Propos du Roman
— La littérature peut-elle être encore pensée en terme d’évolution, de révolution ? Autrement dit, face aux impératifs commerciaux qui tendent, semblent-il, à la niveler en la réduisant, par exemple, à ne plus ressortir qu’au seul genre du roman, reste-t-elle cet espace (que l’on dit sacré) de liberté, ce lieu de tous les possibles ? À propos du Roman
Le Roman, je l’ai fréquenté en trois temps : de façon traditionnelle dans “Roman” 1 en 1968 (c’était un pari fait avec un groupe d’anciens lycéens). De façon déja désintégrée avec “Tuberculose du Roman” en 1972 2, et enfin en 1984 avec “Le Convoi du Roman Mort” 3 qui en signale l’éparpillement.
Il y a eu des auréoles autour de ces fractures. Par exemple un roman “à facettes” et en “trois époques” : “Phœnyx, Styx, X” écrit en 69 et dont le nom reflétait l’évanouissement du Domaine de Peixotto imité de la Maison Blanche, à Bordeaux. Mais tout de suite j’ai considéré que c’était une forme éculée, passéiste. J’ai parlé de mon décalage par rapport à des formes archaïques qui tenait à ma propre folie mais qui n’a jamais été un souci post-moderne, bien au contraire.
Les romanciers qui piaulent à l’identité du Sujet ou à l’unité du récit sont aussi exaspérants que l’hystérie de Blanche Barrow dans “Bonnie and Clyde” d’Arthur Penn, et donc doivent être abattus au fusil à pompe. Je recommande personnellement les cartouches Nitro Magnum de chez Remington dont j’ai fait l’essai avec des amis gitans, à cause de leur dispersion. Ou bien les chevrotines à 16 grains de chez Newton (pour de plus gros morceaux dans la charpie).
Mais il faut dire aussi que je n’ai jamais eu aucune aptitude à un récit suivi. Dès le début j’ai voulu en finir. Ça se traite en homéopathie. J’aurais dû. Contrairement à pas mal de collègues géniaux qui traduisaient Homère au berceau et rotaient en Shakespeare, j’ai toujours été un cancre à l’école sans aucune prédisposition particulière, aucune précocité, aucun intérêt pour les langues, la musique, le dessin ni rien du tout. On peut donc très bien considérer que je n’ai fait que suivre la facilité de creuser cette ornière et que mon travail n’est que la résultante de mon incapacité personnelle à tout travail “sérieux”, de documentation au sens Flaubertien ou américain, de tout fichage universitaire. Je n’ai fait qu’aggraver ce défaut de la haine de poursuivre et je suis donc pour vous le contre-exemple du romancier hanté de la rigueur artisanale que je n’ai connue que par ailleurs, dans les métiers exercés dans “la chaîne du livre” : photographie, gravure, photogravure, reliure, édition, etc. Je l’ai dit, je n’ai jamais travaillé “qu’à l’arraché”, comme pour les haltères. “Mauvais Sujet” dont l’œuvre demeure une aberration sans aucune valeur d’enseignement.
« Tout c’que j’peux dire, c’est qu’ils ont vraiment été corrects avec moi et que j’apporterai un bouquet de fleurs à leur enterrement ! Tout c’que j’peux dire, c’est qu’j’ai vu la mort en face ! »
À présent on peut ralentir : on est revenus en France avec les imitations pâles de Texas Rangers de la Kulture à pli repassé sur la bite devant leurs supermarchés. La très perceptible çonnerie va s’amplifiant. Le Sarcome de Karposi a de curieuses homophonies avec le Ministère de l’Intérieur.
Ce texte fait partie des Cartes de la Cosmologie, relevées régulièrement. À Propos du Roman
— La littérature peut-elle être encore pensée en terme d’évolution, de révolution ? Autrement dit, face aux impératifs commerciaux qui tendent, semblent-il, à la niveler en la réduisant, par exemple, à ne plus ressortir qu’au seul genre du roman, reste-t-elle cet espace (que l’on dit sacré) de liberté, ce lieu de tous les possibles ?
À propos du Roman
Le Roman, je l’ai fréquenté en trois temps : de façon traditionnelle dans “Roman” 1 en 1968 (c’était un pari fait avec un groupe d’anciens lycéens). De façon déja désintégrée avec “Tuberculose du Roman” en 1972 2, et enfin en 1984 avec “Le Convoi du Roman Mort” 3 qui en signale l’éparpillement.
Il y a eu des auréoles autour de ces fractures. Par exemple un roman “à facettes” et en “trois époques” : “Phœnyx, Styx, X” écrit en 69 et dont le nom reflétait l’évanouissement du Domaine de Peixotto imité de la Maison Blanche, à Bordeaux. Mais tout de suite j’ai considéré que c’était une forme éculée, passéiste. J’ai parlé de mon décalage par rapport à des formes archaïques qui tenait à ma propre folie mais qui n’a jamais été un souci post-moderne, bien au contraire.
Les romanciers qui piaulent à l’identité du Sujet ou à l’unité du récit sont aussi exaspérants que l’hystérie de Blanche Barrow dans “Bonnie and Clyde” d’Arthur Penn, et donc doivent être abattus au fusil à pompe. Je recommande personnellement les cartouches Nitro Magnum de chez Remington dont j’ai fait l’essai avec des amis gitans, à cause de leur dispersion. Ou bien les chevrotines à 16 grains de chez Newton (pour de plus gros morceaux dans la charpie).
Mais il faut dire aussi que je n’ai jamais eu aucune aptitude à un récit suivi. Dès le début j’ai voulu en finir. Ça se traite en homéopathie. J’aurais dû. Contrairement à pas mal de collègues géniaux qui traduisaient Homère au berceau et rotaient en Shakespeare, j’ai toujours été un cancre à l’école sans aucune prédisposition particulière, aucune précocité, aucun intérêt pour les langues, la musique, le dessin ni rien du tout. On peut donc très bien considérer que je n’ai fait que suivre la facilité de creuser cette ornière et que mon travail n’est que la résultante de mon incapacité personnelle à tout travail “sérieux”, de documentation au sens Flaubertien ou américain, de tout fichage universitaire. Je n’ai fait qu’aggraver ce défaut de la haine de poursuivre et je suis donc pour vous le contre-exemple du romancier hanté de la rigueur artisanale que je n’ai connue que par ailleurs, dans les métiers exercés dans “la chaîne du livre” : photographie, gravure, photogravure, reliure, édition, etc. Je l’ai dit, je n’ai jamais travaillé “qu’à l’arraché”, comme pour les haltères. “Mauvais Sujet” dont l’œuvre demeure une aberration sans aucune valeur d’enseignement.
« Tout c’que j’peux dire, c’est qu’ils ont vraiment été corrects avec moi et que j’apporterai un bouquet de fleurs à leur enterrement ! Tout c’que j’peux dire, c’est qu’j’ai vu la mort en face ! »
À présent on peut ralentir : on est revenus en France avec les imitations pâles de Texas Rangers de la Kulture à pli repassé sur la bite devant leurs supermarchés. La très perceptible çonnerie va s’amplifiant. Le Sarcome de Karposi a de curieuses homophonies avec le Ministère de l’Intérieur.
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Publication : Enquête sur le Roman. Le Grand Souffle